jeudi 26 mars 2020

Tous les matins, muni de son autorisation dûment tamponnée par les argousins de la préfecture, et les services de santé, il emprunte le boulevard Henri Michaux, traverse le grand pont, et se rend à la résidence Louise Michel, distante de moins d'un kilomètre, ce qui le fait rester dans les clous imposés  par la force publique.
Il passe sous le porche,et arrivé dans le hall qui protège jalousement ses plantes vertes, il papote avec le concierge alcoolique, masqué et rincé de gel hydro, devenu un vrai pote en cette période de confinement... Il a noté dans un petit carnet le pedigree de tous les habitants de l'immeuble, et dépose pour chacun,  un " petit quelque chose " qui leur fera passer le temps.
Ainsi, la jolie donzelle du premier a droit à une lettre d'amour, le tubard du second, à un paquet de tabac... A sa voisine de palier, une rombière acariâtre et boursicoteuse, il offre quelques coupons d'un vieil Emprunt Russe qui la font chavirer. Au couple du troisième qui a charge de famille, il offre quelques jeux de mots, des poupées qui disent non, la Fille du Père Noël,  pour occuper les enfants...
Enfin, quand il croise sur le parking, Séraphine qui promène Séraphin dans son fauteuil, il leur pousse la chansonnette... Des rengaines d'avant la guerre, quand on pouvait déguster une petite mousse à la terrasse de M. Maurice.
Le Merle Rêveur.
J / 10.


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