mardi 21 avril 2020

Le printemps s'annonçait magnifique. On se régalait d'avance des petites fleurs qui pousseraient sur les boulevards, poseraient leurs étamines sur les terrasses ombragées où des loufiats à plateau s'affairaient à rendre la monnaie et à rattraper le temps perdu dans des effluves de cigarettes blondes et de parfums aux senteurs orientales. Les gros balourds faisaient le pied de grue, jouaient des mécaniques en parlant de sport, de bagnoles, finissaient leurs verres, en se jurant de profiter des jolis bouquets, si la fleuriste était d'accord bien sûr... Que je vous explique. Les hommes et les femmes de ce temps-là possédaient encore un pouvoir de séduction, et en profitaient largement. C'était dans l'ordre des choses... On se saoulait de parlotes, de belles manières, de parades amoureuses autour des dernières trouvailles technos ( c'était les nouvelles phéromones de l'époque ) qui feraient tomber les belles plantes dans l'escarcelle de grosses berlines polluantes qui faisaient grimper l'adrénaline des marchands du temple. On s'esbignait bien autour de l'égalité des sexes, des querelles de genre, ou de vieilles idéologies racornies qui sentaient le souffre, mais sur le radeau, la méduse se fendait la poire, en pariant sur l'i.a. et la robotique qui feraient des miracles...  S'il y avait encore quelques mauvais coucheurs, grincheux, atrabilaires Cassandre qui regrettaient les troubadours et les gentes damoiselles, l'eau du puits, les vrais légumes et les fromages qui puent,  au fil des ans,  ils s'effaçaient doucement sous leurs tonsures, à croupeton sur leurs pattes de flamants fatigués...
" Vous dansez au-dessus d'un volcan ! " fulminaient les plus enragés...
" Craignez la colère de Dieu " braillaient les plus idiots...
Mais, ils faisait bien trop beau pour que l'orage éclate, et les cigales continueraient à chanter tout l'été... Que les fourmis travailleuses retournent sur les chaînes de montage fabriquer ces babioles magiques dont nous étions si friands, que les animaux et les peuples en voie de disparition disparaissent, et qu'on en parle plus...  Le déluge viendrait bien assez tôt, et ce n'est pas quelques petites averses qui allaient tremper nos caracos...
Que je vous raconte...
L'année deux mille vingt fut mal embouchée...
Nous tombâmes tous malades.
Contes à rebours.
J / 36.

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