mardi 26 mai 2020

Vous pensez bien... Si l'on m'avait dit que je devais partir si tôt, j'aurais ramassé mes brebis, les aurait mises à l'abri des prédateurs, des rapaces et des nuisibles qui lorgnaient sur l'angora qu'elles avaient sur le dos... J'aurais testamenté mes héritiers. Qui pour quoi... Quoi pour qui ? Mon fusil, ma casquette de chasse, et mes galoches en bois... Y'avait belle lurette qu'elles attendaient un proprio tout neuf... Un burné qui empoignerait le bâton généalogique, chasserait les roitelets et les pécores de l'arbre, pour s'en aller la trique au vent se refaire une nouvelle descendance...
J'aurais convoqué les ancêtres... Savoir s'ils m'avaient gardé une place dans la garde-robe. Je suis pas chien. Une boite à chaussures au fond de l'armoire aurait suffit à me loger, entre la gapette de mon père, et la jarretière que Tonton Nestor avait ramené des noces de Jeannette (?).
J'aurais filé mes vieilles pelures aux chiffonniers d'Emmaüs, mon solde de tout compte aux usuriers qui m'ont fait bien des misères, et mes bouquins de Charles B. aux punaises de la sacristie pour qu'une fois, au moins, elles rougissent de honte, et mouillent leurs chemises...
J'aurais attendu l'échéance en père peinard (??), bafouillé quelques gros mots, rien que pour le plaisir, et peut-être me serais-je offert un petit vin de soif pour le trajet...
Mais tout a été trop vite. J'ai chopé un vilain rhume de cigarettes, une fatigue des organes qui ont mis fin à mes joyeuses bagatelles...
Juste avant de refermer la boite, les croque-morts m'ont dit en rigolant que c'était ballot...
L'épidémie qui avait mis le monde au pas, était en passe d'être vaincue...
J'ai jamais eu de chance dans ma vie..
Contes de l'A peu près.

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