samedi 24 octobre 2020

Le rébus.

 On a diné à la terrasse d'un petit restaurant situé sur la place Jacques Faizant. Un dessinateur qui avait fait les beaux jours des trente glorieuses, croqué le Général, et pondu quelques affiches à la gloire de la ville. Le temps était doux. On attendrait encore quelque jours avant que les touristes ne viennent jeter leurs bouteilles plastique, et leurs mouchoirs en papier le long de la Roulance, et ses cascades. Chaque année, la transhumance des pique-niques, et des côtelettes au feu de bois, fait râler les autochtones, les imbéciles heureux qui sont nés quelque part, chantait un poète de l'autre temps, et tous les bougons qui bougonnent par habitude, sans délicatesse aucune pour l'économie du pays... J'ai pensé aux caricatures qui avaient rendu tristement célèbres d'autres dessinateurs, et à ces temps bénis, où montrer ses fesses, n'offensait personne. Tout juste un peu de remue-ménage à la table des bourgeois... A ces familles qui gardaient leurs secrets enfouis au fond de leurs alcôves, leurs bigoteries rancunières  mais riaient de bon coeur aux blagues de Fernand Raynaud ou d'autres fantaisistes, qui aujourd'hui, seraient mis à l'index.
Un clown triste est venu proposer une aubade à la belle, qui l'a gentiment remercié d'un sourire dévastateur à rendre jalouses la grimace qui se pose sur ma figure, la mimique qui s'inscrit sur ma face taciturne, quand me prend une envie de soleil. Tartuffe que je suis, j'ai fait un bon mot sur un bonhomme qui passait tirant une charrette à bras chargée d'un amas de ferraille sans doute volé au brocanteur du coin. Bon mot qui est resté en suspend dans l'air... Un bref instant qui a trop duré, moment de gêne devant l'absurdité de mon humour... A trop vouloir faire le paon, il arrive qu'on perde des plumes...
Elle a englouti le " menu du jour " d'un bel appétit, faisant fi (?) des obsessions qui accablent nombre de femmes d'aujourd'hui, et au café, devant les restes d'une Dame Blanche, m'a parlé de Tristan Tzara, du Cabaret Voltaire, de Bob Dylan, que nous chérissions tous les deux, et d'un film de Luis Bunuel dont j'ignorais l'existence. J'aurais pu m'ennuyer, revenir à mes vieilles lunes, mais l'instant était précieux.
J'ai bafouillé que j'étais amoureux... Qu'il n'était jamais trop tard... 
Si un jour, vous croisez Amélie, prenez de ses nouvelles. Dites-lui, qu'après tout ce temps, il m'arrive encore de penser à elle. Dites-lui aussi, que j'ai trouvé la solution du rébus qu'elle avait dessiné sur la nappe en papier, avant son départ.


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