samedi 30 janvier 2021

 Ce soir, c'est moi qui garde les lions. C'est ennuyeux. J'ai une peur bleue de ces bestioles. Des saletés qui se bastonnent pour un oui, pour un non, puent du bec, secouent la crinière, et si, l'on y prend pas garde, boulottent les enfants maigres. Comme si ces pauvres mômes n'avaient pas déjà assez de soucis comme ça. Je les vois qui tournent en rond, font les bourriques avec la volaille vaudou, aiguisent leurs griffes sur la peau des zèbres, et lorgnent les girafons que les mères abandonnent quand elles vont boire...
J'ai des angoisses de gnou quand je les entends gratter contre la porte de la cabane... Des envies de fuite,... De retrouver le grand fleuve, débarrassé de ses crocos, nageant avec les dauphins débonnaires, en parlant de la pluie, et du beau temps... Beau temps qui n'en finit pas, et assèche sans pitié ce coin de verdure, où jadis, Elta et moi, dansions comme des peaux-rouges scalpeurs de vautours... Que de confusion... Quelle funeste charia va nous tomber sur le coin du nez ? On parle d'enfants soldats, d'enfants otages, de femmes excisées, du désert qui tire la langue, s'avance dans la savane... 
Quand je vivais dans le Grand Nord, je ne craignais que les ours, les gloutons, mais je possédais une carabine, et mes peaux de Caribou me protégeaient... Ici, je n'ai qu'un pagne, et une sagaie... Pas de quoi faire le fier. Quand Elta rentrera du marché, je lui poserai encore la même question...
Quand se termine le maléfice ?
Conte africain.

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