Il est bien trop tôt pour écrire. Bousculer les loupiotes qui râlent qu'à cette heure, c'est pas chrétien d'avoir des ampoules déjà sur la brèche, et que si le baudet retournait se pager, personne ne trouverait rien à redire...  Dehors, les corbacs se rassemblent. Sans doute prennent-ils les consignes pour la journée. Ne pas se foutre sous les roues des carrioles, repérer les charognes, chasser le mulot des villes... Celui des champs a disparu depuis longtemps, et les vilains piafs, jamais à court d'idées, sont devenus citadins, ont fracassé ces cons de pigeons, et pris d'assaut le clocher de l'église, et les terrasses des bistrots...

Voilà qu'on annonce une tempête à l'ouest du pays, et des chutes de neige sur les hauteurs. L'olibrius, un peu chafouin, pense que Mars, est un mauvais coucheur, qui ne recule devant rien pour emmerder les crocus, les jonquilles, et les vendeurs de parasols...

Il est bien trop tôt pour écrire, mais pas trop tard pour astiquer les gamelles de la veille... L'écuelle où surnagent des restes de croquettes, du pain rassis... Licher les dernières gouttes avant l'ouverture du zoo...

C'est qu'une nouvelle journée commence... Faut être prêt...

Journal confus.