On a chassé ce froid de gueux qui nous gelait les orteils, à s'imaginer que d'ici peu, on croiserait des grizzlis, et des panthères des neiges sortis dont ne sait où... Des mammouths ressuscités, du temps où les virus ne faisaient pas chier ce fier galant du Néo qui allait devenir notre Ancètre.  Le temps de quelques mètres, et les chopines en étaient toutes gelées les pauvres ! D'ailleurs, les pauvres avalaient des chopines, histoire de se réchauffer les boyaux à peu de frais, ce qui tombait bien vu qu'il faisait très frais...La contrée tournait comme une bourrique dans le blizzard, et les bourriques du Crêt Pourri bouffaient des glaçons... Ces mêmes glaçons accrochés aux pifs des morveux qui braillaient que l'école avait disparu, ce qui n'était pas plus mal, vu que l'école ne servait plus à grand-chose depuis que Jules avait pris le premier Ferry pour Saint-Die, s'en aller voir si les mirabelliers n'avaient pas gelé... C'est que la mirabelle dans les Vosges, c'est comme le zouave sous l'pont de l'Alma : Incontournable... ( Y'avait longtemps... ).

On a donc fait les zouaves sur le pont de pierre, à compter les canards, à se demander s'il était raisonnable de danser comme les ceusses du pont d'Avignon... Je vous parle ici de notre Avignon à nous, qui a aussi un joli petit pont, moins célèbre, mais petit pata-pont tout de même...

Après, on est rentré. Le soleil avait rendez-vous... On n'a pas osé lui demander avec qui, mais à voir sa fiole toute guillerette, on peut se douter que la lune n'était pas loin. On a retrouvé l'heure qu'on avait perdu pendant une course avec des gendarmes mal inspirés* qui venaient de se prendre une trempe par des gaillardes dont on taira le nom... Ces vilaines seraient capables de leur couper les choses en guise de représailles... Vous connaissez la suite... Sur le retour, nous avons croisé un gorille moustachu, qui lui aussi rêvait de perdre quelque chose... J'ai demandé à l'énergumène - moi qui ne suis pas catéchumène - de me filer quelques recettes de rimes, quelques gros mots, histoire de finir cette fable à deux balles, mais j't'en fous...

Sur mon brin de laurier, je m'endors comme un loir... rouspéta gentiment le Mécréant, en frisant ses moustaches en tablier d'sapeur bien évidemment...

* Si l'Oteur cite souvent cette chanson, c'est qu'il aime bien Brive-la-Gaillarde. Son marché, ses montagnes, ses omelettes aux ceps, et son équipe de rubgy. A bon entendeur.