Vous me voyez content, ce matin... Fier comme un député nouvellement élu, devant l'entrée de l'Assemblée quand le loufiat de service fait courbette... Si je m'écoutais, je mettrais le beau costume que je portais à mon premier mariage, que j'ai conservé dans la naphta, Mariage d'amour, mariage d'argent, on ne sait jamais, ou la barbotteuse encore trempée d'eau bénite qui m'a suivi ( la barbotteuse ) depuis les fonts baptismaux... 

J'ai enfin vingt culs ( bien que je n'aie que dix neuf chaises, c'est une blague ! ) le mauvais sort, la destinée funeste, les prédictions de madame Suzanne, et ce genoux cagneux, qui promettaient de me griller comme une sardine au fond de mon gourbi, suite aux caprices de la météo... Comme vous, je suppose, j'étais tout près de l'incendie de chambrette, des toilettes devenues sèches, de la fournaise vestibulaire (?), et de l'embrasement de mes parties intimes... J'avais des airs de crevette cramée sur la pizza, et je coulais pire ce bon vieux reblochon, qui lui aussi me suit depuis mes premières dents de lait...Que diable ! me suis-je dit, la bouche pâteuse, et la langue honteuse, une petite danse de la pluie, un chat écorché vif, et quelques incantations chamaniques à St Manu, devraient changer les choses. Aussitôt dit, aussitôt fait : J'ai tapé sur le tam tam ( à faire chier les voisins, fête de la musique oblige ) pendu le greffier par les pattes, allumé des cierges sur les conseils avisés de ma pote Mélanie, et pour finir, écrit une lettre d'insultes au gars qui se gare toujours devant ma porte, au chef de gare, au gare à toi, et Gargamel, et voilà qu'après toutes ces simagrée un gros orage a fait tomber sur nous toute la pluie du ciel. Ne me dites pas que ça ne valait pas un petit effort ! J'entends ma rivière qui roule des mécaniques, et vois des pébroques s'ouvrir sur le scalp des vieilles....

Vraiment, je suis content. Faut quand même que je renfile un pull, l'air frais du matin, dans nos contrées, est un sacré vicelard... 

Journal confus.