Il y a longtemps, j'avais un animal de compagnie. Une jolie petite chatte, blonde aux yeux bleus, dont je prenais grand soin. Chaque jour, je m'ingéniais à la rendre plus heureuse que la veille, ce qui demandait une attention de chaque instant à ma pauvre tête, toujours encline à défourailler avec le premier papillon qui passe (?)... Le matin, quand elle était de bonne humeur - les petites chattes au réveil sont souvent sujettes à des humeurs changeantes - elle dévorait de grand appétit les viennoiseries que je commandais en express à ma boulangère, une grosse dame toute en frous frous qui parlait de la pluie, et du beau temps. Elle soupirait ( la petit chatte ) quand j'allumais ma première cigarette. Une vraie boite à clous, voilà ce que tu es ! Tu finiras comme un vieux cendrier puant ! Et moi de sourire devant ses babines retroussées, sa langue qui ramassait les dernières miettes, et ses mirettes qui faisaient des clins d'oeil, comme pour signifier la malice qui couvait dans son minois de mistigri.

 Elle passait ses journées lovée sur le canapé, en buvant du thé, surveillant de près ses ongles carmin, étirant ses longues jambes, entre sommeil, et désir, et si je m'approchais trop près d'elle avec mes airs de vieux matou, elle pouffait, que vraiment à mon âge, il était grand temps de m'occuper de ma pâtée...

Le soir, nous sirotions du porto, à petites gorgées, en écoutant les nouvelles du monde, et si des greffiers malfaisants rôdaient autour de la maison, je lâchais mes chiens...

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Passé simple.