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 Nous le savons, le temps, grand maître des horloges n'en fait qu'à sa tête. Un battement de paupières fait avancer l'histoire. L'aile froissée d'un papillon transforme le climat à l'autre bout du monde. Alors que penser d'une réunion de famille qui décide du sort réservé au petit mousse ? Les choses allèrent bon train. Les Peuplu, père, er mère, oncles, tantes, et cousins venus de province sur leur temps de congé, lancèrent les débats. Quoique houleux, malveillants, frisant la diablerie, et le combat à mains nues, ils n'en demeureraient pas moins courtois (les débats), et seraient même le prétexte à un rabibochage surprise  entre des factions perdues de vue depuis la mort de Philippe Pétain, un loustic qui, longtemps, avait divisé les familles. Au dessert, tout le monde s'embrasserait sous le gui, les frères ennemis, les enfants illégitimes, les femmes adultères, et même, El Jarro le fils maudit que le petit Charles venu tout exprès de son Arménie lointaine avait emmené avec lui.

 L'Oreille en coin, mais déjà fine, le minot accroché aux tétons de sa mater, les tripotant comme plus tard, il tripotera les boutons d'un petit transistor pour chercher une improbable station-pirate dans la Manche de la Reine mère, comprend vite que l'aventure tourne au naufrage. Planté sur un radeau, quand la mer (mère?) se déchaîne, relève d'un exercice d'équilibriste. Faire le canard qui barbote dans la mare, protéger ses magrets des inconvenants, et autres amateurs de sot l'y laisse, réclame un bec solide, un oeil averti, et une paire de palmes à toute épreuve. Qu'un de ces malotrus s'avise de lui couper le cou, et les ailes, s'en est fini de sa petite santé... Surtout que la discute familiale après les nombreuses libations d'usage, se couvre de nuages, prend des airs de bataille de clochards... Notre héros percute le mur du son sans tambours, ni trompettes. La Jeanne, une tante particulièrement féroce, issue de la branche dure de cette mafia, excédée d'avoir dû quitter son taudis parisien, son amant à moustaches, et son ivrogne de mari, décrète in petto que cette momie braillarde ne servira pas à grand-chose, si ce n'est à créer des soucis à la tribu Peuplu. L'idée de donner le bambino à bouffer aux animaux du zoo, ces fauves toujours affamés, de l'enterrer au fond du jardin, ou de le découper façon puzzle traverse l'esprit chagrin de la donzelle. Faut l'rayer de la carte ! L'enlever du menu ce saumon ! Qu'il parte en fumée comme les produits des magasins Fauchon qu'on a cramé un soir de décembre 1977 quand les bourgeois bien nourris préparaient le réveillon, pendant que le coquin VGE nous serrait la vis. Souvenez vous bande de bons à rien ! hurle la charogne devant l'assemblée médusée qui opine du chef comme un seul homme.

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