jeudi 30 mars 2023

 Les mois les plus difficiles étaient ceux où l'hiver refusait de quitter ses positions. Peu enclin à faire des concessions, il menait une guerre de tranchées contre les journées plus ensoleillées, l'ouverture des terrasses, et les pelures qu'on remisait dans l'armoire. Il (l'hiver) reculait petit à petit. Pas décidé à signer une trêve, à quitter ses places fortes, il gardait des nuits froides, et des gelées matinales qui faisaient exploser les bourgeons trop vite éclos. 
 Accablés de privations, les hommes s'emmitouflaient dans l'espoir de matins sans froidure, essuyaient la morve qui coulait de leurs yeux, mouchaient leur pif, victimes des saloperies qui traînaient, entre deux pollens assassins. Les hommes sont des petites choses fragiles. Des éphémères dans la nature chaotique, et leur impudence face aux éléments n'y change rien. Les hommes ont grandi trop vite, sans prendre le temps de la patience des pierres. Ils sont devenus futiles...
 Viendraient ensuite, les mois de grosse chaleur, les mois de sècheresse, et des grands incendies; On s'inquièterait du manque d'eau, en ouvrant les fenêtres la nuit pour trouver un peu de fraîcheur. On craindrait les insectes piqueurs, les orages électriques, et il y aurait bien quelque part, des hurluberlus pour annoncer l'apocalypse... Les hommes aiment à s'inventer des peurs, des dieux qui bafouillent entre le ciel, et l'enfer... Les hommes sont de grands enfants. Etonnez-vous qu'après tout cela, ils aiment se faire la guerre dans la cour de récré, flinguer les merles chanteurs, et les amoureux des vieilles choses, histoire de clôturer le débat... Ils se révèlent pour ce qu'ils sont. Des bestioles cruelles, des péteux qui se rêvent premiers de la classe, le nez posé sur la météo qui reste instable...
Etat des lieux.

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