J'ai bien senti que j'avais merdé. Qu'en une seule phrase, j'avais astiqué les fusils qui allaient me flinguer. Comme ce vieux communard qui avait dit à ses potes, les gars, on est au pied du mur, et ça va mal se passer, j'étais piégé. Les mouches rigolaient de me voir empêtré dans la toile, tout près d'une bande de tarentules qui s'astiquaient les crocs. Y'avait pourtant pas de quoi fouetter un chat, ou un comptable en manque d'émotions fortes. La journée se passait plutôt bien. Tartinettes, et champagne. Ronds de jambes, et tricots de corps... L'avenir radieux des classes moyennes qui ont encore les moyens de s'offrir des brunchs à haute teneur en souffre (?). D'un coup, tout a tourné vinaigre. Pourquoi, j'en sais trop rien; Sans doute que les Dieux s'emmerdaient, et ont décidé de foutre la pagaille dans ce coin de verdure qu'un poête à la noix avait sanctifié pour toucher des royalties de ministre... Bref. Une donzelle en mini zupe, emportée par son élan, et trois coupettes sifflées cul-sec, déclara in petto que l'Idole, celle de l'hommage national, du Président qui chevrote, de la foule en mouillette, pire aux funérailles d'antan du vieux Victor, était (l'Idole), je cite, le "meilleur chanteur de rock de tous les temps". Je fais trois (ou quatre) tours dans mes tongs. Oui, c'est l'été, tout le monde est à l'aise. Oncque, comme un benêt, j'objecte, j'argumente, je diatribe (?), et suant des aisselles, dit à la Berrichone (j'apprendrai plus tard qu'elle est native de Chateauroux) que soit 2 points : elle est sourde, soit elle ne connaît rien au rock. J'aurais ouvert la boite de Pandore, ou envahit l'Ukraine, ça n'aurait pas été pire...
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