Je suis brouillé avec la glace de ma petite salle d'eau. Trop grande la glace... Brillante pire un lac sibérien, avec ses loupiotes qui vous font cligner des yeux. Au prétexte de choper les points noirs discrets jusqu'au fond des oreilles, elle envahit l'espace, happe la cuvette de chiotte, le sèche serviettes, le néon qui clignote, un pan de carrelage piqué, un morceau du mur gris souris qui s'effrite doucement. D'est en Ouest, ce miroir sans méchante reine, joue aussi avec l'araignée velue posée derrière la porte. Fausse, l'araignée. Bestiole farces, et attrapes, elle ne sert qu'à foutre la trouille aux visiteurs pressés, "petite ou grosse commission" disait ma mère. qui gueulent et pissent à côté du trou, ou en oublient de remonter leur culottes, de surprise. Tous me traitent de noms d'oiseaux pas fréquentables, parce qu'il faut bien que la peur sorte de quelque part, sinistre bouffon, farceur mal poli, vieux gâteux, toto colle au cul, turlupin de la chanson quand je leur propose la vipère en boule dans le salon, la chauve-souris suspendue au lustre hérité de ma grand-mère, ou quelques vers de Maître François. Avec le gant qui dérape sur la barbe de la veille, qui fait le bruit d'un chat qui gratte sa litière, rase gratis, écorche au passage un minuscule bouton, anonyme, saloperie posée sur le front qui laisse un mince trait de sang, comme le coup de plume rageur d'un huissier de justice qui termine sa journée, je suspecte une drole de limonade qui s'annonce. Une nouvelle signature sur ma tronche cabossée... Rien de bien grave pourtant, un détail sur la toile... Ma binette d'Auguste n'a rien de commun avec les champs de mines qu'on croise sur la bobine d'un mi-lourd ravagé par les torgnoles, ou sur la face rougeaude d'un ivrogne rigolard, le pif lampadaire, et l'haleine de chacal... La boxe, je suis pas fan... J'ai bien vu quelques photos... Des portraits de champions mythiques dans les magazines. Des peoples avant l'heure qui défrayaient la chronique avec des blondes Marylin, du scotch, et des amphètes... Le combat du siècle au Madison Square Garden en 1971... Le KO au huitième round... Cerdan, Ali, Tyson, rubriques sportives dans des coupures de journaux défraîchies, entre les courses de vélo, et les pronostics hippiques... 1971, Brown Sugar est dans les Charts, Sticky Fingers dans les bacs. Penser à voler l'opus au Monoprix. La caissière aux yeux doux me laisse faire depuis que je l'ai surprise à taper dans la caisse.... Depuis la mort de Brian, les Stones fréquentent le Cornu qui remet les choses en place, prépare Exile on main street avec les Sisters Morphine de la Villa Nellcôte... Je traîne ma vingtaine dans des bistrots de quartier, des rades de province, où l'ennui tape le carton avec la pin-up allongée sur le verre du flipper. comme le synopsis d'une série de quelques saisons, rabâché sans cesse, et quand un aristo de la cuite, un dur à cuire de la chopine me fait écouter Coltrane, j'imagine que la roue tourne dans le bon sens. La chance du pochtron sans doute...
Mémentoto.
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