vendredi 25 mai 2012

ONCLE CHARLIE

Je suis sûr que vous avez déjà ressenti cette drôle d'atmosphère qui flotte autour de vous au réveil. Comment vous dire... Déjà tu passes devant la glace. T'as la tête d'un fenouil trop cuit ( essayez de visionner bon dieu ! ), ou d'une endive comme tu voudras. Tu te déplaces comme un manchot sur la banquise, l'impression d'avoir des palmes à la place des nougats...  Et puis à l'intérieur - je vous passe l'expression " comme un pincement de coeur ", cette calembredaine a dû être utilisée des milliards de fois pour signifier que maman kangourou s'est tirée dans la brousse avec un aborigène, que le poète s'emmerde tout seul devant la mer Baltique ou que la Dame aux Camélias n'en peut plus de cracher ses éponges - Non... Je parle plutôt d'une légère lourdeur, comme les restes d'un repas trop arrosé, un grain de sable dans les tongs... Une piqûre d'insecte que tu titilles avec la nonchalance du type qui attend son tour chez le merlan et qui finit par te bouffer tout entier... Une tache grise au niveau du sternum... La vision d'une cheminée d'usine abandonnée... J'arrête ici mes sottises, puisque mes bons amis, je vous le répète, vous avez tous déjà ressenti ce genre de méli-mélo... Dans le cas contraire, inutile d'aller vous faire voir chez les grecs, ils ont déjà bien assez de soucis comme ça.
C'est pas encore la panique. Peut-être le léger pressentiment d'un iceberg qui se profile ( en 3D ) et qui va te foutre à la baille... Et j'entends aussi vos objections comme quoi que... Un jour faut bien se jeter à l'eau, mouiller sa liquette, tremper ses godillots dans la mare aux canards au risque de couler à pic et de boire la tasse... Qu'il faut regarder les choses en face, prendre le taureau par les cornes et l'autobus jusqu'au terminus de la ligne B... Je suis raccord avec vous ( c'est un terme de plombier ! ). Faut tenir la vie bien serrée, l'empêcher de danser comme un sioux devant le scalp à Custer, la coincer dans une bouteille posée sur la commode chez la mère à Titi... Le cadre doré avec tous les clichés de la famille collés artistiquement, légendes à l'appui c'est bien aussi... Et la moustache du père dedans son cadre en bois.... Vous connaissez...
Bref, ce matin, j'aurais les cheveux qui se coincent dans la brosse, que ça ne m'étonnerait pas. J'ausculte les astres et le fonds de mon paquet de tabac. Ca devrait tenir la journée,  si les témoinsquerien viennent pas me sermonner avec leurs fadaises, si je tombe pas en panne de gaz et si la nana du téléfon ne vient pas me demander entre midi et deux mon avis sur les cuisines incarcérées...
Il faut aussi que je sache ce que j'ai fait hier... Que je révise les heures passées. Où t'étais ? Le bruit du camion-poubelle, les six oeufs achetés avec la date de ponte inscrite en petits caractères rouges. La terrasse du trocson avec les premiers parasols de l'année où j'ai cru apercevoir une Grande Blonde affalée devant un diabolo ( mais ça c'est dans ma cafetière ). L'envie soudaine d'aller à la gare sans jamais monter dans l'omnibus ( encore un joli mot ! ). C'était quand déjà... Faudrait pouvoir mettre le temps sous perf, un goutte à goutte qui te requinques à chaque giclée.. Inverser les aiguilles de la pendule, faire que le tic-tac devienne tac-tic pour voir..
Mais le temps qui passe c'est jamais qu'une tonne de sentiments. Et les sentiments comme dit Oncle Charlie, c'est comme les seins de ta mère, tu sais où ils sont mais t'évites d'y toucher....

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