vendredi 11 avril 2014

IMPOSTURE

Quand tu marches, tu penses aux choses... Tu rêvasses, tu marmonnes, tu te mordilles la menteuse en pensant au Grand Michel qui ne reconnaît plus personne... Que passé un certain temps, c'est pas plus mal... La cour de récré pour lui tout seul... Tu penses à des clefs posées sur la commode, à une prescription médicale, t'écoutes les piafs  ou tu croises le regard d'une fourmi qui tricote des phéronomes en agitant ses antennes... T'imagines la vie d'une fourmi... Merde alors ! L'escalade du brin d'herbe tu parles d'une côte, et cette chierie de bousier... Qu'est-ce qui m'a pris de m'attaquer toute seule à une pareille engeance ! Bien sûr toutes les autres dansent la carmagnole autour de cette vieille sauterelle... Pas une qui me donnerait un coup de patte ! Salopes va ! Le monde des fourmis comme celui des hommes c'est pas de la tarte.
Quand tu marches, tu échafaudes... Les heures à venir, les jours prochains... Les années c'est trop loin, trop vague... Et puis ce genou qui brinqueballe, cette douleur qui suit les  courbes du chemin... Les semelles qui chauffent... Faudrait un maréchal-ferrant pour la bourrique ! Mais c'est comme les vendeurs de mouchoirs dans le parapluie, y'en a plus... 
Quand tu marches, tu te souviens... Quand la mécanique tournait bien comme les doigts du Duke sur le zinzin... Y'avait suffisamment d'huile pour grimper les hauts plateaux du Tibet et s'envoyer d'une traite tous les océans de l'Orange... Ca te giclait dans les pistons et jamais une durite se serait avisée à faire faux-bond... C'était de la carriole de compète, carrosserie d'équerre, chapeau pointu et tête en l'air... La fiesta à tout berzingue dans les roulements et les encore une fois Mâme la Comtesse ! Le four toujours chaud dans la carlingue... Toutes ces choses dont on ne savait que faire,  qui vous remontaient d' on ne sait où et vous parfumaient la gorge, odeurs de menthe sucrée, violettes et patchoulis...
Quand tu marches, tu regrettes d'avoir commencé à cloper... La vilaine cisaille qui te découpe les éponges... Les pt'ites roulées, les Davidoff et les Gitanes Maïs... La grande confrèrerie des fumettes en tous genres... Tous unis pour t'exploser la carcasse... La caisse en partance... La surchauffe des alvéoles, de la dentelle... Le point de croix pulmonaire qui déraille.... T'as perdu le fil, Emile... Et la gerbe en plus...
" Un abruti qui marche ira toujours plus loin que deux intellectuels assis... " Voilà ce que tu penses finalement alors tu marches....

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