mercredi 25 février 2015

ON ( 1 )

Je ne pouvais plus lire. Mes yeux se fatiguaient très vite et partaient faire les gondoles sur des flux lacrymaux qui j'essuyais discrètement avec un vieux mouchoir en soie qui avait voyagé au fond de mes poches toutes ces années. Inutile de chercher à comprendre. J'avais l'ouïe du serpent, la stupeur du crocodile devant un troupeau de gnous. D'ailleurs existait-il encore des crocodiles après les trois grandes guerres du siècle dernier. ON m'avait raconté que les Forces du Nord avaient traversé le continent jusqu'au fleuve Zambèze et laissé derrière elles la désolation des armées en campagne. J'avais une confiance relative quand aux infos de ON, mais je me disais que les grands sauriens avaient quelques millions d'années sous les écailles et que de petits soubresauts atomiques - même s'ils semaient des cendres - ne parviendraient pas si facilement à bout de leur caste.
ON m'avait offert un détecteur d'angoisses. Une puce implantée dans le gras de l'épaule qui permettait d'échapper à l'attraction du Grand Sommeil, aux Trous Noirs qui, dés le réveil - Il faut bien se réveiller un jour - tournaient autour de vous comme les corbeaux de jadis - ces oiseaux de malheur - qui avaient disparus mystérieusement un matin d'été. La vie n'est jamais qu'une Empreinte qui s'efface au fil du temps, une trace qui se dilue, s'effiloche et finit par disparaître...

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 H                                                                                                           U                              ...