jeudi 26 février 2015

ON ( 3 )

C'est drôle quand j'y pense aujourd'hui... Je suis devenu sourd le jour où le Consortium fêtait les dix ans de la mort du dernier Beatles. J'ai oublié son nom depuis et serait bien incapable de vous citer quelques chansons, des brides de la moindre mélodie... Des morceaux qu'on célébrait pourtant avec passion dans des groupes anonymes. Des associations marginales qui cultivaient et propageaient sous le manteau cette musique mise sous séquelle depuis la seconde épuration. Tous ces musiciens dont le souvenir quelquefois m'étreignait le coeur avaient disparus. Oubliés, interdits, censurés, rendus inaudibles par des couches d' Etnik-music, suicidés de diverses façons... La suppression de tous les supports musicaux avait été lente mais efficace. Comme une érosion bien orchestrée. La disparition des studios d'enregistement, la suppression des circuits commerciaux traditionnels, la mise à l'index des luthiers, des fabricants de tambours, des accordeurs de pianos (très peu de gens connaissent aujourd'hui l'existence du mot piano), des conservatoires de chant, d'orchestration, et l'interdiction des concerts publics eurent raison de cet art que les gouvernements successifs déclarèrent " mineur " voire " subversif "...  
ON prétendait que sur demande, ON pouvait obtenir l'autorisation auprès du Consortium de consulter des arch-vidéos où apparaissaient les protagonistes de cette époque. La difficulté étant de justifier ces consultations. Seul comptait l'aspect rationnel ou scientifique d'une telle demande ( Des chercheurs agréés décryptaient depuis une vingtaine d'années les strophes du guitariste Bob Dylan ). Le plaisir de l'écoute était superflu...
ON m'a appareillé ce matin. Mais je n'entends que le bruit de la bataille.

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