samedi 22 août 2015

L'INTEGRALE... ( 2 )

La belle avait raison. Ce matin, ayant regagné le port sans encombres si ce n'est quelques moucherons qui volettent sur le gaillard d'avant, je prends conscience du désastre qui s'annonce... Les rodomontades de Suzanne - Elle est dans mes petits papiers, je vous en parlerai un jour -, les bouteilles de sueur, de larmes minérales... La transgoutation ( transmutation ! ) infernale, les râles et les nervouzes toutes  gazéifiées à la Source qu'il me faudra verser... Le vol noir des corbeaux des partisans ou le crin crin du zigoto qui joue dans le kiosque les jours où tous les chats sont gris... La salope, la vilaine, la camarde, la faucheuse, la méduse...  La dernière à venir poser son haleine de serpent sur mes petits matins blêmes... Celle qui va traire mon jus de vie, ma soif  de cinoche,  mon goût pour le Paris-Brest et les danseuses à Degas... Me faire un croche-patte d'autobus, une panne de secteur, un coup de trafalgar, une chute de cheval et m'envoyer aux pâquerettes réjouir les veaux là où l'herbe est plus verte... Je sais tout ça. Ca me vient comme une bouffée d'air con, une envie de barbe à papa, une barbiche de centenaire, un pompon de marin... C'est foutrement tentant de mêler le sucré à l'amère, le sang et l'élixir de jouvence, l'été indien et la morte-saison...  Comme sucer un sorbet de dynamite... Dans le fond des abysses brillent de drôles de lumières disait un poète anonyme durant sa vie et inconnu après sa mort... Mais il faut bien un jour l'autre, tirer le fil, défaire la pelote...
Ce matin, je trempe ma tartine. Je tire des plans, fait des comptes, des géométries barbares...  Inventorie les instruments... Le piolet pour la glace, la scie musicale, indispensable pour la romance, le flingot pour l'action... Le café et les amphés dans le sac de voyage, la bignole dans l'escalier, le fauteuil de Monsieur Pierre... Un peu de poivre des îles qui relèvera le patacaisse... Le grand saut par-dessus la Madone qui prie dans un monde sans piété ( sans pitié... ) et mon bouillon d'onze heures qui refroidit sur la toile cirée de la cuisine... Tout pourrait commencer dans ce gourbi vert pisseux qui sent la mauvaise graisse et les années cinquante...
A suivre.




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