vendredi 25 septembre 2015

INSOMNIE.

La nuit, il est rare d'entendre le moindre bruit dans la rue du bas. La ville ne produit pas de joyeux fêtards, d'étudiants en goguette, d'hurleurs dans le caniveau, et les poivrots ordinaires sont chez eux à cuver leur vin ou a battre leur femme. Si tu t'approches, tu n'entendras que le frigidaire qui ronronne, le claquement sec d'une porte qui bat quand le vent s'en mêle  et un robinet qui claudique au loin s'en allant goutte à goutte vers une flaque incertaine...
Quelquefois, lassé de m'estourbir au fond des draps, j'attrape la verticale. Je prends la tangente. Je hiboute derrière la lucarne... J'allume une cigarette nocturne accompagnée d'une lampée de chardonnay et j'écris quelques mots. Histoire de meubler le silence... Remplir le vide, lancer les dés pour la prochaine partie...
Il m'arrive - quand le temps le permet - d'ouvrir grand les fenêtres, de laisser  la tempête renverser les pages des livres, emporter la poussière, les cendres de cigarettes et les sous-vêtements de mes petites princesses. J'imagine alors la multitude des gens qui vont descendre la rue du bas en processions païennes, pancartes et calicots, tous unis pour chasser le gros temps...
J'allume la bougie des vieux souffleurs de bignou, je convoque Lester et les autres à jazouiller gentillement ou j'écoute en boucle " Ode to Billie Joe " par Bobbie Gentry qui est une des chansons que j'affectionne dans mon répertoire avec celles du vieux Bob quand il nazouillait comme un perdu dans son harmonica et versait quelques notes de Like sur nos sens énervés et nos envies de monde nouveau...
Quand Bukowski me tape sur l'épaule en me disant que le bar va fermer, je retourne me coucher sur la pointe des pieds. J'aurais trop peur de réveiller quelqu'un...
Trois heures du mat.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

 H                                                                                                           U                              ...