jeudi 15 juin 2017

LE GAZ...

Encore faut-il la trouver la cabane !
Prendre l'ancien chemin vicinal transformé en antichambre de l'enfer - vous le louperez forcément si vous n'êtes pas un pelot du coin, un croquant du cru, un croqu du quant - tellement l'embranchement est tout en broussaille et en nids de bestioles pas convenables. Un capharnaüm où vous éviterez d'emmener votre carrosse de citadin. Vous finiriez au cul du tacteur ( en patois dan le texte ) du père Lapine venu vous sortir de l'ornière en vous réclamant quelques écus et en lorgnant votre femme, parce que Jules Lapine est connu dans toute la contrée comme étant un foutu obcd ( en sms dans le texte ).
- Ça mériterait une bonne coupe ! me dit Madame Suzanne...
- Banco ! que je rétorque, parce que je suis un as des casinos.
Deux minutes et quelques coups de ciseau plus tard, je me retrouve tondu comme un actionnaire d' Euro-tunnel, et je constate avec un peu de condescendance que j'ai encore de jolies oreilles et de coquets pavillons ( de banlieue ! ) qui frétillent à la moindre note de Gimme Shelter.  Me voilà fier comme un bar-tabac pendant quelques décennies !
- Tu vaux deux sous de plus chantonnent les elfes de la forêt pendant que je consulte la carte et avale en douce quelques gouttes d'élixir de jouvence de l'Abbé Souris, on sait jamais...
Bref, vous voilà pédibus-jambus ( ? ) à éviter les trous à rats, les entorses et les bouses de vaches ( qu'on se demande bien comment les bestiaux sont arrivés là ) le nez en l'air pour ne pas perdre de vue le ciel et ses drônes qui vous matent le dessus du caillou, vous tracent l'occiput, parce que c'est pas chrétien de s'engager sur pareil chemin... Evitez les saletés de pins qui vous balancent leurs pommes ( de pins ben oui ! ) sur le haut du dos, les corbeaux-bazooka, et la famille Sanglier qui sont de mauvais coucheurs... Courbe l'échine petit homme ! La nature est toujours plus la plus forte ! 
- T'as pas oublié les petits cailloux ? que je demande à Madame Suzanne qu'est heureuse comme une griotte dans le kirsch au milieu de ce  paysage foutraque...  Faudrait pas qu'on se perde... Qu'on s'évapore entre deux fougères et une crotte de chamois...
Au bout d'un siècle, on trouve enfin la cambuse. C'est tellement petit que tu t'attends à voir sortir des nains qui vont au boulot. Frodon en partance pour le Mordore... Une table, quatre chaises, une jolie cheminée et des murs en bois tous tatoués par les rastaquouères du coin qui viennent l'été, s'embrumer les neurones en jouant du tam-tam, quand que le loup n'y est pas... On dit aussi dans le guide du Syndicat, que l'hiver, quand les fourmis ont replié les gaules, que les piafs font pas les fiers devant le renard, il n'est pas rare de trouver quelques traces du Yéti... Ça ne m'étonne guère. Ce coin est plus triste qu'une salle d'attente de dentiste...
- On devrait rentrer avant que la nuit tombe, que l'orage nous surprenne et que la mer monte, que je murmure peureusement... Parce que je suis un type peureux, et que je suis pas sûr d'avoir éteint le gaz en partant...
Carnets de voyage.
Editons Ulysse.

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 H                                                                                                           U                              ...