Il y a ce vieux clou rouillé, planté contre la poutre dans l'entrée. L'hiver Bonhomme y accrochait ses peaux de lapin quand il revenait de la chasse, son grand corps qui craquait, toujours bredouille, parce qu'on fond, la chasse n'était qu'un prétexte... Il fallait que le bougre sorte, vieux canasson dans le mauvais temps, voir si le grand chêne était encore debout, ou si le bistrot était ouvert.
Bonhomme était un homme du temps passé, des chemises de flanelle, du gris dont on fait les pipes, et si une ancre était tatouée sur son bras, c'est qu'il avait été marin sur la grand'mare des canards. Il portait "beau", hâbleur, et moustachu, toujours à porter la bonne parole du Bon Maître jusqu'au fond des sacristies, quand il avait rencontré la vieille. Un mauvais coup de Cupidon ( un sale petit bonhomme) qui l'avait laissé sur le flanc, comme sonné en sortant de la messe, lui qui ne voyait dans le bon dieu qu'une flaque dans laquelle barbotaient les grenouilles...
Bien sûr, j'ai l'honneur de ne pas te demander ta main fut le plus joli graffiti de leur longue vie, inscrit sur le petit monument qui leur servit de phare pour traverser sans boussole, et sans faire de tort à personne, toutes ces années passées à ramasser du bois mort.
Que Bonhomme soit mort quand elle rentrerait, n'offusquait pas le vieille. Elle savait qu'en tout bien, tout honneur, son bonhomme de mari trouverait sa place dans les cieux toujours bleus... Le clou, quant à lui, resterait à sa place...
N'en déplaise aux jeteurs de sort...
Rappel (2)
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