Vous le croyez ou non, pochtron, c'est pas un métier facile... Nous parlons ici des buveurs de haut vol, des bonimenteurs, plombiers zingueurs ( faites pas chier, c'est pour la rime ) des ceusses qui tiennent une permanence, mouches de bar, piliers de bistrot... Ceux qui ont leur place près du perco, qui appellent le taulier par son nom ( tiens René, t'en r'emets une ) et connaissent tous les potins de la contrée, le nez dans leur verre à pied, et la tête dans la gazette... Faut  de la pratique, de la persévérance... Remettre sans cesse le métier sur le bar, se payer un coach pour les plus riches... Savoir surveiller les niveaux, les tournées imprévues qui font déborder le vase... Faut avoir des dispositions particulières, des gènes familiaux, et du temps libre.. C'est que du café-calva du matin, à l'apéro du soir, les journées sont longues... Faut savoir rentrer chez soi, toute honte bue, ne pas craindre les gueules de bois, les rabots, sur les langues pâteuses...

Moi,  vous me connaissez, sobre comme un chameau, soucieux de mon foie, et de mes artères, je ne fréquente pas ces lieux de perdition, les Assommoirs d'Emile, ou les bouibouis  dans un coin pourri chers à nos glorieux plumitifs. Si je m'interlope ce matin sur la bonne tenue de notre morale, et la santé de nos chères têtes blondes ( avec un peu de scepticisme quand même, l'impression de louper quelque chose... ) c'est que hier soir, la tête dans le four, et une chopine bien fraîche à portée de gencive, j'ai vu, une fois n'est pas coutume, un joli docu sur l'histoire des cafés dans notre beau pays... Du coup, j'ai fait pèter un petit Chablis de derrière les fagots, une jolie fillette de Beaujolpif, pour finir avec une Fine de dix-huit ans d'âge qui m'a ravit les papilles... Mais laissons le dernier mot à A. Shalmani, écrivain ( e ) :

- Qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ?

- Je veux m'installer, seule, à la terrasse d'un café, devant un verre de blanc...

Chouette non ?

P. S. Je ne vous embrasse pas, j'ai une haleine de phoque.