Un père de famille hagard m'a fait entrer, me demandant si j'étais un " copain " d'Evelyne... Pour le cadeau, je n'avais qu'à le poser sur la table de la cuisine que sa dondon avait recouverte d'une toile cirée, pour mettre un peu de fun entre les clubs-sandwichs, et les bouteilles de limo... J'ai regardé à droite, et gauche avant d'entrer dans le salon ( fallait que je repère les gogues... Important les gogues dans une soirée... ) où une quinzaine de morbacs - femelles comprises - rasaient des murs d'un goût douteux. Alignées comme des soldats de plomb, entre une commode sans style, et sans avenir, les donzelles en tutu faisaient tapisserie, comme si on avait posé des marguerites au milieu d'une omelette baveuse, pendant que les garçus tiraient sur leurs limaces, pire mon clebard tire sur sa laisse quand il croise sa copine. Ces petites agapes sentaient fort le pâté, et j'ai regardé, voir si par hasard, un guignol ne descendrait pas une flasque en loucedé. J'avais bien la mienne, mais elle avait souffert pendant le trajet... Petite chose vidée vite fait dans le tram, pendant que Maurice me tartinait son Bolero dans la tête, rigolant d'avance de la musique de ces petits blancs branchouilles qu'il me faudrait avaler pire l'hostie du ratichon du Dimanche, quand ma mère priait pour des jours meilleurs, cachant oeil au beurre, et lèvres enflées, sous une mantille à deux balles... Un jour, je ferais la peau au Pater, c'était sûr...
Fallait pas s'attendre à des miracles... Carnaby Street poussait doucement dans nos provinces ses boots cirées, et ses futes en sifflet, mais les oreilles étaient encore bien dégagées, l'honneur était sauf. Dans dix ans, ces coquins auraient les douilles au bas du dos, feraient les cons autour d'un feu de camp, en jouant de la fumette... Ten years after, une révolution manquée, leur ferait prendre trente kilos, et trois lardons dans la musette, et bien plus tard encore, ils raconteraient à des petits enfants qui s'en battaient le coquillard, la longue marche des vieux grognards, quand Jimi vivait encore...
J'ai fait quelques tours de piste, tapé quelques clops, et j'ai foutu le camp sans crainte, et sans remords... D'ailleurs, j'étais même pas invité à cette sauterie... J'avais d'autres chats à fouetter...
En sortant, j'ai croisé un énergumène qui m'a parlé d'un groupe que je ne connaissais pas, mais qui, ferait une belle carrière... Le hasard fait parfois bien les choses...
D'après " le Fermoir " du 16/09.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire