Lassés de patauger dans des coinstots bizarres* les Bourriquets ont décidé de poser leurs patounes au côté de leur voisin de palier... Celui qui les salue discrètement, leur fait sourire en coin, et pense que ces deux là ont l'air de drôles de zouaves avec leurs cheveux d'avant guerre, et leur mégot, qu'on se demande s'ils n'enfreignent pas ( les bourriquets ) les sacro saintes régles fixées par les nimbus de la santé...

C'est un Dimanche d'Avril qui a de beaux restes... Le bleu du lac renvoie au bleu du ciel qui mate le bleu des caracos des belles passantes. On pense à Yves Tanguy, un peintureux célèbre... Le parc automobile raconte que même perclus de rhumatismes, ce pays ne va pas si mal... Que la guerre est bien triste, mais lointaine, et que oui, tu peux jouer près de la balançoire, mais fais attention aux basanés envapés qui tirent sur leur chicha... Ces gens là sont vraiment pas comme nous... On aperçoit des petits bateaux qui rêvent d'avoir des ailes, comme dans cette comptine à la gomme, un matou noir qui jette des mauvais sorts en lorgnant les restes de chips garanties sans huile de palme, et bien sûr, les piafs font un raffut d'enfer... Sont jamais fatigués ceux là...  Plus braillards qu'une armée de mélanchonistes en chaleur, plus pénibles que des zemmouriens en campagne...

" La nature est hostile " pense Bourriquet, parce qu'il faut bien penser à quelque chose, et qu'une saleté de bestiole vient s'échouer dans son verre de jaja... La faute à ce dérèglement climatique ! soupire sa voisine de table, une rombière qui a connu les Rolling Stones jeunes, et en bonne santé...  Quand le loufiat vient prendre commande, il n'hésite pas... Opte pour un mesclun "Jupi à l'Ancienne" pendant que Bourriquette choisit une coupe " Les fourberies de Manu ".guère tentée par le plat du jour " le Choléra de Marine ".qui semble convenir à la moitié de l'assemblée...  Finalement, ce menu n'est pas terrible, dit Bourriquet qui a toujours quelque chose à dire, pire le Professeur Rollin.

* Boris Vian.

Arrêt minute.