Je suis allé porter un bol de soupe, une tranche de lard, et un morceau de fromage à la dame qui crèche 25 impasse des Misérables. Je n'ai jamais su pourquoi ce boyau se nommait ainsi. Peut-être à cause du Père Hugo, ou simplement parce qu'un tas de gueux, une armée de chiffonniers avaient élu domicile, soudés comme des siamois, pour échapper aux gabelous, et autres huissiers de justice, qui après la grande crise, fleurissaient sur le charnier pas si innocent que ça...

Aujourd'hui, c'est un coin de silence - un havre de paix, dirait des poètes à la noix - une couvée de petits retraités, joueurs de cartes, et jaloux de leurs prérogatives... Petits fonctionnaires rabougris, volontiers délateurs, qui respectent les consignes, le gouvernement, et craignent par-dessus tout le grand méchant loup de la France Insoumise, qui viendrait à coup sûr, piquer leurs picaillons, leurs armoires normandes, et, les moustaches du Père qu'est mort d'une glissade...

Autour d'un café-goudron, la belle m'a appris la mort de Rober Hossein ( depuis ce foutu virus, je n'écoute plus les infos trop anxiogènes ), et la montée dans les sondages de Marion Maréchal, un nom prédestiné, pour cette pasionaria de l'ordre sans méthode. J'ai repensé à l'homme de théâtre, à l'acteur, dont je gardais un bon souvenir dans son rôle de mafieux boiteux dans Le Grand pardon d'A. Arcady. Du coup, Hanin, a pointé sa bouille de Beitoun, et elle a évoqué le beauf François, un gars qu'elle avait beaucoup aimé, dans les années de braises... J'ai dit " menteur, et compagnie "... Ca a gâché le goût du cake, et nous avons fini la discute, en rigolant, parce que j'avais mis mon pull à l'envers... Les petites choses de la vie, recousent souvent le vieux paletot des disputes...

A six heures pétantes, j'ai levé le camp. La Kommandantur veillait. Et me prendre une prune à cause de Mitterand, ça n'avait pas de sens...