Vous me voyez ce matin fort marri. Obligé d'admonester le petit Manu, et de l'envoyer quelque temps au piquet. Un jeune homme promis aux plus grandes carrières, promu gendre idéal en remplacement de Michel Drucker dans le coeur des ménagères, ce qui déjà est une preuve indéniable de son talent, le préféré de Guiguitte, et des ventres mous, voilà qu'il se met à jurer pire le cancrelat Eric à l'oral d'histoire... Qu'est-ce qu'il vous est passé par la tête élève Manu ? Un besoin irrésistible d'être encore une fois délégué de classe ? De dépasser vos petits camarades chahuteurs, ou peut-être; allez savoir, un calcul machiavélique pour éviter les heures de colle...Court circuiter vos deux copines qui mettent la pagaille sous le préau ? On vous savait fin connaisseur de l'oeuvre de Monsieur Audiard... De là à jouer les Tontons flingueurs... J'apprends que du haut de son ciel, le Vénéré aurait fait les gros yeux devant une pareille conduite, surpris par tant de couillonnade... D'un coup, petit gredin, vous avez transformé la cour de récré en poulailler excité qui sent l'arrivée du renard... Vous ternissez la réputation de notre établissement déjà mise à mal par les femmes battues, les curetons palucheurs, et les braillards qui s'en donnent à coeur joie...
Bien sûr, les garnements qui traînent à la porte du lycée, le virus qui se fend la poire, bravant les interdits du proviseur, et de ses sbires, sont un danger pour l'unité de l'institution du père Jules, mais de là à vouloir les " emmerder " jusqu'à l'os, il y a une marche qui va nous attirer les foudres des fanges nationalistes, des députés couche tôt, des faiseurs de roi, et de l'évêché, jamais en reste pour réclamer un conseil de discipline...
C'est donc avec une grande déception, que je vous adresse un blâme républicain, et me voit obligé de convoquer votre maman, pour éclaircir ce mystère...
Le Merle censeur.
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