Je sais pas vous, mais moi, au réveil, je suis comme un pou dans la tignasse d'un clochard. Je saute, pique, et repique, pire ma vieille mère devant sa première Singer électrique... Et oui, nous avons vécu le temps où les filles apprenaient la couture avant les selfies,, la cuisine avant le shopping chez Zara. Nous avons connu les chiottes sur le palier, l'eau à la fontaine, et comble d'hérésie, le charbon dans le seau, les cendres à vider, et les premiers pas de l'homme sur la lune qui ne demandait rien à personne... Je sais bien que les vieux fourneaux ont des souvenirs perfides, énoncent des vérités caduques (refusé !) le doigt en l'air, et la braguette ouverte, et que ces considérations vous font bailler pire une chanson de Pomme, mais que voulez-vous quand on est con, on est con...Je me prends à rêver d'un amour précolombien avec une princesse inca, à foutre des torgnoles sur la mouille des conquistadors à la noix. Je peux aussi, selon la météo, siroter un petit noir avec Manu à la Rotonde, là où bien avant lui les rapins de Montparnasse, et Jim Morrisson, foutaient le bazar. Si je ne réponds pas au téléfon, c'est que je fais de l'air guitar en me rasant, ou que j'aide le t'tit Mozart à pondre sa dernière symphonie, mais cà, c'est plutôt rare, vu que je suis moitié sourd, et obtus aux machinations musicales (?). Enfin des contes à se réveiller debout, entre potron, et minet...

 Ce bel enthousiasme ne dure pas. Deux passages devant le miroir de la méchante Reine, quelques jointures qui s'embrouillent dans le mauvais sens, me rappellent à l'ordre... Me voilà redevenu tout plat, ectoplasme des mauvais jours, à soupirer que ces bétises enfantines ne sont plus de mon âge...

 Après, je réalise que si je vieillis, c'est que je suis vivant, et que je n'ai guère envie d'être l'invité d'honneur du crématorium... C'est toujours ça de gagné..

Contes à rebours..