Je vous le dis, mes petits poulets. Suffit qu'on tourne le croupion un instant, pour que la basse-cour danse la java (du diable) dans le poulailler... Je suis allé "prendre les eaux" chez un ami... Ouais, j'ai UN ami... C'est suffisant, vous me direz. Ca évite les malentendus (la distraction favorite des malentendants), et on économise les mots, les cartes postales, et les commentçavadepuisletemps... Et pis, quand on y pense, on peut changer de femme, ça coûte pas grand-chose, il faut bien que le corps exulte, mais changer d'ami... Avec un pote de l'autre siècle, pas besoin de salamalecs, comme avec ses voisins, pas utile de se beurrer la tartine comme avec ses cousins, ou la moustache du père... Si on se chicane, on se souvient vite qu'on a usé nos fonds de culotte avec Mr tambourine man, les Vieux cailloux, ou les Gentils garçons, ça suffit bien à nos émois... Ca laisse une chance pour plus tard... Bref, j'ai retrouvé ma vieille Rossinante qui m'attendait à la gare, chassant les gabelous qui chassaient les mauvais citoyens qui stationnaient hors des clous, bien heureux de la retrouver inchangée après cette longue absence, bavarde pie voleuse qui ne craint pas la mauvaise réputation, et les quolibets des croquants, et des croquantes. On s'est envoyé le godet des retrouvailles, et quand  j'ai voulu l'embrasser sur le pouce, elle m'a dit, "j'y crois pas, on a un nouveau gouvernement. Une assemblée de raclures, t'imagines pas... On est mal Barnier, avec ces clampins... Vivement dimanche...". Elle est comme ça, machine... Un peu radicale, amoureuse de Truffaut, mais toujours sur le coup, à trouver les mots qui conviennent. Pas comme moi qui zésaye (?) pire le Président devant le monument aux morts un jour de toussaint, qui pense qu'il faudrait que je vous raconte quelques nouvelles salades, de celles qui réjouissent le corps, et l'esprit...

Bien à vous.