Copinage*

 Voilà le type venu de la salle qui grimpe sur la scène. Il est fringué comme un vieux privé de cinéma, ou un personnage du Chateau du vieux Franz, c'est vous qui voyez... On se doute bien que le bonhomme est comédien... Plutôt bon, connu, et respecté par ses pairs (pères ?). Le voilà qui s'emballe dans un baragouin de première... Loufoque, malin, à faire rigoler le public attentif, et bien élevé, parce qu'on n'est pas chez Gudule j't'encule non plus... Plutôt entre Kafka ou Beckett... Enfin, je suppose... Je laisse le soin aux nimbus de la kritique, aux "sachants" de décortiquer ces deux crevettes.. Ce téléphone qui sonne, ce François dont on ne saura pas grand-chose... Ca vous situe l'action... Comme les points de suspension... Notre gugus vient mettre le bazar dans une pièce qui se joue, autour d'un bar (le dernier avant la fin du monde). Une pièce dans la pièce, une "mise en abyme" diraient encore les spécialistes... Moi, je me régale de tous ces mots, des deux acteurs, parce qu'en fait, il sont deux... Les acteurs. Le meilleur film de Blier... Je m'égare... J'ai des souvenances qui se bousculent... Bref,

Notre Edouard monologue à qui mieux, mieux... En appelle au gentil Raymond bien connu des bons mots, récite le discours de Malraux au Panthéon, Jean Moulin, Jean Rochefort copinent gentiment autour d'une blagounette, et puis aussi le Je voudrais pas crever de Boris, les voix de P. Brasseur, de Trintigant venues du fond de la scène... Un éloge de Bukowski aussi...Ca faut oser... Mais je vous l'ai dit, on n'est pas chez Tic et Toc à Dubaï... Guignol et Gnafron s'irruptionnent (?) dans le public qui frappe des nageoires en cadence Une heure trente de parlote, et on s'ennuie même pas. C'est plutôt rare... Une bien belle soirée... Et pis, salutations, et ovations (du public) bien méritées... Et moi, je suis crevé... Pas né pour tenir la chandelle si longtemps...
Bien à vous.

* Edouard Bear.

   Les élucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce..