mercredi 30 avril 2014

LES VIEILLES ***

Je croise des < vieilles >. Des venues d'ailleurs. Des qui s'accrochent depuis longtemps aux aiguilles de l'horloge - depuis que Maurice, Jean, Marcel, Lucien sont partis, faute de soins  - des phasmes aux cheveux meringués, des brindilles bousculées par le moindre courant d'air, maintenues au sol par le cabas qu'elles traînent, la cane télescopique et les chaussures " André " à semelles de crêpe. Elles sont nées pendant la deuxième pouillerie dans le ventre mou de cette époque incertaine. Ont grandies entourées de grand-mères, de cousines. Les pères absents réquisitionnés au STO, les frères dans le maquis du Ht-Jura... Plus tard, elles seront shampouineuses, dactylographes, fans des yéyés ou institutrices. Fonctionnaires ou infirmières dans les hôpitaux du bon Docteur, dans ces pays où il  ne pleut jamais... Elles ont vécu des passions en dentelle et préparé des repas de famille où les hommes buvaient la goutte jusqu'à plus soif pour tordre les nuages.. Elles avaient déjà fait le plein d'enfants quand le Manifeste des 343 est paru et ne penseraient plus à divorcer de leur mari alcoolique. Des bibendums gris posant le pied sur la Lune de Pierrot les ont fait rêver un instant et des avions fous - Surfers d'argent - explosant dans les tours jumelles ont ravivé les vieilles peurs des bombes tombant dans le jardin...
Et puis un beau et chaud matin d'été où elles se prenaient à espérer du temps qui passe, l'avenir s'est échappé, envolé comme un oiseau capricieux. C'est la vie qui tord les gens et la mort qui les apaise...
Aujourd'hui, remisées dans leur niches à poussière ( misère ), appuyées sur la commode cirée du salon, elles regardent avec un peu d'envie cette aide à domicile qui a l'âge de leur petite-fille... Elles prient encore un peu, de temps en temps au fin fond des nuits sans sommeil sans vraiment savoir si elle s'adressent au Diable ou au Bon Dieu...
Et moi, je les lorgne, je les feuillettent, je les décortiquent ces < vieilles > croisées  au retour du marché...
*** Journal Confus.

mardi 29 avril 2014

UNE AUTRE JOURNEE...

J'ai traversé le parc où vous aviez prétendu un jour de forte fièvre - J'avais un vilain rhume accroché à mon écharpe - que je souffrais de mélancolie chronique. Bien sûr que non ! Je suis plutôt dans la boite du petit diable à ressort qui vous explose au nez, le culbuto qui se dandine devant la folie du monde. Comme me disait un ami " T'as un air de Fernandel triste à la grimace Defunesque ". J'adore la Mère Ubu, le Père Godot, les Pieds Nickelés surréalistes et accessoirement Mozart les nuits de pleine lune. Ce que j'aime au fond, c'est les " Postures Mélancoliques ". Les ciels d'hiver qui pleunichent en saxophone, les mouchoirs froissés au fond des poches, les chiens malades, les files d'attente devant les cinéma... Vos yeux qui regardaient la mer il y a si longtemps... Mais la mélancolie non ! La mélancolie c'est le chagrin des riches et vous le savez je n'ai pas les moyens... Il ne faut pas confondre le pendu qui regrette déjà la terre ferme avec la corde qui le balance... 

lundi 28 avril 2014

CINQ JOURNEES

1) N'ayant pas reçu de nouvelles, je ferme ma porte et m'en vais dormir ailleurs.
Vous ne saurez jamais comme j'avais envie de vous embrasser et d'entendre
vos pas dans le hall d'entrée.
C'est dommage.
Non, ce n'est pas dommage...
2) Déjeuner dans une gargote. Vilain ragoût de mouton, haricots blancs. Cuisine familiale. La faim justifie les moyens. J'aurais préféré des gambas grillées, une coupe de champagne prises à la terrasse d'un palace avec vue sur la mer au Nouveau-Mexique... Y'a-t-il la mer au Nouveau-Mexique ? Pas sûr. C'est sans importance. J'aime bien le terme " Nouveau-Mexique ", surtout " Nouveau ". Chaleur, mescal, trafic de coke, mariachis, crotales et santiags en croco....
3) J'ai bien reçu votre courrier posté le 12 avril. J'ai reconnu votre écriture, mais comme je ne suis pas curieux, je n'ai pas ouvert l'enveloppe. Me suis promis néanmoins, qu'en cas de maladie incurable, je ferais l'effort...
4) La guitare de Jimmy et une cigarette blonde suffisent à combler des souvenirs d'un autre temps ( Robe de mousseline, Chapeau de paille, Festival de Jazz, nuits blanches, exposition Matisse, enfant qui rit, Joe Cocker à Woodstock, Cioran au bord du lac... ).  J'ai noté sur mon carnet bleu à spirales les mots qu'il faudra que je vous dise si je vous rencontre un jour...
5) Un ami me dit qu'il vous a aperçue à la terrasse du Bowling Club devant un café. Je suis étonné, je vous croyais accro au thé vert de Chine et au Chivas dix-huit ans d'âge ( Seulement le soir ). Il vous a trouvé belle dans le contre-jour, les jambes gainées dans un collant de laine gris. Je reste persuadé qu'il s'est trompé de personne... Vous ne montrez jamais vos jambes...

dimanche 27 avril 2014

PARE-BRISE

Moi, j'lui ai laissé toutes les chances à la guêpe. J'ai ouvert les portes, les fenêtres pour qu'elle puisse s'en aller fredonner ailleurs. J'allais tout de même pas lui foutre un coup de torchon dans la gueule passe que soit-disant une guêpe " ça pique ". C'est trop facile... J'écrase jamais les mouches, les fourmis, les papillons encore moins les araignées. Je canarde que les moustiques, mais c'est de la légitime défense...  Sinon je les transporte ailleurs le plus délicatement possible... Avec ma pelle, ma balayette... Les renvoie à leurs occupations... Les serpents je me sauve et les éléphants j'ai jamais eu l'occasion... Les bipèdes qui bavent devant le regard si doux des chiens, devant les pt'its matous si rigolos, qui caressent la croupe des canassons et s'esbaudissent devant la grâce des poissons rouges, z'hésitent pas les salauds à écrabouiller la moindre bestiole qui vient se perdre dans leur niche à deux sous, sous la loupiote ou sur le pif à Drucker quand il nous serine à la téloche... Pourquoi ? Parce qu'ils ne sont pas Domestiques ? Qu'ils font pas caca dans la litière parfumée ? Sans compter que le bipède, il a une trouille bleue de tout ce qui rampe, qui traverse les murs, qui vrombit autour de sa cafetière... Je parle même pas des mômes qui cloutent les hannetons, qui arrachent les ailes et soufflent dans le cul des crapauds... Ceux-là un jour, une femme, un patron, un abruti plus balèze, un fonctionnaire z'ailé, un adjudant-chef ou un cureton pédophile  les cabossera et on les ramassera avec la pt'ite pelle à ch'ni... Chacun son tour gros balourd...
N'empêche cette conne, elle avait dû se bastonner avec la vitre, faire un atterrissage d'urgence, ou peut-être un malaise... Un avc de guêpe... Je sais pas trop comment ça fonctionne... M'avait l'air au bord du coma, prête à faire le grand saut dans on ne sait quoi, même chez les guêpes ! Tourniboulait des ailerons comme la bille chez les joueurs russes... Position de survie... Peut-être qu'elle en avait marre de vivre au royaume des guêpes, se rêvait abeille... Un chagrin d'amour... Une liste d'impayés comme n'importe quel pékin qui pète les plombs... Je sais pas... Et puis chacun fait ce qu'il veut de sa vie... J'ai maté.. Voir si par hasard elle avait un parachute, une trousse de premiers secours,  mais que tchic... Impossible de se remettre à l'endroit, dans le sens de la marche ( nuptiale ! ). S'emmêlait les élytres dans le tapis... Devait sûrement gueuler Au Secours, mais moi, le langage guêpier je capte rien... J'allais tout de même pas l'emmener aux Urgences, déjà qu'ils veulent plus des vieilles et des ivrognes... Je l'ai posé sur la table du balcon, là où l'été, ses consoeurs viennent se piquer la ruche dans les auréoles de rosé et je suis parti acheter mon pain en mettant un coup de pompe à un gus qui faisait la quête pour la Croix Rouge, histoire de remettre les pendule à l'heure. 
Quand je suis revenu entouré d'une nuée de moucherons qui me prenaient pour un quartier de boeuf, elle avait calanché, sans fleurs ni couronnes, ses pt'ites antennes bien repliées comme au défilé du quatorze juillet des bourdons... J'ai pensé à un enterrement de première classe, mais vous savez ce que c'est les croques-mort sont bien trop occupés par leurs congénères... La mort ils z'y font plus gaffe avec toutes ces mouches collées sur le pare-brise...

samedi 26 avril 2014

SANGLIER ( Chanson guerrière )

A là là
Hallali !
Saute parmi les taillis
A là là
Hallali !
C'est pas drôle la vie
Le cerf il en peut plus
Tous ces cabbots au cul
Le cerf il en a marre
D'cette armée de clebbards...
Qui gueulent comme des dingots
Qui en veulent à sa peau...
Heureusement, dans sa fuite, il croise un sanglier qui rentrait peinard du marché.
Aussi sec les enragés taillent la route derrière le cochon au fumet plus fort, au risque de s'en prendre une dans le museau. Le sanglier a la défense hargneuse le week-end c'est bien connu...
A là là
Hallali !
Saute parmi les fourrés
A là là
Hallali !
J'm'en vais les encorner
Se dit le sanglier...







jeudi 24 avril 2014

BIJOU BIJOU

J'ai des Amis d'écriture. Des potes de bringue, des copains de bistrots. Des abonnés du zing, des frelons qui se mettent minables autour du percolateur. Et d'autres assis sur les chaises oranges des salles d'attente, dans les salons de thé, sur les banquises carrelées des blocs opératoires.
J'ai des piétons que je croise un journal à la main sur les passages pour. Des gens qui prennent mon temps pour en faire n'importe quoi. J'ai des estaminets de préférence, des abri-bus et des portes cochères. Des bestioles frivoles à portée de main qui s'envolent en essaim.
J'ai des manies, des phobies, des lubies, des folies. Des tics-tocs, des tics-tacs qui pendulent et déambulent sur des fils à funambules.
J'ai des factures d'amour impayées, des arriérés de tendresse. des injonctions cupidoniesques à honorer. La conscience de tous ceux qui casquent pour avoir le droit d'être flasques ( * ).
Et cette chanson d'A. B. dans la tête...
( * ) Voir Leprest. Dans l'sac à main...

lundi 21 avril 2014

COUP DE BLUES

DEPUIS QUE LE FRANCOIS M'A VIRÉ,
QUESTION GODASSES C'EST PLUS CA...
POURTANT C'EST PAS LES CIREURS DE POMPES
QUI MANQUENT AU CHATEAU...
MERDE ALORS !
Aquilino Morelle.

dimanche 20 avril 2014

CHANSON DES CHAUFFEURS DE PATURONS

J'ai deux guitares
Un bout d'clavier
Des brailleurs malabars
Chevelus et mal peignés.
Alors c'est pas la peine
De tirer sur ma chaîne
De m'peler comme une mangue
De m'broyer les oreilles
De m'arracher la langue
De m'brûler  les orteils...

1969

NOTRE ONCLE REGRETTE...
APPELE AUSSI
- LE MOUSQUETAIRE PSYCHO
- LES BACCHANTES INFERNALES
- LE ZINZIN DES MAMANS

samedi 19 avril 2014

CENT ANS DE SOLITUDE

Tiens, regarde, le voilà levé AVANT les poules, AVANT le jour. Avec une furieuse envie justement de foutre la pagaille dans le poulailler. Faire bouger les bestioles à plumes... Y'a pas de raison... Se déguiserait bien en goupil, en ragondin, histoire de leur foutre les chocottes aux volatiles... Les faire sauter du plumard à toute vitesse comme quand elles traversent la route et que tu fais un écart pour pas les écrabouiller... Ca les ferait cotcocoter... En cadence.. L'ouverture de l'acte III du fameux " Quand j'ponds mon oeuf, j'me sens tout neuf " la trouille au fond du plumage... Et puis ça réveillerait le voisinage... Les pépères/mémères bien engoncés dans leurs pageots,  tout moites, tout fripés, tout mous et rapaplas tandis que lui a  déjà la machine qui implose... Leur mettrait bien un coup de trompette dans les feuilles... Histoire de les foutre en rogne pour tout le week-end... Qu'ils s'engueulent avec la bourgeoise et mettent des torgnoles aux moutards en regrettant le temps où ils étaient si bien au fond de leurs mères...  Y'a pas de raison, je vous dis... Il irait bien à la chapelle. Mais à ct'heure, elle est fermée. Le Bon Dieu pionce encore et le ratichon rêve d'une bonne soeur sans cornette... Lècherait bien les murs, mais là, il se rend compte que ça ne sert à rien... Que les fleurs de la tapisserie ne pousseront jamais au jardin d'Alice... Le tam-tam aussi, c'est exclu... Les bédouins tombés de leurs chameaux auraient vite fait de convoquer la marée-chaussée. C'est que c'est pas facile un bédouin au réveil... 
Alors il attend. Raide comme un phare au bord du l'océan qui clapote...
CENT ANS DE SOLITUDE... A la tienne Gabriel.

jeudi 17 avril 2014

L'HEURE

Non Monsieur je n'ai pas conservé les photos de mes enfants, de mes parents, grands-parents, oncles et tantes, cousins et cousines... Pas plus que je n'ai gardé le portrait du neveu par alliance qui avait servi dans une compagnie de spahis pendant une guerre dont je n'ai pas le souvenir...
Non Monsieur je n'ai pas trouvé prudent de classer mes bulletins de naissance, de salaire, scolaires... Les enveloppes de vote glissées par malice dans des urnes truquées. 
Oui Monsieur, j'ai omis d'encartonner les quittances de gaz, les ordonnances médicales, les convocations aux tribunaux, les papelards bleus et roses des huissiers, le procès-verbaux pour stationnement interdit dans la rue des rêveurs ainsi que les mots d'excuses et les fausses nouvelles...
Oui Monsieur, j'ai perdu les portefeuilles en croco de mon bisaïeul, les médailles d'ancien combattant, la montre de première communion, les noms et prénoms de parrain et marraine, la mèche de cheveux d'une blonde aux yeux doux, l'odeur de chien mouillé et les senteurs pin des landes et vanille des îles, gardiennes immuables des pestilences intimes...
Oui Monsieur, j'ai jeté les lettres d'amour et celles de Mon Moulin, les pt'its mots de dénonciation anonyme à la Kommandantur, les pétitions, les préavis de grève ainsi que les livres d'histoire, le nom des présidents, des papes, des généraux, des dictateurs et des voleurs de poules...
Non Monsieur, je n'ai pas souvenir de ma première adresse, de ma première école, de mes premiers " papiers " carte d'identité, permis de conduire, certificat de vaccination, de mon premier séjour en prison.
Oui Monsieur, j'ai jeté mes djins à pattes d' èph, mes chemises à fleurs, mes percings et mes pompes à semelles compensées... J'ai effacé mes tatoos, décroché mes posters, oublié ma bible et mon parapluie sur une banquette de train et les bobines super-huit d'un séjour en colo à Plévenec-les-Ours...
Alors, vous comprenez Monsieur, venir me demander de vous donner l'heure...

mardi 15 avril 2014

DEMENAGEMENT

Cet agréable logement situé au fin fond du fond, là où même Fredon ne s'aventure pas vous ravira par son charme et son accès improbable. Proche d'une cascade qui comblera votre sens auditif et vous garantit une eau fraîche en toute saison ( Glaçons en hiver ). Composé d'une seule pièce - ce qui évite le désagrément de chercher ses chaussettes partout - ce gentil havre de paix vous met à l'abri de toute rencontre avec vos frères humains, qui il faut bien l'avouer, vous gonflent sacrément...
Inaccessible aux facteurs, aux huissiers, aux témoins que rien, aux bus scolaires, aux cartomanciennes, aux chercheurs de poux dans la paille, aux empêcheurs de tourner en rond, aux divers coupeurs de cheveux en quatre,  ainsi qu'à une éventuelle épouse acariâtre et chafouine, il vous permet des siestes de onze heures bien à l'abri sous le feuillage...
Loyer payable à terme échu. 
Electricité et gaz sur demande. Un formulaire de vingt-huit exemplaires vous sera remis à l'agence accompagné de la recette du bourguignon qui font la fierté de notre société. 
Les animaux sont admis ainsi que l'élevage de grenouilles fortement recommandé en cas de disette et de changement de gouvernement.


NICHE A MOINE
CAMBUSE À HERMITE
LOGGIA POUR MISE EN TROPE





dimanche 13 avril 2014

HEY GIP

Le matin. Les mots. Le temps qu'il fait. Le temps qui passe. Le Tant en Emporte le Vent. Le Tant qu'il y aura des Hommes. Les infos. Le café. Les voix dans le poste et la musique. La musique. La musique de l'évier qui se vide. Le vide. L'odeur de la boulangère. L'odeur de la ville. L'oteur qui se bille. La Voilà la Voisine. La cigarette qui fume.
Hey Gip. Donovan.
Les haricots du marché sans fils. Cent fils à la patte. 

VU DU CIEL

MARCEL, GEGE, LOUIS, PAUL ET LES AUTRES....

samedi 12 avril 2014

IMPOSTURE

- Tu crois vraiment qu'on l'entend arriver la charrette ?
- Quoi ? L'Ankou ? C'est rien que des fredaines de joueurs de bignous. Des contes à dormir debout qui font peur aux bouseux... Des faribolles à faire chialer les mômes et les Bigoudines... Moi, j'en ai vu passer des carrioles, suivi des corbillards et donné des coups de goupillons sur les caisses en bois... Et ben tu vois,  je suis encore là... Je sais bien que la mort, la camarde, la faucheuse - appelle-là comme tu voudras - ça fout les jetons aux vivants... Qu'est-ce que tu veux, on n'est pas des clebbards... Faut pas trop pioncer sur les traités de psyco, les recettes de grand-mères et les bouillons d'onze heures. Tous les bouquins cramoisis qui jaunissent au fond de nos âmes... On s'en sort plus... Moi, tout ce que j'entends grincer c'est mes ratiches et mes osselets du bas, et crois-moi c'est bien suffisant...
- Ouais... Je suis quand même sûr qu'au moment de sauter la barrière, y se passe des choses... On a bien les chocottes quand on arrive, on doit bien les avoir quand on part non ?
- Tiens, goûte-moi ça. Une pt'ite terrine. Lapin, serpolet, ceps, le tout arrosé de cognac, au bain-marie pendant trois bonnes heures à four doux... Tu vas m'en dire des nouvelles.
Même ton Ankou, il s'en tartinerait les babines l'enflure...

vendredi 11 avril 2014

IMPOSTURE

Quand tu marches, tu penses aux choses... Tu rêvasses, tu marmonnes, tu te mordilles la menteuse en pensant au Grand Michel qui ne reconnaît plus personne... Que passé un certain temps, c'est pas plus mal... La cour de récré pour lui tout seul... Tu penses à des clefs posées sur la commode, à une prescription médicale, t'écoutes les piafs  ou tu croises le regard d'une fourmi qui tricote des phéronomes en agitant ses antennes... T'imagines la vie d'une fourmi... Merde alors ! L'escalade du brin d'herbe tu parles d'une côte, et cette chierie de bousier... Qu'est-ce qui m'a pris de m'attaquer toute seule à une pareille engeance ! Bien sûr toutes les autres dansent la carmagnole autour de cette vieille sauterelle... Pas une qui me donnerait un coup de patte ! Salopes va ! Le monde des fourmis comme celui des hommes c'est pas de la tarte.
Quand tu marches, tu échafaudes... Les heures à venir, les jours prochains... Les années c'est trop loin, trop vague... Et puis ce genou qui brinqueballe, cette douleur qui suit les  courbes du chemin... Les semelles qui chauffent... Faudrait un maréchal-ferrant pour la bourrique ! Mais c'est comme les vendeurs de mouchoirs dans le parapluie, y'en a plus... 
Quand tu marches, tu te souviens... Quand la mécanique tournait bien comme les doigts du Duke sur le zinzin... Y'avait suffisamment d'huile pour grimper les hauts plateaux du Tibet et s'envoyer d'une traite tous les océans de l'Orange... Ca te giclait dans les pistons et jamais une durite se serait avisée à faire faux-bond... C'était de la carriole de compète, carrosserie d'équerre, chapeau pointu et tête en l'air... La fiesta à tout berzingue dans les roulements et les encore une fois Mâme la Comtesse ! Le four toujours chaud dans la carlingue... Toutes ces choses dont on ne savait que faire,  qui vous remontaient d' on ne sait où et vous parfumaient la gorge, odeurs de menthe sucrée, violettes et patchoulis...
Quand tu marches, tu regrettes d'avoir commencé à cloper... La vilaine cisaille qui te découpe les éponges... Les pt'ites roulées, les Davidoff et les Gitanes Maïs... La grande confrèrerie des fumettes en tous genres... Tous unis pour t'exploser la carcasse... La caisse en partance... La surchauffe des alvéoles, de la dentelle... Le point de croix pulmonaire qui déraille.... T'as perdu le fil, Emile... Et la gerbe en plus...
" Un abruti qui marche ira toujours plus loin que deux intellectuels assis... " Voilà ce que tu penses finalement alors tu marches....

jeudi 10 avril 2014

IMPOSTURE

- On a que le futur que l'on mérite... Quand tu débutes, t'es comme une plante verte qu'on arrose et qui ne fleurit jamais. Un sapin plein de boules et de guirlandes... Et l'étoile par-dessus... Tu crois que tu brilles, que t'explose avec tes allumettes magiques qui font des étincelles, tu t'aménages une place de parking une nuit de décembre, histoire que  le Père Noël fasse l'effort d'une boite de chocolat, d'un bazooka ou d'un chausse-pieds... Mais jt'en fous, c'est pas lui qui poserait une botte devant la crèche de l'Autre... Trop peur de prendre un coup de savate par l'âne, un coup de crosse par les sbires en turban... L'a autre chose à foutre le barbu... Il bat la campagne, cherche d'autres Filles, fait le zouave dans les beaux quartiers... Le rejeton qui déballe les cadeaux devant la sainte famille en dinde rôtie, ça a jamais été pour moi...
- Tu vois déjà tout petit, j'étais de travers... Sorti par le siège, aux forceps... Que mon père aurait dit qu'on en ferait rien de ce goujon... Que je faisais déjà chier mon monde avant de prétendre à la potence...Ma mère elle gueulait à l'assassin... Qu'on en finisse avec ce haricot qui lui encombrait les trompes... Que les câlins de l'enfance tourneraient vite en torgnoles avec un ouistiti pareil...
Quand je vois ces minots aujourd'hui, beaux comme des sous neufs, avec leurs tronches de nains de jardin rigolards, leurs pt'ites joues bien pleines et leurs mômans qui les cajolent comme c'est pas permis, j'm'étonne pas d'être devenu poivrot... Remarque, pour être honnête, j'ai dû l'avoir aussi mon " quart d'heure de célébrité " mais je m'en souviens plus... 


mardi 8 avril 2014

IMPOSTURE

Les revoilà sur le banc. Il fait un peu froid. C'est un jour noir de ciel gris et d'averses barbantes. Entre eux une bouteille comme une frontière. Une triste piquette à bas prix venue tout droit d'un Franprix au parking vide et aux caissières tristes... Une fiole de rata achetée avec des point-cadeaux...  L'un continue à boire, l'autre est abstinent. La cause ? De vilains strights de bowling qui se transformaient illico en jets de napalm, foutaient le feu aux choses molles qui servent d'habitude de réceptacle aux divers trucs qui alimentent la chaudière. Est bien menteur celui qui prétend que l'on supporte la douleur... Peut-être dans des conditions exceptionnelles, quand on voit le bout de la torture, que les bourreaux sont résignés, ou que l'idée de vivre fait son chemin à l'envers... Mais le feu aux tripes, les maux de caboche, les osselets qui se brouillent.... Soft Machine... Tu peux toujours gonfler les biceps, choper des quatris de coureur sur piste, te forger des pecs de déménageur, faut voir le reste... Descendre au fond de la barrique.... Tâter un peu le moût du tonneau... L'intérieur... Un amas de ris de veau, des choses visqueuses, liquides, des va-et-viens de glandes humides et tout le fourbi aquatique qui macère dans les tuyaux... Et quand d'un coup ça tournicote, ça dentelle, ça bouillonne comme le pot-auf à mère-grand, quand ça geysere d'Islande, quand ça volcanise, que des odeurs de bile te remontent par l'escalier, tu trouves vite une solution... Parce qu'une nuit de tempête tu as ouvert les yeux et VU l'intérieur...
- Quand même t'es un fragile toi...

lundi 7 avril 2014

CHARABIA

FAUDRAIT SE DIRE TOUS LES MATINS
- TIENS JE N'AI JAMAIS ÉTÉ AUSSI JEUNE...
- MAIS C'EST LA PREMIERE FOIS QUE JE SUIS SI VIEUX...

dimanche 6 avril 2014

1967

POCHETTE SURPRISE

SUETONE

Le ciel est bleu
Dedans tes yeux
Le ciel est noir
Sur le trottoir
La pluie qui veut
Qu'on fasse
Un voeu
Devant la gare
Sur le départ.
Refrain
Nanana... Nannère...
C'est pas Dieu possible un saucissonnage pareil... On se croirait dans l'arrière-cour d'une star-ac de province. A un concours de mini-miss, à l'élection de Miss Calva quand le beau Frédéric François arrose le slip des ménagères de plus de cent balais... L'inauguration de Franprix c'est pas mal non plus, avec les pt'its trucs à gratter qui te promettent,  si t'as du bol un panier garni, ton poids en boîtes de sardines à l'escabèche, un brunssssing chez Mario à Saint-Frusquin ou la traduction en vieux français d'un texte de Patrick Sébastien ( En avoir une c'est bien... En avoir deux c'est mieux ! ).
Bon c'est pas tout ça, le jour se lève ( Et oui Jeannot ), les mouchespètent ( Et oui Patrick ) et le feux d'artifice était ma foi bien joli hier soir bien qu'en peu bruyant...
" Morituri te Salutant " comme disaient le Vieux Suétone et Bébert quand il enfile ses chaussures à bascule.
Bien à vous.

samedi 5 avril 2014

IMPOSTURE

Les petites blattes du matin. Sous la pluie. Caricatures des années colliers de chien, épingles à nourrice ou pinces à linge c'est selon... Bière, speed, tatoos... Tronche de Joe Strumer en colère ou Loulou déchenillé. Sous-venirs syn-copés...Bikers et cheveux gras. Lemmy incendiaire, crânes rasés, nazillons de fortune... Sous-venirs déjan-tés... Yeux charbonneux et cicatrices d'iguane... Bonzo qui bucheronne comme un sourd sur les toms, tam-tam de danseuses un peu nues, frelons d'acier dans les chairs du Klass Héro... Midnight et Jack Daniels...
- Bien sûr, toi t'étais dans l'herbe verte à Jimmy j'parie... J'me souviens du ventilo et de Morrison à Miami...
- Bon les deux, c'est fini vos conneries... On va fermer...

jeudi 3 avril 2014

DEMODE

" Y'a t-il une liste, un recueil où l'on pourrait recommander les livres qui nous ont plu ? "tout ça énoncé d'une voix de stentor, genre Pavarotti quand il a la crève, au milieu du silence bienveillant de la bibliotecke ( je sais pas où on met le h alors j'improvise ! ). Tout le monde fait un bond même Rocky qui faisait des recherches sur le Temps Perdu de Marcel... Avec ses percings, son cuir, ses santiags et sa mèche rebelle,  le gamin n'ose pas en moufter une face à cet espèce de dinosaure qui s'ébroue au milieu de la carrée... Et c'est pas les grenouillades de Fauve qui vont le sauver... 
Une mamie comme on en voit qu'au cinoche ou dans les romans de Frédo... Le physique et l'entousiasme ( toujours ces problèmes de h, alors j'en mets pas ! ) de B. Berrurier quand elle a rencard avec Pinuche...
La voilà qui débagoule un paquet de bouquins sur la tronche du larbin qui gère les prêts... Lequel regrette son CDD, prend conscience de la futilité de la vie et reconnaît que la nomination de Manu à la tête du poulailler est une bonne chose... Tout ça en même temps... C'est vous dire comme il est perturbé le garçon. Il pense à sa vieille mère peinarde devant les " Chiffres et les Lettres ", à Marinette la pt'ite coiffeuse du coin et au prochain tiers provisionnel qui va encore le saigner à blanc. Ceci n'ayant rien à voir avec cela comme d'hab... 
" Ah ! Cui-là ! Et puis Cui-là vous l'avez lu ? "
" Cui-là... Une pépite... On sait pas au début pourquoi le Mao y part à travers le pays avec ses loqueteux, mais après on comprend... " Ça s'appelle la Longue Marche Mamie... Le ficelage d'une histoire pas trop catholique moi je pense en feuilletant le pavé de Yan Moix, me demandant si j'aurai la force de le ramener à la maison vu le poids...
Y'a quelques bouquins de Duras en expo. Eux aussi échappent pas à la tourmente...
" J'ai relu l'Amant quand j'étais en vacance en Espagne... C'est vachement démodé non.. " qu'il nous braille dans les esgourdes le dragon... Là, elle commence à me gonfler sérieusement la mère...
Je sais, c'est Duras mais " Démodé "... Comme si la littérature se démodait... Comme si le " Voyage " était ringard... Pourquoi pas le Père Hugo aux z'abonnés absents, Moravia à la cave et Frédo au musée...
C'est comme si, croisant le Sieur Droopy, tu lui dis tout de go que " Sticky Fingers " c'est DEMODE...
Ça va le foutre en rogne j'en suis sûr...

mercredi 2 avril 2014

IMPOSTURE

Il demande entre deux charabias
- Et toi, t'as connu cette époque ?
- Hum... Je ne sais pas trop...
- Comment tu ne te rappelles pas le jour où ta foutue satanée fille de garce de mère t'as mis au monde ?
Ne nous offusquons pas. Pour lui, qui vient d'un temps que vous n'avez pas connu, toutes les femmes sont des " foutues satanées filles de garces ". Faudrait lui gratter les pellicules pour trouver la cause  genre psycho-libido-métallos qui motive pareil langage... Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse...
- J'ai bien quelques souvenirs d'enfance comme on  dit... Un long couloir toujours mal éclairé qui fout les jetons, des odeurs de caves et de greniers... Une blouse d'écolier, des engueulades, quelques baffes...
Des gens qui dansent autour d'un électrophone - Qui parlerait aujourd'hui d'électrophone - ils ont l'air heureux, fêtent une nouvelle année... Un chien recueilli qu'il a fallu abattre parce qu'il avait mordu un pékin... Quelques escarmouches, quelques guérillas, traités de paix et nuits blanches... Pas grand-chose en fait...  Tiens, si je mettais ma vie dans ton filet à provisions y'aurait encore de la place pour quelques sardines...
- Vingt dieux ! T'as l'vague à l'âme contagieux toi... M'étonne pas que tu sois un gros balourd...
- Bon, tu la paies ta tournée...

 H                                                                                                           U                              ...