jeudi 30 avril 2020

Bien sûr qu'il avait la gorge serrée, la boule au ventre quand il montait à la tribune. Il posait ses mains bien à plat sur le pupitre, à l'abri du regard des huissiers, ces sinistres korbacs, toujours à espérer qu'il défaille, qu'il chope la tremblote et se mélange dans ses discours. Il tapotait discrètement les micros, éclaircissait sa voix cassée par trop de propositions, faisait le point avec le gugus des caméras, un gonze qui bouffait de la nicotine en boite pour éviter le machin, et regrettait la fin du Championnat.
Chaque fois, il fallait convaincre ses acolytes. Des copains de chambrée toujours prêts à fomenter de mauvais coups, à contrarier ses projets, rien que pour le plaisir de blablas interminables, de votes blancs, d'abstentions, et de motions de censure.. " J'voudrais vous y voir ! " avait-il lâché dans un moment d'absence à des pisse-copies en mal de grain à moudre. Chaque jour, il lui fallait énoncer clairement des choix qui se voulaient définitifs, mais qui, il le savait bien, deviendraient caduques le lendemain. Coudre, découdre et recoudre le vieux paletot tout rapiécié, jouer du plastron et des revers, poches à l'endroit, poches à l'envers, user de ses talents de couturier toujours sur le fil...
C'était une machine de guerre rompue à toutes les chausse-trappes, un général Bitenbois chez Guignol et Cie...  Une turbine alimentée à l'adrénaline du pouvoir, qui nageait en eaux troubles, écrasait les envieux, les impétrants qui lorgnaient sur son portefeuille et sa place Matignonesque (? ). Il savait que le Grand Manitou l'avait à l'oeil, ce gigolo Jupiterien qui lui mettait des bâtons dans les roues, et gardait les clefs du pouvoir dans la boîte à gants, comme l'avait si bien écrit monsieur San Antonio dans un roman éponyme..
L'histoire ne pardonne rien... Un jour, l'autre, tout s'efface... Au mieux, on finit dans les pages du dico, au pire on devient Jean Lecanuet ou Alain Peyrefitte  (?). On pourrait supposer que le soir, rentrant de ses agapes parlementaires, il se prenne à rêver d'une partie de pêche au bord de l'étang, d'un bon livre, ou de l'odeur un peu rance des pétroliers venus s'échouer dans le port du Havre... Qu'il raconte sa journée à une matrone aimante, en dégustant des filets de hareng...
On ne le saura jamais. Les machines de guerre ne parlent pas. C'est comme ça...
Contes à rebours.
J / ?.

mercredi 29 avril 2020

Et si nous lâchions du lest... Si nous laissions le Bon Maître sur le rafiot des Copains d'abord, les Vieux Cailloux, et le Bob Nobel à leurs affaires... Si, un instant, nous zappions cette petite vérole qui occupe nos esprits, et polluent nos éponges... Si nous rangions le bignou de Charlie, et pis tiens ! Pour faire bonne mesure, la perruque d'Amadeus, les zim boum de Ludwig... les Contes à rebours, les pipoteurs du grand Satan, et tout le bataclan...
Si nous ne parlions plus sur nos écrans bidons,que des cochons noirs que Madame Angèle élève en liberté du côté de Chaubezandre, des malinois débonnaires qui surveillent le troupeau,  et de la biquette de Monsieur Battin qui a le sabot facile, et la corne vengeresse... Si nous goûtions aux fromages caprins qui sentent des pieds vendus sur place, comme les fraises ou les fayots... S'il nous arrivait d'entrer en contemplation devant " Dame nature " comme d'anémiques véganes, la vie en serait-elle changée ? Avec des Si, nos chopines deviendraient des grands crus... On peut toujours rêver...
D'un autre côté, si ( encore ! ) l'on perd les joueurs de plume, les gratteurs de zinzin, les faiseurs de cinoche, les joueurs de tam-tam, et l'escalope de veau milanaise, on risque de se faire tartir un max...
Je n'ai qu'un mot à dire à cette pandémie, et à son cortège de désillusions :
Elle m'emmerde vous-dis je, elle m'emmmmmeeeeeeeeeeerde vous dis-je.
Courage !
J / ?.

mardi 28 avril 2020

Alors comme ça, petits Mozart que nous sommes, nous devrions tous avoir un vilain Salieri au-dessus de l'épaule qui,  pour le bien commun, lorgnerait sur notre partoche, sur notre santé, et notre emploi du temps, nous jouerait des airs de flûte pas si enchantée que çà ( la flûte ) pour savoir ce que l'on a foutu de toute la journée, de cette satanée symphonie en Us mineur qui n'annonce rien de bon  ou pour les plus vieux, si oui ou non, on préfère les Gentils Garçons aux vilains Cailloux...* Une question qui ne date pas de la dernière pandémie... Pensez jeunes gens, le dilemme se posait déjà quand, papa vous cochait sur son calendrier, et quand maman, à Monoprix achetait ses premières pilules... Ce n'est pas le père Antoine** qui dirait le contraire...
Bref, on voudrait nous pucer comme des cabots, nous empêcher de pisser en dièse, voire nous ré-enfermer dans des boites à musique ( pas si musicales que ça ! ) en cas de récidive du machin...
Moi qui pensait finir peinard entre mes tarentelles et la Belle Hélène, faut que je me méfie...
* En cas de doute, consultez vos manuels. Années 60.
** Chanteur à fleurs.
A chaud ( 4 ).
J / ?.
Carillon la  souillon. Personne ne la remarque jamais. Personne en la croisant, ne s'aviserait à lui serrer la pince, à la biser sur la bouille en lui demandant des nouvelles de la famille... Et si par hasard, un prince à vélo qui en pince pour son vélo ( volé le vélo ), la frôlait par inadvertance, quand il grimpe dans l'ascenseur social, s'imaginant déjà chef du contentieux ( ! ) de la société Beebulgum, une peau de chagrin qui fabriquait des couvre-kikis, et s'est depuis reconvertie dans les masques protecteurs ( comme les couvre-kikis quoi ! ),  il est fort probable qu'il se sauverait à grands coups de pédales ( de vélo ), faire essayer sa pantoufle à des diablesses habillées en Prada. 
Le Prince gigolpince se fout pas mal de Carillon. Occupé d'habitude à serrer les vieilles daronnes de la maison de retraite, le gredin n'est pas à la noce...  Because le confinement, les violettes à mantille, ne sortent plus beaucoup. Sont surveillées de près par les matrones de l'ehpad, testées par les médicastres de l'Académie qui cherchent en vain une formule one à mettre dans le circuit... ( Oh ! s'écrie l'assemblée, quel talent ! ). Bref, l'époque n'est pas facile même pour les gigolos...
Carillon la souillon habite un gourbi au fond de l'impasse G. Marchais. Une vieille résidence coco, devenue au fil des ans et des loyers impayés un ramassis de margoulins, de marchands de sommeil et d'huissiers scrofuleux, qui se partagent les restes d'un gâteau bien maigrichon, et, coquin de sort ! (?) nettoie les chiottes et les bureaux de la sté Beebulgum, qui vous vous en doutez, ne chôme pas en cette période de grand carnaval, quand les masques ne font plus rire personne...
L'histoire pourrait continuer à longueur de chapitres d'ennui ( le confinement aide bien ) si un soir, revenant de chez Youssef, l'épicier arabe, le Prince ringard ( ou Le Prince-Ringuet  pour les plus anciens ) ne sachant pas quoi foutre de sa godasse, l'abandonne dans le caniveau entre deux states du docteur Salomon, et trois applaudissements d'un public conquis par une si belle histoire. Parce que, évidemment ! Cornegidouilles et Jarnibleus ! ( promis, j'arrête... ) notre Carillon de banlieue, va trouver la babouche, l'enfiler sur ses péniches ( qu'elle a menues ) et devenir l'héroïne d'une bafouille à succès qu'un Oteur peu imaginatif a nommé " Cendrillon ". Vous voyez le topo ? C'est citrouille et compagnie... Pas de quoi croquer la pomme, et se retrouver chez les nains, ces ballots qui reviennent du boulot en sifflotant une rengaine à hérisser le poil des honnêtes gens, qui sont en chômage partiel...
Contes à rebours.
J / ?.


lundi 27 avril 2020

Les ouvriers sortirent en courant, gesticulant et frileux, pressés de retrouver leur " chez soi ", leurs tristes habitudes, et, pour quelques uns, une femme, des enfants, cabots et matous, cloîtrés dans ces niches en briques rouges aux toits d'ardoise, qui les rendaient fiers, mais leur faisait payer chèrement cette " accession à la propriété ". Les autres s'entassaient dans des foyers, des mobil-homes, vivaient à l'hôtel, ou dans des casernes désaffectées qui gardaient l'odeur des anciennes campagnes militaires, quand la guerre régnait encore sur la contrée.  Paniqués par le bruit des sirènes qui gueulaient, et par la fulgurance des projecteurs qui signifiaient - Alerte Rouge - ( tous connaissaient ces signaux inscrits dans le manuel qu'on leur remettait à l'embauche ) les " mangeurs de chagrin" comme les appelait avec mépris le Directoire, devinrent une masse protéiforme, une langue énorme qui tentaient de fuir la bouche des vieilles usines, pour s'esbigner contre les grilles de l'entrée que la sécurité avait fermé pour maintenir un semblant d'ordre dans la débâcle... Imaginez une bande de gueux qui dévale les flancs du volcan, qui court sur les boulevards pour prendre la Bastille... La peur ou la colère sont mauvaises conseillères... Les uns furent piétiné comme les premiers rangs d'Altamont, les autres laissèrent quelques plumes dans cette bataille de piafs affolés... Non d'une buse ! s'écria un contremaître, jamais vu ça depuis les premiers congés payés ! Bref, un bordel sans nom...
Pour clôturer sereinement l'affaire sans faire de vagues, les traîne-misères auraient été conduits vers les sas de décontamination, les kits de survie, les gilets de sauvages (?), et les bâtiments nord, où du personnel qualifié s'activait à juguler ( refusé ! ) la panique qui s'emparait du troupeau. Rien ne se passa comme prévu. Il fallu les canons à eau, les gaz, et quelques coups de matraques foutraques, pour remettre de l'ordre dans la piétaille, qui enragée comme un seul homme, peu soucieuse des avantages sociaux,  de la pénurie de papier-toilette et de masques, qui s'annonçait, se dirigea tout droit pour mettre le feu aux locaux de la Direction, là où des sbires à limaces avaient décidé de foutre tout le monde dehors, histoire de ne pas léser les actionnaires...
J'ouvris un oeil, puis deux...  Plus jamais, je ne ferais de sieste... C'est trop flippant...
Contes à rebours.
J / ?

dimanche 26 avril 2020

Coromusic...

Tu te souviens, le Grand Jacques sur scène... Trempé comme une soupe,  gesticulant comme le diable qui sort de sa boite, et ben... Même " asymptomatique " porteur sain et tout le bazar, s'il avait eu cette saleté, vu les gouttelettes et les postillons, il aurait infecté toute une salle... Y'a pas un masque qui aurait supporté un tel déluge... Faut dire que le gars vous arrosait les premiers rangs pire un canon à eau dans une manif... C'était la tempête jusqu'aux cintres du poulailler... Jusque sur les quais du Port d'Amsterdam... Le coco se donnait, éructait comme un cobra en rogne (?), et c'était pas du corona ! Plutôt du vitriol...  Des mots en lacrymo qui bousculaient le bourgeois, les bigotes, les femmes ( même qu'aujourd'hui, il aurait des procès en diablerie aux fesses ). Pas de quartier pour la populace ! Si l'un était bonhomme (?), celui-ci était plus nerveux qu'un cabri qui voit venir l'aïd... L'énergumène rêvait même d'être un ch'val, un zèbre mal rayé, comme il disait... Ca devait fumer sous son paletot ! Faut bien l'admettre. Aujourd'hui, y'a plus guère de grands aboyeurs... Les lutteurs de foire, les cracheurs de feu qui font dévisser le public,  y'en a plus beaucoup... Où je les connais pas, c'est possible... Si vous avez des noms, n'hésitez pas, on en parlera autour d'une chopine...
Après tout ce temps, depuis qu'il a quitté le zinc pour rejoindre Fernand et les autres, il m'arrive quelquefois d'avoir des symptômes... De choper des fièvres de Plat Pays... Je tousse un peu, mais je m'inquiète pas trop, je vais pas consulter... Je sais ce que c'est...
Sur le kiosque, on joue Mozart...
Les Bonbons.
J / 41.

samedi 25 avril 2020

                                                            Nous voilà dans le
                                                            quarantième. Autant
                                                            que je sache, le marin
                                                            ne rugit pas beaucoup. La mer
                                                            est calme.
                                                            Et, les voleurs s'emmerdent.
                                                            Ali Baba.
                                                            J / 40.
                                                           

vendredi 24 avril 2020

Encore une fois, je ne voudrais pas vous gratter les rognons là où ça fait mal, vous rabâcher les mêmes rengaines, mais quand j'entends les sociopsychomachinos, les têtes à toto, tous les chefs de rayon de l'éco, qui nous serinent à longueur de chopines, comment embrasser  " le monde d'après " ( pas sur la bouche, ni sur les joues, démerdez-vous ! ) et que je vois sur mes écrans, les files de piafs qui font la queue devant la mangeoire pour obtenir cent grammes de bidoche entre deux couches de pain dégeu, je me dis que tout n'est qu'illusion... 
Comme de marcher sur la tête avec des escarpins...
Vaut mieux une petite balade dans une petite chanson... N'est-il pas vrai ? Un petit pont à traverser au milieu des broussailles... Finauds comme je vous connais, vous connaissez la suite...
A chaud (3).

carnets de voyage

Il suffit de passer le pont... J / 39.

jeudi 23 avril 2020

A chaud (2)

                                                            AVIS
Au Président, au Conseil Scientifique, à Méphisto Philippe et à ses ministres, à la Société de Pèche et Chasse de Saint-Frusquin, et aux élèves du lycée Georges Brassens de Brive-la-Gaillarde, j'ai la solution pour cette histoire de masques obligatoires ou non... Si on doit les porter dans les lieux publics pour éviter de postillonner sur son voisin de palier, si les gouttelettes et les glaviots font mauvais effet sur la crinoline de la baronne, pas de problèmes. Inutile de ressembler à votre dentiste - les yeux de l'arracheur de dents qui scrutent la roulette par-dessus le bout de tissu vert caca, ça fout la trouille, un vrai trauma - ou au docteur Lecter quand vous achèterez votre paquet de nouilles... Je vous explique...
Quand vous faîtes la queue chez l'épicier, chez le pharmacien, sur le trottoir de Paul Emploi, qui s'en bat les indemnités de votre cas, quand vous patientez dans le couloir de l'hosto en tenant votre pouce bien serré de peur qu'il ne tombe dans le caniveau, ou si vous faîtes le gandin sous la lanterne de la belle Suzon ( pas d'argent, pas de cuisse... ), une seule chose à faire pour éviter la bestiole : FERMEZ VOTRE MOUILLE ! Votre grande bouche qui le plus souvent ne raconte que des bêtises... C'est peut-être un peu radical dans le relationnel, mais c'est efficace !
Arrêtez de caqueter comme des poulets du temps qu'il fée ( clochette ),, de celui qu'il fera, ou de celui qu'il a fait... De la thrombose de grand-père ou du petit dernier qui a fumé les croquettes du chat ( son dealer est confiné ) et qui, depuis, rêve de devenir vétérinaire, moine ou pape selon ses humeurs. Les enfants c'est bien du souci... Gardez le silence, sous savez bien, ce truc qui est d'or... Ou si, bavard impénitent que vous êtes, pisse copie, concierge de métier, si vous faîtes le mainate dans la cage aux oiseaux, en écoutant le cui-cui des infos, contournez harmonieusement le problème. Apprenez la langue des signes...
Personne ne toussera plus, et en prime, le chant des piafs, des dauphins et des baleines vous réchaufferont l'âme... Comme le cri cri du castor en rut, que ça fait du bien, qu'il y ait encore dans ce monde des trucs qui ne changent pas, et des bestiaux courageux malgré la pan-démie....  Plutôt que d'entendre les fanfares qui couinent, vous écouterez des t'ites musiques de nuit... Ce n'est pas plus mal...
Pensez-y, et si vous rencontrez ma voisine, évitez le " ça va " tradi, cette donzelle est bavarde comme une pie...
Je vous embrasse pas. Ca mouille...
Le Merle Blagueur.
J /38.

mercredi 22 avril 2020

A chaud... (1)

Bon. Moi je veux bien... A la rigueur... Je n'irai pas ronchonner après tous les ceusses qui à vingt heures tapantes sortent sur leur balcon pour applaudir les soignants, les épiciers, les éboueurs, et Gisèle qui fait ce qu'elle peut... Notre Vénéré aurait écrit en parlant de balcon, que < c'était pour voir passer... > Vous connaissez la suite, j'espère.... Je n'ai rien à dire à tout cela... Bien que chafouin comme je suis, j'ai le souvenir, qu'une fois l'émotion passée, la sidération du massacre de quelques gugus rigolos ( ou d'autres, la liste n'est hélas pas exhaustive... ),  la populace eût tôt fait de n'être plus " Charlie ", mais c'est une autre histoire... Il serait souhaitable que notre soufflé de compassion en retombe pas trop vite, quand les frivolités auront repris du poil de la bête... D'ailleurs, Madame Irma qui tend l'oreille aux échotiers et aux actus de la contrée, m'apprend que les vieilles habitudes de délation ont repris. Du nord au sud, d'est en ouest, on dénonce à tire larigot, comme aux plus jours de la rue Lauriston... Fais gaffe, voisin, te voilà dans le collimateur des Trompettes (?)... Donc acte.
Bref, passons-nous rhubarbe et séné à qui mieux mieux comme Lèche-cocu, une gaudriole bien connue des aficionados,  mais par pitié,  que les chasseurs du coin arrêtent de sonner de la trompe de chasse... Faut-il rappeler à ces sinistres que le " cor de chasse " est avant tout un "cor d'harmonie" qui n'a sa place que dans les symphonies d'Hector ou de Ludwig ? Et pis c'est tout ! L'autre soir, on a eu < Les mots bleus > du Christophe mort aux peluches... Ca faisait consensus... Mais la chasse à courre en folie, je dis non !
Vous allez rendre sourdingues les biches, et les sangliers qui folâtrent à la terrasse du Panier Fleuri, en attendant la ré-ouverture des agapes et de la petite boutique de lingerie fine avec vos pouet pouet ! Ce serait dommage...
Journal Confus.
J / 37.

mardi 21 avril 2020

Le printemps s'annonçait magnifique. On se régalait d'avance des petites fleurs qui pousseraient sur les boulevards, poseraient leurs étamines sur les terrasses ombragées où des loufiats à plateau s'affairaient à rendre la monnaie et à rattraper le temps perdu dans des effluves de cigarettes blondes et de parfums aux senteurs orientales. Les gros balourds faisaient le pied de grue, jouaient des mécaniques en parlant de sport, de bagnoles, finissaient leurs verres, en se jurant de profiter des jolis bouquets, si la fleuriste était d'accord bien sûr... Que je vous explique. Les hommes et les femmes de ce temps-là possédaient encore un pouvoir de séduction, et en profitaient largement. C'était dans l'ordre des choses... On se saoulait de parlotes, de belles manières, de parades amoureuses autour des dernières trouvailles technos ( c'était les nouvelles phéromones de l'époque ) qui feraient tomber les belles plantes dans l'escarcelle de grosses berlines polluantes qui faisaient grimper l'adrénaline des marchands du temple. On s'esbignait bien autour de l'égalité des sexes, des querelles de genre, ou de vieilles idéologies racornies qui sentaient le souffre, mais sur le radeau, la méduse se fendait la poire, en pariant sur l'i.a. et la robotique qui feraient des miracles...  S'il y avait encore quelques mauvais coucheurs, grincheux, atrabilaires Cassandre qui regrettaient les troubadours et les gentes damoiselles, l'eau du puits, les vrais légumes et les fromages qui puent,  au fil des ans,  ils s'effaçaient doucement sous leurs tonsures, à croupeton sur leurs pattes de flamants fatigués...
" Vous dansez au-dessus d'un volcan ! " fulminaient les plus enragés...
" Craignez la colère de Dieu " braillaient les plus idiots...
Mais, ils faisait bien trop beau pour que l'orage éclate, et les cigales continueraient à chanter tout l'été... Que les fourmis travailleuses retournent sur les chaînes de montage fabriquer ces babioles magiques dont nous étions si friands, que les animaux et les peuples en voie de disparition disparaissent, et qu'on en parle plus...  Le déluge viendrait bien assez tôt, et ce n'est pas quelques petites averses qui allaient tremper nos caracos...
Que je vous raconte...
L'année deux mille vingt fut mal embouchée...
Nous tombâmes tous malades.
Contes à rebours.
J / 36.

lundi 20 avril 2020

- Ah ! Que la vie est quotidienne...                          Et du plus loin qu'on s'en souvienne,
  Comme on fut piètre...                                           Et sans génie...
Jules Laforgue.
J / 35.
Ce confinement dure depuis trop longtemps ! 

dimanche 19 avril 2020

Le Chat Crotté faisait visiter la contrée à l'Ogre de Barbarie ( son cousin, le canard s'était fait excuser ) lissant les moustaches du bibendum dans le sens des crocs, qu'il avait affûtés ( les crocs ), comme le surin à bidoche qui roupille dans ma cuisine, et rêve ( le couteau ) d'un sublime morceau de filet qu'on découpait suivant les pointillés avant ce foutu confinement, la bave aux lèvres, en maudissant ces végé t'as rien à te mettre sous la dent...
- Voyez Monseigneur, ces villes abandonnées, ces avenues désertes, ces parcs oubliés par les mioches, ces bancs où plus un vieillard à journal ne s'assoit pour lorgner discrètement les passantes (?)... Vous seriez bien aise au milieu de ce chaos...
- Et à qui donc appartient tout ce territoire demanda le croquemitaine cannibale.
- Parbleu ! Au Marquis de Corona minauda le greffier...
- Et pourquoi toutes ces gargotes, ces coupe-gorges et ces triperies sont-ils fermés comme un  jour de manif de gilets jaunes ( vous vous souvenez ? ) renchérit l'énergumène...
- C'est que notre bon Marquis est pointilleux sur les autorisations de sortie...  " Pas besoin d'être Jérémie pour d'viner l'sort qui m'est promis " pensa le matou. Si je loupe ce marché, je peux retourner sur ma gouttière. Terminés les voyages en carrosse, et la vie de château... Il fallait jouer finement l'affaire, sinon toutes les souris du patelin s'en iraient danser sous d'autres moustaches...
- Ca manque de chair fraîche, et de moritos répliqua le mastard, qui mâchouillait distraitement une paysanne et son veau ramassés le long de l'autoroute, mais ma cadette ( celle que je n'ai pas encore bouffé ) a une jolie couronne d'épines, une dote pleine de fioles hydroalcooliques, et de masques à faire pâlir un virologue... Elle pourrait faire affaire avec votre hobereau... Faudrait seulement qu'elle arrête de renifler partout, de gueuler tout le temps après le gouvernement et les Chinetoques qui sont quand même sacrément fourbes... Ca lui donne un caractère de chien... Votre Divin Marquis en aurait vite plein les sinus à supporter une donzelle pareille...
- Une jolie fleur dans une peau de vache, murmura le Crotté qui connaissait ses classiques...
Contes à rebours.
J / 34.





samedi 18 avril 2020

actu...

Vous le savez chers lecteurs qui me suivez depuis la nuit des temps ( d'ailleurs faudrait arrêter de me suivre, je n'aime guère que l'on parle dans mon dos ), si j'ai loupé le bac Tonton, et échoué à la licence es' Moustachu, il ne se passe pas un jour sans que le vilain ne m'envoie un signal, quelques bon mots ou des jurons qui font la ronde (?)... Sur la grand'route, au bistrot, même aux petits coins, l'égrillard salopard me bombarde de filles de joie qui se baladent, de pandores qu'on esbaudit ou d'oiseaux de passage qui conspuent les bourgeois... J'ai même fréquenté un temps le marché de Brive la Gaillarde... Vous dire le pastis... 
Bref, quand hier matin, ma petite tsf, un peu triste tout de même, de m'annoncer que le Corbeau blanc avait rangé ses Marionnettes, a secoué joyeusement son fil d'antenne au-dessus de l'évier, et m'a dit entre deux statis-tics ( pourquoi pas ? ) que le gredin passait à la téloche le soir même, j'ai lissé mes moustaches, ouvert grand mes oreilles, et fait un tour au Bois d'mon coeur, histoire de me mettre dans l'ambiance...
La suite serait délectable... Et si comme moi, petits sacripants vous avez maté ce "conte à rebours "ne vous étonnez pas, malgré les tristes évènements qui, aujourd'hui, nous polluent la cervelle, de vous réveiller de bonne humeur, et de fredonner quelques " morbleu " qui donnent bonne mine, et pincent les fesses de Marinette.
Bonne Journée à vous
Journal Confus..
J / 33.

vendredi 17 avril 2020

Boro*

On l'a attaché. Les bras, les jambes, ficelé en sauciflard pour qu'il arrête de gigoter, un bâillon sur la bouche pour qu'il cesse d'essayer de nous mordre, et on l'a trempé dans le bain... C'est incroyable, comme en si peu de temps, un homme peut ressembler à une vieille boite de conserve usagée, cabossée, à une vieille clef à mollette oubliée au fond du garage parmi les boulons moitié rouillés de la vie. Il fallait pourtant bien qu'il reprenne une apparence humaine pour rejoindre l'homo dans ses plus beaux atours. Notre vénéré Président l'avait dit " Nous n'abandonnerons personne " et il fallait bien l'admettre, les âmes tombées dans la mouise étaient encore nombreuses... Mais, petits grognards compassionnels,  nous n'étions pas prêts de baisser les bras devant tant de désarroi... Fallait pas que le machin fasse trop le malin... On allait un jour, l'autre,  lui foutre sur la margoulette, et retourner à nos petites affaires, comme s'il ne s'était rien passé.
Le pauvre bougre était d'une maigreur de Don Quichotte, barbu et chevelu pire un ZZ Top de la grande époque, la peau raide, pustuleuse et couverte de bestioles... Sans doute couvait-il quelques maladies infectieuses logées dans des poumons en vrac, quelque peste bubonique venue du fond des âges. Des injections répétées de liquides anti-corrosion, de mixtures dont le nom scientifique nous échappe, et surtout les lueurs magiques des cierges sacrés de Mélanie (?) administrées par le clergé venu à la rescousse,  le remirent sur pieds, que désormais, il avait propres ( les pieds ).
Après force libations ( le baudet s'avérait avoir été un pochtron impénitent ) il nous dit avoir suivi les recommandations des carabins à la lettre, s'être embastillé dans des culs de basse-fosses, en attendant la mi-temps ( le gredin aimait le ballon rond ), l'autorisation de repointer ses moustaches sur les grands boulevards, et de pisser dans les talus, chose qu'il affectionnait particulièrement...
* Reporter photographe chez le gentil Vautrin.

                                                                   ... / ...

... / ...

Remis sur ses quatre fers, l'olibrius nous raconta comment, ses dernières vivres épuisées, il avait appris à cuisiner les mouches, les cafards, pour finir par fricasser des boulettes de poussière enrobées d'ailes de papillons de nuit, et de toiles d'araignées qu'il pourchassait pire le Tartarin de l'histoire dans toute la carrée... Il gardait bien encore quelques souvenirs du temps passé, où il se gobergeait de salade niçoise, de filets de sole Nantua, et de desserts au chocolat, mais aujourd'hui, comme nous, il se contenterait d'une purée de médoc, avalée en perfusion ou tuyautée sous le manteau ( pardon sous le masque ! ). La gastronomie avait disparue, oubliée, dans des fioles de tests, dans des terrines de pommades, et bien malin, celui qui connaîtrait encore le goût des fraises des bois ou de la couenne de cochon...
Avant de le remettre dans le circuit, il nous fallut transmettre son pédigrée aux autorités com-pétentes, qui, c'était prévu dans les textes d'urgence, le classerait dans la catégorie des " bons pour le service " et le relâcherait dans la nature muni d'une puce qui le gratterait sans cesse en faisant de petits sauts...
Le gredin s'appelait Boro Bespiaire, un blaze improbable pour un esprit sain dans un corps de ballet, mais qui vous en conviendrez, rappelle curieusement le virus Maximilien, que la veuve ( couic ) culbuta une triste jour de Juillet 1794.  Nos manuels se souviennent encore de l'Incorruptible et de ses potes qui raccourcissaient les cous plus vite que nos Nimbus ne mettront de temps à trouver un vaccin... Mais c'est une autre histoire...
Le plus étonnant dans cette affaire, ce que privé de la moindre info (les piles de sa petite radio avaient rendu l'âme ) n'ayant plus la notion du temps ( les montres du vieux Salvador devenues " molles " s'étaient arrêtées ) notre Boro nous avoua que tel, un piou-piou qu'a loupé l'armistice et continue à se battre contre des moulins, il avait zappé que la pandémie était  éradiquée depuis quelques années, et que la République avait fondue comme le grand nord où les ours se baladaient cul-nus, en vendant des esquimaux aux touristes (?)...*
Les temps avaient bien changé...
* Plus dure sera la chute. Mais c'est une chute qui en vaut bien une autre...
                                                                    
                                                                        FIN.

Contes à rebours.
J / 32.

                                                                     

jeudi 16 avril 2020

Et poivre...

                                                       La musique, c'est
                                                       du bruit qui pense...

Et hop ! Une autre... Après le Marcel, voilà le vieux Victor qui y va de sa petite phrase... Ces grands hommes sont plus bavards que les piafs qui vocalisent comme aux premiers jours du monde... Tu parles Charles, ils respirent à plein poumons ( les piafs ! ), l'immobilier des nids a baissé d'un coup, et y'a plus un malfrat pour leur mettre du plomb dans l'aile... Sans compter les canards qui batifolent, les moustiques qui moustiquent ( qu'est-ce que tu veux que ça fasse d'autre un moustique à part moustiquer ou te faire choper le chikungunya ( le top au scrabble ! )...
Après, je sais pas... La  musique... On sait que le Père avait des potes musicos ( Liszt, Berlioz, Bébert le roi du piano à bretelles, et Momo, le pistolero du Si bémol * ) qu'étaient pas des manchots de la partoche, mais aujourd'hui, faudrait demander aux métalleux, fans de Lemmy, et consorts, ou de Grand Funk ( un vrai covid pour nos feuilles de choux ! ),  ce qu'ils pensent des menuets et autres sardanes...
* Si on peut plus rigoler...
Journal Confus.
J / 31.


J / 31.

mercredi 15 avril 2020

Grain de sel...

                                                        Les livres sont l'oeuvre
                                                        de la solitude, et les enfants
                                                        du silence...

Je sais pas vous, mais moi, j'aurais jamais trouvé une pareille tournure. C'est torché, et définitif pire un discours de Fidel à la grande époque... Entre deux débats sur la pénurie de masques, et nos aînés qui feraient mieux de s'occuper de leur prostate, plutôt que de gambiller sur des chemins interdits (Ca n'a pas de sens ! Ndlo ), c'est notre Marcel national qui m'a soufflé cette jolie formule.
Moi qui ne suis pas le dernier quand il s'agit de bafouiller des aphorismes à deux balles, j'aurais jamais imaginé une telle pirouette. Faut dire à ma décharge (publique) que j'ai beau chercher, je ne retrouve jamais le Temps Perdu, et je suis pas fana des Madeleines ( sauf celle du Grand Belge bien sûr... )
Bien à vous.
Journal Confus.
J / 30.

J / 30.

mardi 14 avril 2020

Il advint que, lassés par trop d'enfermement, trop de discours alambiqués de notre Petit Timonier, ( le Grand aurait mis tout le monde en cabane, et pis c'est tout ! ), les autochtones de la contrée se mirent à cavaler comme des lapereaux apeurés qui sentent planer au-dessus de leurs oreilles l'ombre du grand prédateur. Les jambes à leur cou, et l'oeil aux aguets, pour éviter les perdreaux qui sanctionnaient d'un coup de bec rageur les contrevenants, la fine fleur de la populace (?) se rua dans les ruelles autour de la grand'place où la statue du Grand Homme se faisait tartir de ne plus voir de mioches piétiner les parterres de fleurs que nos glorieux cantonniers entretenaient vaille que maille ( à l'endroit ) au péril de leur vie, et de leurs points de retraite...
On vit les dernières boutiques restées ouvertes prises d'assaut par des bandes de chevelus, de poilus, d'hirsutes malotrus qui, soyons francs, puaient un  peu des arpions et des d'ssous de bras, de s'être éloignés si longtemps des lieux d'aisance, de ces temps bénis où les savonnettes et autres froufrous étaient de rigueur, et en vente libre dans les officines recommandées par un "Petit Futé " qui ne s'avérait pas très malin en ces temps difficiles... Bref, ça sentait l'écurie, le foin mouillé, les flatulences rendues anxieuses par les fayots, qui inondaient les rayons des super-markets...
Cette populace, canaille et vermine confondues,  piétaille qui jadis, braillait au poulailler des théâtres,  et aux concerts de Vincent Delerme ( la plèbe n'apprécie que les guitares qui font du boucan, les gueulantes à Joonny, les colliers de chiens, et plus rarement, les triolets de Madame Maria, la divine, qui il faut le dire sort de la Norma-lité ) rua dans les brancards d'une charrette déjà bien abîmée... Tombés dans le ruisseau ( la faute à Jean-Jacques ), assoiffés du sang impur de nos sillons, tous les marmiteux, les calamiteux de la place (?) bousculèrent comme un seul homme les gestes barrières, firent sauter les masques, et entamèrent  une danse du scalp à faire pâlir le vieux Custer... Une carmagnole à faire danser les Sans-culottes, et votre serviteur qui ne rechigne pas quelquefois,  à sautiller sur un petit mambo de derrière les Mariachis...
Il advint que le prédateur ( voir plus haut ), et nous parlons ici d'un méchant virus sans foi ni loi, chopa la trouille devant cette bamboula, et se retira au milieu des rires et des quolibets d'une foule toute heureuse de voir ré-ouvrir les trocsons, les épiceries fines, et les maisons de plaisir (?) qui lui avaient tant manqué...
Ceci est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes,
ou ayant existé ne que serait que fortuite.
Contes à rebours. 
J / 29.

lundi 13 avril 2020

Ce matin, je me réveille avec des rêves plein la nuit, le chant du coq, et un petit air frisquet sous la nuisette,  parce que j'ai oublié de fermer les fenêtres...  Le foutu volatile, on parle ici d'un gallinacé qui  se fout pas mal de la pandémie et fait son boulot, comme celui perché au-dessus du clocher de l'église, lance son cri de guerre à la va comme j'te pousse, au milieu des poulettes effarées qui trouvent qu'il est un peu tôt pour faire des galipettes.... Le mastard dévale la gamme de do à toute blinde... Son père, disparu tragiquement dans une gamelle de Chevrey avec trois carottes et quelques lardons, l'avait prévenu " Fais le job gamin, où ça finira mal ", du coup, pas besoin de réveil... Je ne sais pas s'il piaule trois fois, et renie qui que se soit, comme le Pierrot de la fable, mais le bougre est balèze dans les aigus...
Je m'allume un caoua, et me décide pour une cibiche roulée du bout des doigts, en comptant les maccabs de la journée d'hier... Tu parles d'une sinécure ! Chacun fait ses comptes dans son coin en espérant n'être pas sur la liste... A vous dire franchement, je vous raconte des blagues... Depuis les sinistres attentats, la mort de Joonny, et l'élection de Miss France, j'évite les reportages à rallonge des tsf... Ca me fatigue... Alors compter les moribonds, vous n'y pensez pas... Surtout qu'après le machin, on va se fader les municipales, les réactions en chaîne des politique de tous poils, la relance de l'éco, et la reprise du championnat... Faut s'armer de patience, et tout repartira sur les chapeaux cabossés des roues crevées...
J'entends au loin, les poules qui pondent, et me décide à chercher les oeufs... C'est Pâques, que voulez-vous... Du coup, ni une, ni deux ( pas même trois !),  je repense au papounet François que j'ai aperçu hier, tout seul au milieu de la sacristie, à se faire des cheveux quant à la recette de la quête du Dimanche, au milieu des agneaux qui se fendaient la poire, tous contents, d'échapper au gigot, et aux quarante gousses d'ail du Lundi ( les vampires aussi sont contents, mais c'est une autre histoire )  " Y'aura pas d'miracle ! "  soupire le brave homme en tripotant ses burettes...
Le temps d'enfiler mes chaussettes, Ennio m'a mis dans la tête la B.O. d'Il était une fois dans l'Ouest... Vous vous souvenez, l'harmonica et les caches-poussière... On n'a pas chômé depuis... On en a vu des choses et des pas mûres... De là à s'imaginer qu'on finirait avec des autorisations de sortie, Madame Soleil en aurait avalé sa lune...
Sur ce, je vous quitte, je vais à la boulange, me gaver de pâtisseries... L'ennui rend boulimique...
Restez chez vous.
Journal Confus.
J / 28.

dimanche 12 avril 2020

J'ai abandonné le rock. Comme on laisse derrière soi une vieille pelure trop portée sur les souvenirs, un paletot usagé qu'on aimait beaucoup, mais qu'au fil du temps on délaisse, faute de ne savoir plus retrouvé les notes, et l'Electric Ladyland qui nous avaient tenu si chaud les hivers de disette... En moins de temps qu'il n'en faut pour se moucher dans son coude, j'ai renié toutes les galettes mythiques de la fin des Sixties, mis au pilon les valeureux Pionniers, les Bluesmans du bayou, de Chicago, ou de Détroit... Leurs héritiers, les petits blanc-becs, devenus l'espace d'un instant des Bluebreakers, n'échapperaient pas au massacre, comme  les aboyeuses jazzy que j'avais tant chéri... Finiraient tous au fond des molochs en bas de chez moi...  Croyant bien faire, j'ai donné tous les chapeaux à plumes hippies de la Côte Ouest à des morpions qui rappaient un drôle de langage. Les morveux se sont empressés de piétiner ces années fleuries, révolutionnaires. Ignorants de T. Leary et consorts, ânes bâtés devant le Velvet ou les Doors, ils brûlèrent sans vergogne le " Cheap Thrills " de Monsieur Crumb, pourtant au panthéon des emballages cartonnés chez les disquaires ( espèce disparue pour les plus jeunes )...
J'était triste, mécontent de cet autodafé musical... Depuis que cette saloperie avait rétamé la moitié de la planète, nous agissions pire les damnés de Dante, faisions n'importe quoi pour sortir de cette solitude sans autorisation...
Rentré en cellule, j'ai repris ma playliste des Quatuors de Ludwig,  frôlé des cantatrices en Verdi...  Je'ai murmuré quelques Gymnos au vieux Satie, quelques Variations à J.S.B, esquissé un Boléro avec Momo, mais le coeur n'y était pas... Pour clôturer le débat, ultime déviance dans une vie bien rangée, j'allais ignoré le Boss qui faisait de grands signes au bord de la Rivière, et mes Vieux Cailloux qui n'avaient plus un poil sur le... Fallait se faire une raison. Plus jamais, on ne me verrait " on the road " tenter le duckwalk du vieux Chuck... Les partoches rangées, et l'âme tiède, j'ai chargé le vieux fusil de R. Enrico...
Il faut une fin à toute chose...
Coromusic.
J / 27.

1965.


Il est trop tôt pour savoir ce que racontent les donzelles... Elles sentent pourtant bien que quelque chose bouillonne dans la marmite. L'été sera chaud... Jugez un peu...
- " Out of our heads " parce que " Satisfaction " se répand sur toute la planète comme un virus, et que Brian est vraiment trop chou...
- " Higway 61 Revisited " parce que Bobby déterre la hache de guerre...
- " Help ! " Parce que petit Paul accouche d'une chanson qui devient une véritable pandémie, et que l'une ( ou peut-être les deux ), adooooooooore ce gentil Ringo...
On n'a pas fait mieux depuis.
Joyeuses Pâques...
J / 27.

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samedi 11 avril 2020

                                                           Chers cousins,


     Je ne sais si vous recevrez ce message avant que notre soleil ne s'éteigne, mais je vous livre quand même quelques nouvelles de notre grand voyage. Nous avons laissé derrière nous Neptune et Pluton, pour nous diriger tout droit vers Alpha Centauri, et tous ses mystères qui font cruellement défaut à notre imagination. Contrairement aux idées reçues, nous n'avons aperçu aucune forme de vie qui nous ressemblerait un peu... Nous avons bien croisé quelques créatures martiennes, mais vous le savez, elles font partie aujourd'hui, de nos colonies, et restent parquées dans nos camps de travail. Je ne vous étonnerez pas en vous disant que nous avons perdu quelques membres d'équipage, vieillis prématurément, ou disparus en voulant faire les zouaves dans la ceinture de Kuiper... Les z'hommes sont d'incorrigibles garnements que voulez-vous, toujours à braver des forces qui les dépassent...
    En parlant de vous, chers humains, il semblerait ( vu de très loin ! ) que votre petite planète se porte mieux. D'après nos calculs  votre " orange bleue " retrouverait un peu de souffle... Vos animaux seraient moins tristes, et des chants d'oiseaux plein de couleurs, remplaceraient désormais les klaxons enfumés, les moteurs atomiques, les centrales à explosion ( ou l'inverse ) qui faisaient votre quotidien. Vos querelles de clocher seraient terminées (pour un temps, soyons en sûrs),  et votre ciel vide de toutes scories... Seriez-vous devenus plus sages ? Plus frugaux dans votre maniaque besoin de destruction ? A moins qu'une inconnue nouvelle ait fait dérapé votre sordide équation ? Il est trop tôt pour le dire, mais il nous semble que vous avez subi une catastrophe humanitaire qui laissera des traces dans votre destinée. Qu'elle puisse vous servir de leçon. 
Nous qui ne reviendrons jamais de ce périple, nous aimerions garder de vous une image dessinée comme un mouton dans un désert pour enfants...
Chers cousins, vous restez dans mes pensées, et je vous souhaite bonne chance pour l'avenir....  
Avril 2058. Calendrier terrien.
Contes à rebours. J / 26.

vendredi 10 avril 2020

Actu.

Il se murmure dans les arcanes du politbureau que l'on pourrait différer la remise en liberté des plus de soixante-cinq quand les nimbus auront trouvé la potion magique pour niquer le machin, au motif de les protéger, de les empêcher d'arpenter les trottoirs, le caddie à roulettes en bagarre avec deux salades  et trois poireaux... Quand on sait le temps qu'il leur reste avant d'éternuer dans le sac, me semble qu'on pourrait les laisser tchatcher peinards du temps qu'il fait, des enfants qui vont bien mais qu'on voit pas souvent... Et que " c'était quand même mieux avant " cette saloperie qui fait tousser jusque dans le confessionnal d'où le Bon Dieu s'est tiré en se lavant les mains de tout ce bazar... Nous a juste laissé les clous, le salupiau ! D'accord, ils postillonnent, brandouillent du dentier plus que la moyenne, clopinent clopan,, et béquillent sur leurs tiges bancales, mais nul n'est parfait... Regarder les minots, toujours à s'envoyer leur fiole sur leurs écrans en folie en machouillant du rap... Vous croyez que c'est mieux ? Et les jeunes cadres dynamite qu'explosent sur leurs trottinettes z'ont pas plus l'air con qu'un ticket de loto perdu ?
Et pis, les protéger... Mais de quoi, je vous le demande... Quant on a connu Yves Mourousi, Drucker jeune, Raymond Barre,  Dalida et Enrico, premiers au hit-parade, on est vacciné pour la vie... C'est pas un t'it virus qui va leur perturber le métabolisme... Depuis ce fameux mois de Mai, ils sont immunisés les baudets...  Bon, j'admets, économiquement, faudrait pas que ça dure... Les mathulasem ne servent pas à grand-chose... C'est des bouches à nourrir qui grignotent sans cesse le PIB de notre pays de fromages et sauciflards... Faudra mouiller le paletot pour renflouer les actionnaires, remettre en route la makine, mais encore une fois ( c'est la dernière !) c'est pas les prochains bouffeurs de pissenlits qui vont sauver la mise à Manu...
La solution serait peut-être de les envoyer chez Mickey faire du manège, et manger des barbes à papa, de les promener dans des bus, qu'ils fassent le tour des monuments, et des châteaux qui vont pas fort en ce moment. Les tamalous y z'adorent ça... Seraient pas plus heureux, mais au moins, ils prendraient l'air...
J / 25.

jeudi 9 avril 2020

Madelon...

Voilà que notre Roro fait la tronche. Plus de chopines dans les rayons... Ca fait un flop terrible dans sa tête, son foie ne fait qu'un tour et hurle au scandale... Les pâtes, les riz, et le farine, il s'en fout, le maraud... S'il le faut, il bouffera des croquettes... Mais la bibine... Les Lacrima Christi de derrière les fagots... Le pif qui vous chauffe les oreilles, le petit vinaigre qu'est pas du jus d'navets... Le pinard des poilus, les communards qu'on sifflait avec le calabrais aux comptoirs en sciure d'un patelin oublié, en parlant de Bébert, le greffier qui avait fait toutes les campagnes... Et le tord-boyaux, le picrate, le bistrot à Tonton ( Dans un coin pourri... ), le Pétrus à Pierrot, les roteuses qu'on sabrait en prenant des grands airs... " Le pt'it jaja pris sur le pouce par la grosse Berta qui nous pousse, quand elle voit que Riri la poisse va dégueuler dans ses godasses...  Il pense à ses congénères qui s'étiolent goutte à goutte près d'une bouteille de piquette,  craignant déjà la soif de Tantale, et les crises de bestioles... Perdrons-nous un jour le goût de chaussettes du beaujolais nouveau... Roro s'inquiète de ne plus croiser de pifs rubiconds, de bedaines nourries au houblon... Il voit des blondes au fond d'un verre, des brunes qui piquent, et des rousses ambrées que l'on mélange avec du schnaps pour corser l'affaire...
C'est quand même des produits de première nécessité, non ?
S'en est fini des banquets où les ivrognes poussaient la chansonnette quand ils avaient un coup dans l'aile, des meules qu'on mouillait avec quelques coquins, des chaussures à bascule qui arpentaient les trottoirs qui tanguaient... Finies les engueulades autour de la politique, des canassons, et du valet d'atout, qu'il fallait que tu le mettes sur son as de pique, merde !
Y'a même plus de Madelon pour nous servir à boire...
Contes à rebours.
J / 24.

mercredi 8 avril 2020

Glandeur nature.

0 800 008 180
                     T'aurais pas pris un peu de bouteille ? J / 23.

¤ Le premier jour, il cessa de boire ¤  Le second, il arrêta de fumer  ¤
¤ Le troisième, il n'engueula plus sa femme, et ses enfants  ¤  Le quatrième, il se mit au sport, devint végane, et adopta un chien battu  ¤
¤ Le cinquième, il fit l'aumône au clodo, et pria longuement dans la petite chapelle ¤
¤ Quand arriva le sixième jour,  il se sentait en pleine forme ¤
¤ Le septième, il disparut sous un respirateur. On ne le revit jamais ¤
¤ C'est ballot...
Contes à rebours.
J / 23.

mardi 7 avril 2020

Il était bien nigaud... Fait comme un rat dans la souricière.. Escroqué comme Job par le Tout-Puissant... Il avait échappé, au cours des siècles, à la peste, au choléra ( il n'avait jamais su choisir... )  avait résisté aux épidémies de variole, de rougeole, à toutes les saloperies infectieuses, à la grippe espingouine, à l'asia-tic... Même les grandes invasions, les grandes pouilleries mondiales, n'avaient pas eu sa peau... Il avait serré la pogne du vilain Attila, roulé une galoche à Alexandre ( qui n'était pas si grand que ça ! ), échappé aux dénonciations de ses voisins, et aux amours tarifés (?),  fait un câlin au Général le jour du défilé, et fricoté avec Cléopâtre et toutes les ribaudes de la place de Grève, les pierreuses du Chabanais, sans même choper une petite vérole, ou une chaude-pisse, courantes en ces temps de neiges d'antan (?). L'avait même partagé les seringues avec Jimi, et Amy, des qui rigolaient pas avec la santé, sans que ça l'effleure... Vous dire le bestiau !
La rage, la tuberculose, le palud'hisme ( de Panama, pardon... ) avaient glissé sur lui, comme la critique des lecteurs - qui sont toujours à se plaindre - glisse sur votre serviteur...
En ces temps troublés par le Covid, voilà qu'on lui diagnostiquait une t'ite appendicite qui faisait marrer tout le monde... Vraiment pas de bol ! De quoi faire bidonner toute la contrée ! Un machin qui pourtant ne rigolait pas, foutait le feu au colon ( Ah ! la fille du colonel ! ), qui sautait allègrement les barrières, bousculait les convenances, pire des mégères le premier jour des soldes. Il aurait pu se faire un trauma à la caboche, chopé un rhume des foins, ou perdre quelques ratiches en rage, tout le monde s'en battait le corona. Sûr que les carabins étaient contents... Ca les changeait de la routine des respirateurs, et des ehpadistes ( ? ) qui tombaient comme des mouches. N'empêche,  l'arsouille aurait beau se confiner, il laisserait un morceau de sa couenne dans cette histoire... L'aurait mieux fait de se moucher dans son coude... Bon, il aurait attrapé la mouchcouda, celle qui laisse de la morve sur le paletot, mais c'aurait été moins grave....
Contes à rebours.
J / 22.

lundi 6 avril 2020

Actu.

L'avantage du masque ( s'il arrivait qu'on nous oblige à le porter, même par mauvais temps ) c'est qu'il cache avantageusement les pifs persillés, les bouches tordues, les crocs pourris, les mentons mal rasés ou en galoche, les nez en trompette, et les becs de lièvre - bon, y'a la moustache pour ces derniers... - et ne me dites pas qu'une belle paire de bacchantes n'est pas plus seyante qu'un morceau de torchon vert ou bleu caca, posé comme une truffe de canard sur le tarin du pékin, je ne vous croirais pas... On peut supposer aussi, qu'il filtre la goutte au nez, la morve jaune pipi, et l'haleine de dromadaire aviné dont nous faisons profiter nos voisins quand nous poussons la chansonnette pour remercier nos soignants, et Gisèle la péri du coin qui se donne bien du mal pour éviter le chômedu... Vous allez me dire qu'on va pouvoir faire des grimaces avec les yeux, des concours de sourcils, et les déplumés auront beau jeu de s'astiquer le cailloux pour le mettre en valeur... Mais c'est quand même moins drôle que de tirer la langue ou de montrer les crocs aux pandores quand ils ont le dos tourné, avouez !
D'un autre côté, c'est chiant pour remplir nos éponges de goudron, ou pour rouler une pirouette à Marinette ( une tradition qu'on finira par oublier, vous verrez ! On finira tous plus tristes que les membres du Parti Chinetoque, qu'à les regarder, tu vois bien que c'est pas des marchands de sourire ).
Je garde le souvenir des Rapetous de notre enfance, du Concombre cher à Mandrika qui eux, se le mettait ( le masque ) sur les yeux comme Zozo le Vengeur ( masqué )... En tout cas, affublés de notre bout de tissu, la langue pendante,les binocles embuées, on sera beaucoup moins rigolos que les gugus de BD.
C'est dommage. Ca nous aurait fait rire un peu (?)...
J / 21.

dimanche 5 avril 2020

Mise au poing...

Bon... Tu nous casses les mandibules, et puis bien d'autres choses,  avec tes Contes à dormir debout... Ton virus  commence à nous les briser menu ! Comme ce Moustachu k'on cé même pas ki cé ! dont tu nous rebats les oreilles à grands coups de points d'interro... Doit encore dater de Mathusalem, ce pingouin ! Franchement le gonze avec ses mirlitons, sa Jeanne qu'a perdu sa canne (cane ?),  et ses idées qu'on irait pas mourir pour, il date un peu non ? Comme les Cailloux qui roulent on ne sait où, que tu nous balances à tout bout de chant ( champs ? ), et le t'it frisé Bob Nobel... Toujours les mêmes rengaines... Le blabla des seniors qui ont perdu une oreille, et s'abîment l'autre in the noise and the fury *
Honni soit qui mal y pense ! S'il vous plaît...Ne soyez pas dissipés, surveillez votre langage, et mettez vos masques...

Revenons à nos brebis **.. On n'en était où ? Ah oui...
                                                            Nous n'irons plus au bois
                                                            les sentiers sont fermés
                                                            le Diable que voilà
                                                            ira les surveiller.
                                                            Et s'il nous surprenait
                                                            nous chanterions encore
                                                            la vieille au dos courbé
                                                            qui ramasse du bois mort.
C'est pas mieux
comme ça ?
* D'après Gougeule..
** Dans la gueule du loup.
J / 20.
   

samedi 4 avril 2020

                                                  L'existence n'est jamais à court
                                                  de marches quand il
                                                  s'agit de les dévaler... *
                                                  Faut seulement faire gaffe à
                                                  ne pas lâcher la rampe... **
* R. Jeauffret.
** Bébert Montenl'air.
LAVA PAS BO ( Beau )
Connexion Particulière.
J / 19.
.

vendredi 3 avril 2020


Alors qu'ils rêvaient d'immortalité, de transhumanisme, et de voyages dans les planètes lointaines, ils ne trouvèrent qu'un coeur froissé dans le sable, possible fossile d'une humanité disparue, ou trace ultime d'un amoureux transi...
Il leur fallu réapprendre à domestiquer les bactéries, le feu, les machines à vapeur, et la bombe à neutrons.
- On verra bien ce que ça donne... dit Homo, la mine renfrognée...
Sapien opina du bonnet (?) en pensant à tout le chemin qu'il restait à faire...
Contes à rebours.
J / 18.







jeudi 2 avril 2020

Sur une patte.

Nous sommes descendus en ville, voir si le Diable y était... Non pas que nous ayons une sympathie particulière pour le bonhomme ( coucou Mick ! ), mais l'insolence avec laquelle il avait tiré les manettes du bazar nous laissait perplexes... Qu'est-ce qui avait poussé le Cornu à mettre la pagaille dans un poulailler qui, même en temps de paix, ressemblait à l'Enfer... Demandez aux migrants, aux sans-abris, aux femmes battues, aux réfugiés Syriens, à tous les déplacés du monde, aux enfants qui mangent de la terre... J'en passe et des moins bonnes...  L'était pas obligé d'en rajouter une couche le vilain... On était capables de pousser le curseur vers l'infamie sans avoir besoin de personne...
En traversant le pont, Clorure, m'a montré des canards qui se volaient dans les plumes pour une question de femelle ou de territoire ( les bestioles son pires que nous ! )... Les sinistres volatiles, les palmes pleines de saloperies que transportait la rivière à dos de chameau (?), se bastonnaient pour tout et rien : L'un voulait une place dans la file, l'autre râlait parce qu'il était boiteux, sans retraite, et système de santé convenables,  quand le troisième, sans doute le plus revendicatif, réclamait la suppression immédiate du magret grillé au miel côté peau... Comme nous, je vous dis...
J'ai repensé à la jeunette Greta, la passionara de nos gamins qui nous reprochent nos folies, notre inconséquence, faites à la planète au nom d'on ne sait trop quoi...  Il y a longtemps, elle avait porté dans toutes les assemblées une parole moquée par les uns, adorée par les z'ôtres ( comme toujours ! ). Est-ce que ce charabia était une prémonition d'avant le grand bazar ? Je n'en savais rien... Trop de choses s'étaient passées depuis...
J'ai aperçu le héron cendré qui niche dans les ruines de la centrale. Il se tenait sur une patte.
Comme nous.



                                                                 ... / ...

... / ...

Je ne sais pas si j'ai bien fait. Je l'ai prise par la main, et l'ai emmené sur le chemin de hallage, qui longe les restes de l'usines chimique qui a brûlé l'été dernier, dégueulant dans le canal un tas de saloperies que les grenouilles n'ont pas digéré... Les poiscailles non plus d'ailleurs, qui ont fini ventre à l'air sur les berges, là où d'habitude, les pêcheurs usaient leur popotin sur des strapontins inconforts... Elle est partie jouer entre les barils pourris, à la recherche d'un trésor, disait-elle, a grimpé sur la grue calcinée pour voir le monde... J'ai dû intervenir quand elle a voulu se lancer du haut de la plate-forme, pour apprendre à voler... Les enfants, c'est bien du souci, disait ma vieille mère... Toujours à ignorer le danger, à traverser hors des clous, et à rigoler parce qu'une mouche se pose sur le bord de leur nez... 
J'aurais voulu lui montrer quelques brins d'herbe, quelques fleurs sauvages, un envol de canards, lui faire entendre le chant d'un piaf, lui raconter l'histoire de Jonathan le Goéland, mais bernique et coups de trique... Impossible de trouver la moindre respiration dans ce poumon flétri...J'ai pensé à tous nos voisins, enfermés chez eux, rendus foldingues de solitude, prêts à mordre, si une fillette frappait à leur porte... Me suis demandé si on n'avait pas poussé le bouchon un peu loin... 
                                                                FIN.
Contes à rebours.
J / 17.

mercredi 1 avril 2020

                                                           Si les vivres commencent
                                                           à manquer,
                                                           On tirera à la courte-paille,
                                                           et on bouffera la mousse...
La Biche.

Bien sûr que c'est une mauvaise blague, un vilain bobard....
Dans des temps anciens et rigolards, la téloche ou les canards annonçaient des ribouldingueries à l'occasion du 1er avril. En général on changeait de place la Tour Eiffel ou on annonçait la naissance d'un mouton à six pattes. Ca ne portait pas à conséquence...
Aujourd'hui, s'imaginer qu'on va aller baguenauder sur les boulevards avec les membres du P.S. c'est doubler la mise, question blague...
Courage !
J / 16.


 H                                                                                                           U                              ...