jeudi 31 mars 2016

HATSUNE

Il se pourrait qu'une chanson flotte dans ma tête. Une rengaine légère et tenace comme les stratus qui s'effilochent dans le bleu d'un ciel d'été, traînent au-dessus des soirées chaudes où les hommes-parasols prédisent l'orage, leurs jambes fragiles posées autour d'apéritifs indolents. Ils ont beau jeu les hommes d'ignorer les saisons à venir... Mais c'est leur façon d'être... Leurs éphémères pensées se bousculent dans l'instant. Se cognent contre les murs en mousse d'un espace qui rétrécit de jours en jours. Ainsi va leur vie de joueurs de banjo près de la voie ferrée,  au bord du précipice...
Jouée - doit-on dire chantée ? - par Hatsune Miku, cette poupée virtuelle qui envahit les écrans de la planète, hologramme virtuose pour certains, objet de fantasme pour d'autres ou simple truc en plastoc pour ceux du camp d'en face,  cette " application de synthèse vocale " tourne sans cesse sur mon manège de chevaux de bois, me signifie de sa voix de fausset et de ses prunelles en amande - si vous regardez bien, le même éclat scintille sous ses longs cils  toutes les minutes comme un rappel à l'ordre - que sachant à peine tenir sur mes dix doigts, me voilà déjà inscrit à l'inventaire d'une brocante. L'impression d'être un machin de mauvais goût... Vous savez... Ces cendriers taillés dans un faux cep de vigne , ces napperons en dentelle un peu jaunie qui dorment sous la photo des parents prise en 1960 sur la plage du Touquet.. La commode rococo et le service en porcelaine où l'Angélus de Millet s'emmerde entre deux morceaux de rôti... A l'opposé, des vidéastes aux cheveux bleus projettent sur des écrans alpha-numériques des chimères que leurs Grands Ancêtres réalisaient déjà avec des bouts de ficelle. La Joconde à moustaches ou le Chien Andalou rivalisent avec les arabesques de Hatsune. L'art ne s'invente plus. Il se malaxe avec d'autres matières. C'est tout.
Mais la question reste posée. Aurais-je un jour le charme d'une vieille cafetière...


mercredi 30 mars 2016

BLOGGER VOYOU...

MECHANT ET ANONYME. Je suis connu dans la contrée pour avoir, un après-midi de beuverie, grimpé sur un engin de travaux publics et défoncé la vitrine du magasin de chaussures, qui a toujours des articles en solde et de jolies godasses orthopédiques en devanture. Ça m'a valu, vous vou'z'en ( Je m'en lasse pas... )  doutez quelques problèmes. Un séjour en cellule en compagnie d'un rebeu qui marmonnait " Nique la police "en guise de sourate, d'un prêtre défroqué ( néanmoins intégriste ! ) et d'une Marie-Madeleine qui m'a-t-on dit, figure en bonne place dans le Nouveau Testament aux côtés de Kim Kardachiant et du défunt Steve Jobbs qui fit beaucoup pour nous permettre de répandre  nos conneries sur la toile comme on arrose la pelouse un soir d'été avant l'apéro. Si ce n'est que le gazon reverdit et nous invite aux galipettes tandis que nos bètises, souvent, sentent fort le moisi, la crotte de bique, protégées qu'elles sont par l'anonymat des internautes. Les brigades anti-mauvaises odeurs tentent bien de juguler le débit du machin, d'envoyer quelques jolies pipeules ( refusé ! ) twister **  sur le rézo, histoire de parfumer un peu les zozos de déclarations rigolotes et de nichons siliconés...  Mais c'est pas gagné...  Pire que de chercher un coiffeur digne de ce nom ou un grain de riz en Corée du Nord...
Où j'en étais moi.. J'ai dû sauter un paragraphe... Ah ouais ! Quittez pas, je vous reconnecte...  Après une croisière mouvementée qui me conduisit  de la case GAV aux frisottis d'un procureur à moustaches, un drôle de paroissien en robe qui anéantit d'un coup de maillet un avenir plein de promesses en me faisant les gros yeux, m'envoyant sans états d'âme curer les fossés et ramasser les feuilles du patelin sous les quolibets d'une foule toujours en manque d'émotions fortes et de baudet sur qui taper, je décidai de ne plus picoler ( enfin en public ) de m'acheter une conduite ( pas chère ! ) et de créer un blog ( ? ) où je pourrais raconter mes déboires, ce qui me vaudraient soyonz'en sûr, une rédemption bien méritée et une notoriété non usurpée... Je m'aperçus bien vite qu'à part quelques moujiks de Prusse Orientale et Madame Bobinneau, laquelle faisant partie intégrante du gourbi est bien obligée de faire l'effort,  mes lecteurs ne se bousculaient pas au portillon... Je décidai alors " toute honte bue " ( tiens.. tiens... ) de changer de cheval... De me recycler dans l'envoi de lettres de dénonciations, anonymes et pas signées, envoyées aux quatre coins du pays. J'expédiai des manuscrits illisibles, plein de gros mots, de fautes d'orthographe et de pets foireux qui encombrèrent les boites postales et causèrent des maux de têtes aux facteurs... J'insérai des prospectus remplis d'obscénités, des parchemins recouverts de prédictions Amérindiennes, des sacrifices Incas d'avant les conquistadores, des rébus en nove-langue dans des enveloppes cachetées ( Toujours sous le sceau du secret ! ) qui firent pâlir les guichetières des Centres des Impôts et mirent les gabelous aux abois.. On raconte même qu'une de mes bafouilles atterrit sur le bureau du Président, lequel, occupé qu'il était à chercher la clef de la valise nucléaire, déclara que ces broutilles n'influaient nullement sur la courbe du chômage et ne valaient pas une paire de croissants chauds...   Tout ce fatras inonda les  diverses administrations du pays, les institutions religieuses, communautés urbaines, bars louches et maisons de plaisir, associations kulturelles et sportives, les églises, les mosquées et tous les moulins à prières, pour finir je ne sais pas trop comment ( coquin de sort ! ) dans la boite mail de notre procureur à moustaches qui me convoqua, me déclara récidiviste, plaie pour la société et anéantit d'un coup de maillet mon goût pour la délation et l'écriture...  Procureur aperçu quelques phrases plus haut ( pour les distraits ! ) qui contrairement à un certain P.P. ne se lava pas les mains de l'affaire, ce qui augure une triste fin pour mon blog préféré et mes bafouilles anonymes !
C'est ballot non ?
** Twister : Action consistant à se trémousser le joufflu et à se mettre les pinceaux en huit au début des années soixante. 




mardi 29 mars 2016

AVERTISSEMENT

Il est inutile de me traiter de

VIEUX CON... J'étais CON bien avant

d'être VIEUX.

ARTHUR

Que je vous raconte... Faut bien que quelqu'un s'y mette... Reprenne le flambeau de ce bon Decaux qui a quitté le banc de l'Histoire d'où il nous racontait comment Charles Premier enfilait ses chaussettes et pourquoi la belle Maryline était tombée dans les bras du Vieux Albert entre le vase de Soissons et la Bérézina... Je sais c'est confus, mais je suis pas académicien moi ! Déjà que je me force à tirer sur la pelote...   Mais il va nous manquer le coquin,  le soir, près de la TSF...
Bref, Dimanche après la messe et le gigot à l'ail ( pas moins de vingt-quatre gousses svp ! ) voilà que je tombe ( sans gravité heureusement ! ) sur un doc consacré à un gugus dont le blaze me plaît bien...  Arthur " Killer " Kane... Arthur comme Miller ou Rimbaud, Killer comme Sérial et Kane comme Citizen avouez qu'il y a de quoi mettre de la confiote sur sa tartine...
Comme sur la chaîne à Robert ( Sundance Channel ) - Un machin regardé par trois pelots dans le pays, votre serviteur, une jeune fille au pair du Nebraska et le dirlo de la Cia - tout est en amerlok et que le sous-titrage est aléatoire, je comprends pas tout... Je vois seulement un grand échalas... Des airs de Pierrre Richard, mais pas rigolo, dégaine de témoin de Jéovah qui a tourné cul-béni mormon virulent ( voyez on n'est pas si loin ! Foutues croyances ! ) après avoir mené une vie de patachon dans un groupe de rock... On suppose à sa trombine tout de traviole, à ses airs de Pierrot lunaire,  que dans sa jeunesse ce type-là n'a pas connu la médecine préventive et qu'il a fréquenté des seringues qu'étaient pas recommandées par le Conseil de l'Ordre... " Sexe an drugs and... " chantait le petit Ian... Que voulez-vous, c'est bien du gâchis toute cette belle jeunesse tombée dans les griffes de Satan ( Un vil suborneur aussi !)...
Zut de zut ! que je me dis entre deux rotous ( sûrement l'ail qui remonte ! ) Mais c'est bien sûr... Ce garçon a oeuvré comme bassiste dans les N.Y.Dolls... Véritables rockers ou poupées débraillées, maquillés pire que le beau David dans sa période trans, ces gars ont défrayé la chronique et faillit nous faire oublier Mick et sa bande... Quelques heures seulement... Les voilà qui reviennent pour un concert à Londres ( On est en 2004, rappelez-vous c'est de l'histoire ! ) amputés de quelque membres ( Johnny and Jerry ), bedonnants, au bord de la syncope après trois accords, aidés quand même par deux Libertines qui cachetonnent la tête ailleurs... Mais finalement, c'est pas si mal...  Et pis, à part quelques maniaco-dépressifs, quelques reliques qui portent encore boucles à l'oreille et tatouages sur les biceps, quelques spécialistes de champignons hallucinogènes toujours à la Manoeuvre ( t'inquiètes, je me comprends ! ) qui se souvient de ces gonzes... Voulant pas être en reste, je réécoute " As Tears go By " version live de Johnny Thunders... Quel charabia mes enfants ! Demain, si vous êtes encore présents, je vous raconte l'épopée " D'Auprès de ma blonde " un groupe qui fit les beaux jours des maisons de retraite et enregistra sur le tard un album intitulé " La vie n'est pas cirrhose " tout un programme...
Joyeuses Pâques
L'Oreille Oubliée.

lundi 28 mars 2016

GARDE A VUE ( HAPPY END )

On ne saura jamais comment finit l'histoire... On peut supposer qu'au chapitre Huit, lassé par le bla bla du vilain Kommissaire, le présumé suspect prenne la poudre d'escampette, profitant d'un moment d'inattention du flicaillon... Ce qui, vous l'avouerez est une façon futile de terminer un récit aussi palpitant... Plusieurs solutions s'offrent néanmoins à nous pour clôturer cette gentille chronique qui soyons-en sûr ( Ou soyon'zen ! ),  restera dans les annales judiciaires...
- Rendu fou par les parlotes du pandore, notre héros avoue entre deux crises de larmes, qu'effectivement, il n'est pas indiffèrent aux charmes de l'ukulélé et de la cabrette, joués par la fanfare de St Frusquin tous les quinze juillet ( Le quatorze étant férié ! ).
-  Qu'il a bien évidemment des relations cordiales avec la caissière du super-market qui lui fournit gratuitement des petits sacs à mettre dans des grands sacs, ce qui facilite grandement les allers-retours entre le hall d'entrée et le pigeonnier..
-  Que le brigadier Blondin, abandonné de tous, remisé aux archives,  s'en retourne au fond de l'écran plein de sable et de cactus, devient réalisateur de cinoche, oscarisé,  accompagné de sa maîtresse ( La traîtresse... ) qui se spécialise dans la fabrication des tacos et autres saloperies qu'on bouffe au Nouveau-Mexique et vous donnent la tourista...
- Que les deux baudets après une altercation musclée issue d'un différent sur la meilleure façon de faire passer le temps, se retrouvent à la terrasse du Panier Fleuri autour d'une pizza bien méritée avec Roro le Manchot et Ignace Perfide... Deux gars qui faut toujours qu'ils soient dans l'histoire, même quand on les invite pas... Bande de rapaces..
- On ne saura jamais où est passé le cadavre ! C'est une imposture ! s'écrie un lecteur chafouin... Pas une seule goutte de sang, de sueur et de larmes, pour paraphraser ce bon Winston - nous pourrions ajouter un peu de sexe, chose qui s''avère payante dans les bafouilles à quat'sous - rajoute un agent artistique dont nous ignorons tout., mais que nous supposons attiré par les droits d'Oteur, le pognon et les Iles qui ne seraient plus si Vierges que ça, vu le dérèglement climatique... Balivernes ! Billevesées ! rajoute Madame Bobinneau dont la présence dans ce texte n'étonnera personne... Présence superflue certes. Mais avouez qu'il eût été dommage de se passer d'une si belle personne au générique....
L'Oteur quant à lui, hésitant entre deux solutions et un suicide au gaz, se décide pour un nouveau roupillon..
Une autre nuit commençait...
P.S. Les vendeurs de gnôle et de travers de porc sont en deuil. Le vieux rénégat est parti pour les vertes prairies. Que le Grand Manitou l'ait en sa sainte garde. Jim Harrison ( 1937 - 2016 ).

dimanche 27 mars 2016

MEMORANDUM ** ( 12 )

** Note de service adressée à une ou plusieurs personnes pour leur rappeler, leur notifier quelque chose. Parution tous les Dimanches avant le chant du coq ou après l'apéro.
J'AI VECU PAR HASARD.
SANS MARTINGALE NI COUP DE BLUFF.

... / ... ( 7 )

J'ai dit déviantes et non subversives... C'est un bon point pour vous. Un peu d'eau claire dans le marigot où nous barbotons depuis un moment... Une éclaircie dans le ciel qui se charge... Vous voilà devenu malgré vous, un suspect potentiel dans une affaire à laquelle vous ne comprenez que couic ! Cocasse non ! Ma logorrée vous ennuie, mais vous serrez les miches rêvant ( déjà des souvenirs ! ) au petit lit douillet que vous avez quitté ce matin la cigarette au bec, loin d'imaginer que vous goûteriez aux fourches ( caudines ou pas ! ) de la justice... Des choses futiles vous viennent à l'esprit je le sais... Des choses ordinaires auxquelles on ne prend pas garde d'habitude... La petite lampe restée allumée ( vous n'étiez pas parti pour la traversée du désert ! ), le pot de moutarde oublié sur la table, quelques cheveux  égarés sur la brosse, le trousseau de clefs, la liste de vos défauts posée sur le bar, et toujours, le tube de dentifrice qu'on oublie de refermer, distrait que l'on est par l'écoute du dernier refrain à la mode... Croyez-moi, je suis confus de vous inquièter pour des broutilles ( ou pas ! ), de changer vos petites habitudes pour une enquète qui sûrement  fera pschitt comme disait l'Ex-président Chirac avant qu'il ne perde les pédales et ne se remette à fumer...  Les investigations menées par la brigade anti-moustiques à votre domicile sont plus plates que l'électro-cardiogramme de Michael Shumacher c'est vous dire... Pour être honnête, j'ajouterai que vous manquez de chance... Auditionné par mon collègue du second - Un sinistre lécheur de pompes qui vise la direction de la brigade Bang Bang - vous seriez déjà blanchi de tous soupçons, heureux comme l'agneau qui se doute pas qu'on va le bouffer Dimanche... Mais voilà, pas de bol ! Vous tombez sur un fouineur,  un type suspicieux, rempli d'aigreurs contre l'humanité à cause de sa femme, de sa hiérarchie qui l'empêche de devenir ministre, ( et de Blondin sinistre cocufieur ! ),  d'un estomac fragile et comble de malchance, qui déteste les chevelus des années soixante-dix et les guitareux épileptiques, contrairement à vous, qui m'apprend-t-on de sources sûres que je m'abstiendrai de vous révéler, fatiguez le monde avec ces années de bons à riens et leurs odeurs de patchouli..  Ma sainte famille me destinait à l'étude des oeuvres de Pierre Boulez et de Bela Bartok,  mais vu le prix des partoches et la pension de minable * que buvait mon papa,  j'ai choisi la police et n'en suis pas peu fier !
* Bruxellois aviateur.
J'ai fais une petite sieste. Au réveil, j'ai bredouillé avec Eric Clapton et Cream.
Une autre journée commençait...

samedi 26 mars 2016

... / ... ( 6 )

Bon je vois bien que mon laïus commence à vous fatiguer. Que la question pertinente du sempiternel " Pourquoi ? Quand et Comment ? " s'insinue doucement en vous. Ma psychologie et mon sens de l'observation ( Des qualités indispensables dans ce métier ! ) me susurrent qu'au vu des auréoles qui fleurissent sous vos bras, une once de culpabilité vous habite déjà... Qu'ai-je fait de répréhensible pour mériter de poireauter dans ce bureau alors que j'ai des courses à finir, une envie de pipi et que la journée s'annonçait plutôt joyeuse et pleine d'entrain...  Comme a coutume de le dire un cousin de ma femme, vous avez des épines qui vous poussent au trou du cul ! ( Je m'excuse de tant de grossièreté, mais c'est dans le texte, l'Oteur est un vieux malpoli ! ). Je vous avouerai que moi-même, je m'y perds un peu... C'est que vous n'avez pas une trombine à finir dans un cul de basse-fosse. Plutôt une bonne bouille d'honnête homme qui attire les confidences, le genre qui ferait pas de mal à une mouche, fût-elle posée sur son fromage préféré... Je suis pas loin de penser que tous les cocus du coin viennent pleurnicher sur votre épaule quand leur femme fricote avec le chef de gare ( Juste retour des choses ! ) et que l'inspecteur des impôts verse une larme quand il ponctionne votre porte-monnaie. Je me trompe ? Non pas bien sûr... ( Expression utilisée dans le Valais, qui signifie comme indiqué sur l'emballage, non pas bien sûr... Ndlo ). Mais vous le savez... Chacun a son petit jardin secret... Secrets qui bien entendu, fleurissent dans l'alcôve...  Et je subodore que vos travaux de jardinage ne sont pas innocents. Que vous binez un terreau qui n'est pas sans risque. Sous vos airs de fourmi, vous cachez une cigale... Vous vivez comme une sardine dans son huile à vous goinfrer d'idées qui sans être dangereuses pour la Sécurité Nationale, n'en sont pas moins... Comment dit-on dans le dictionnaire... Déviantes...
Trop fatigué... La suite demain.
Une autre journée commençait...

vendredi 25 mars 2016

... / ... ( 5 )

En parlant d'affaires... Vous avez vu l'histoire de ce type qui a découpé sa femme en petits bouts, soigneusement rangés dans des glacières qu'il a déposé aux quatre coins du pays, parce que, a-il déclaré aux gendarmes de St Frusquin, ( des gonzes plus malins que nous autres ! ), ladite épouse aimait les voyages et la géographie... Les gens sont bizarres, vous trouvez pas ? Si on avait un peu de temps devant nous, je pourrais vous narrer quelques anecdotes de mon cru qui régalent mes beaux-parents tous les deuxièmes  Dimanches du mois,  jours bénis où nous accomplissons, mon épouse, Blondin ( amant épisodique, je vous le rappelle, membre à part entière de la famille ! ) et moi-même, les circonvolutions d'usage qui nous permettrons de subtiliser l'héritage des vieux débris au nez et à la barbe d'une Institution Catholique dont je tairai le nom... On ne va tout de même pas se faire plumer par la calotte sacrebleu ! Depuis le temps, j'en ai vu passer des coups tordus, des manigances... Je pourrais en raconter des vertes et des bien mûres...  Du petit trottin qui tapine un peu pour arrondir ses fins de mois aux grand manitous de la finance qui plongent dans le strupre et la fornication *. L'honneur de la Police ( * Et de la chanson française ! ) toujours remis en question.. Je vous parle pas des politiques... Y'aurait une bible à écrire, un nouveau testament torché sur les bancs de l'Assemblée où croyez-moi les harengs font bonne figure... " Magouilles et pots de vin sont les deux mamelles de ces serins " dirait Blondin...  Je sais pas pourquoi je vous raconte tout celà... Devez sans doute penser qu'on est dans une série policière tournée avec des bouts de ficelle et la redevance des citoyens... Un remake de Simenon... La flicaille fait toujours recette... Le Borsalino encore en vogue chez les gogos...  L'assassin finit toujours avec les pinces même si il crèche au 21...  Quand le Kommissaire décroche son imper, met son galure sur sa tête de Gabin et sort dans un fondu-enchaîné de bon aloi, vous pouvez déplier vos genoux, le film est terminé... Mais dans la " vraie vie ", c'est pas comme ça... Regardez-nous...  Depuis le temps qu'on cause, n'importe quel scénariste de cinoche aurait torché l'enquête et rentrerait peinard chez lui se mater une rediff de Navarro...
Je savais toujours pas où il voulait en venir le baudet...
Une autre journée commençait...

jeudi 24 mars 2016

.../ .. ( 4 )

Brigadier, cessez de vous dandiner sur vos pensées interlopes ! Allez plutôt nous chercher des couverts propres et du papier carbone que je puisse prendre la déposition de Monsieur ! Faut excuser le personnel subalterne... Fatigués par les escarmouches de banlieue, les pétoires toujours en action, les sulfatages en niquab, les bavures nocturnes et la trouille aux fesses, nos petits soldats de l'ordre deviennent vite maniaco-dépressifs, tendance suicidaire de der, et prôneraient le ratissage en règle si on ne les bridait pas un peu... L'essence même de notre beau et noble métier a disparu laissant place à une envie irrépressible de sauver sa peau devant les défourailleurs sans foi ni loi, les hordes barbares qui défilent kalachnikov à l'épaule et arrosent les terrasses des cafés qui n'y sont pour rien les pauvres... Si vous rajoutez la fragilité de nos équipements, la vétusté de nos locaux - Ne me dites pas que ce bureau ne mériterait pas un petit coup de neuf - et les heures supp jamais payées, vous admettrez qu'il y a plus de désarroi chez nos bonz'hommes que de culpabilité chez les pédophiles qui grenouillent  dans le giron de notre Sainte Mère l'Eglise... Et puis il faut bien l'avouer, le ciboulot tire-bouchonné de nos dirigeants agace le bon peuple qui, pour un oui pour un non, descend dans la rue, manifeste sa mauvaise humeur à grands coups de slogans ravageurs, embouteille les rues de la kapitale et perturbe la circulation des artères qui manquent de sang-froid ( refusé ! ). Blondin, parodiant je ne sais plus qui, me faisait remarquer dernièrement qu'il est plus difficile de driver des taxis en colère sur le périphér (hic !) que de faire passer un chameau dans le chas d'une aiguille...  Mais je m'égare... Revenons à nos affaires...
Impossible de me rendormir.
Une autre journée commençait...

mercredi 23 mars 2016

... / ... ( 3 )

Bon reprenons je vous prie...  Soit dit en passant, vous remarquerez l'extrême courtoisie dont nous usons, mes services et moi, pour mener cet entretien à terme.  Politesse et gentillesse ne riment pas forcément avec coups de pieds aux fesses ! Diantre ! Voilà que je fais de l'humour.. . Cette affirmation ne souffrant aucune critique, je vous conseille d'abandonner l'attitude  condescendante dont vous faîtes preuve depuis votre interpellation à l'égard de mes collègues et néanmoins amis. Une banale conversation dans nos locaux peut très bien se transformer en interrogatoire musclé dont vos maigres acabits et votre prostate défaillante pourraient pâtir... Je sais comme vous, que le brigadier Blondin ici présent n'a pas inventé l'eau tiède ( il a fini bon dernier au concours ! ) et qu'hormis quelques apparitions dans des westerns spaghettis du siècle dernier, son avenir reste incertain - On parle de le transférer aux archives sans droits à la retraite  - mais cet homme droit, bon père de famille, catholique pratiquant, amant occasionnel de ma moitié ( je ne suis pas dupe de ces turpitudes, mais il faut bien que le corps exulte ! * ) mérite amplement la place qu'il occupe entre le standard et la corbeille à papier... 
Je constate avec plaisir et une pointe de consternation ( je vous imaginais plus élitiste avec vos binocles et vos ongles vernis ) que votre oeil de batracien s'allume à l'évocation de l'Homme aux cigarillos... Bonne pioche mon ami ! C'est un exemple pour nous tous... Pour les peigne-culs texans et la BAC du VIIIe Arrondissement.... J'en parlais récemment avec un ex-ministre de la Kulture, tiraillé entre ses élans amoureux et une apparition prochaine dans " Le voyage au Bout de la Nuit à Solutré  " une panouille financée par ce qu'il reste des Socialos devenus Collabos du grand patronat par manque d'imagination et d'appât au gain... Ce monsieur Eastwood a vraiment marqué les esprits avec son stylo Bic et son flingot à deux trous...
* Qui vous savez.
C'est vrai que Blondin m'a traversé l'esprit... C'est pas une raison pour jacter n'importe quoi...
Une autre journée commençait....
BACHI-BOUZOUK !!!!!
ECTOPLASMES !!!!!!!!

mardi 22 mars 2016

... / ... ( 2 )

Vouz'avez ( vraiment chouette ! ) droit à un café, une cigarette ( pas celle du condamné rassurez-vous ! ), un coup de téléphone facturé au tarif en vigueur - opérateur de votre choix -  et d'un avocat commis d'office. Je vous rappelle qu'il vous est interdit de divulguer le lieu, l'heure ou la qualité du jambon-beurre ( ou rilettes-cornichons selon l'arrivage ) à votre correspondant et que le baveux en question, radié du barreau pour intelligence avec l'ennemi, suspecté de trafic d'influence et d'effets de robe dans le prétoire,  n'est là que pour signer le procès-verbal et cirer les lames du Parquet. Une infirmière diplômée est à votre disposition en cas de chute de tension intempestive, de toux et glaviots divers qui pourraient vous surprendre à l'énoncé des charges retenues contre vous. Les droits de la défense sont naturellement rangés dans le tiroir gauche de mon bureau. Ils sont consultables tous les jours après la diffusion de " Plus Belle la Vie " petite friandise que mon épouse et moi-même apprécions beaucoup à l'heure du coucher. Que voulez-vous, on peut être un redresseur de torts toujours sur la brèche et un téléspectateur assidu, comblé et rassuré au fond des draps de savoir que la petite Lulu a retrouvé son Bébert, et que le prix du gaz n'augmentera pas cette année... Je vous sens interlopé par cette révélation... Peut-être préférez-vous "Games of Thrones " et ses fredaines moyenâgeuses, les films d'Arte ou les interrogations fumeuses d'artistes décadents ? Je vous l'accorde, les coups et les douleurs... Mais pour l'instant, c'est moi qui dirige les débats et forcément,  j'ai toujours raison... J'ai pas fini Douzième de ma promo pour discutailler sans fin des mérites d'un réalisateur Javano-pékinois ou écouter le Concerto pour flutiaux, tambours et ustensiles d'un bras cassé qui se prétend musicien... " Verchuren ! et pis c'est tout ! " disait mon regretté  père. Le bougre n'avait pas tort... Un petit d'air d'accordéon requinquait jadis les apaches en bord de Marne, une java bien troussée réjouissait l'âme entre deux coups de surin au larfeuille du bourgeois. La maison Poulagga avait alors beau jeu de passer les bracelets à tous ces marlous et de les envoyer, tous frais payés, faire un séjour à la ratière... Tandis qu'aujourd'hui, mettre à l'ombre un zozo qui vend des cravates sous le manteau, ça tient du prodige... Tout change que voulez-vous...
Toujours pieds et poings liés dans le pucier, je savais pas comment arrêter le discours de l'énergumène.  Une autre journée commençait... 

lundi 21 mars 2016

GARDE A VUE

Ne vous éloignez pas s'il vous plaît. Ne vous laissez pas emporter dans des élucubrations déglinguées, des circonvolutions neuronales qui vous mangeraient la cafetière au tit-dèj... Relatez simplement les faits. C'est facile, ils sont consignés dans le compte-rendu journalier du Kommissariat ( appelé aussi " main courante ") entre les dépôts de plaintes et les avis de recherche. Je vous mets en garde contre toute déclaration frauduleuse, mensonge éhonté ou adresse incomplète qui vous mèneraient tout droit vers une cellule de garde à vue, une mise en examen, un touché rectal et à la vindicte populaire. Je vous rappelle que tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous comme nous l'indiquent le manuel de l'Inspecteur Harry à la page quatre et la Sainte Bible qui ramène le pècheur égaré dans le droit chemin.   Les récents évènements survenus dans le pays m'autorisent à tous les débordements, les faux et usages de faux, déclarations bidons, voire à une petite bousculade au niveau des roupettes pour obtenir des aveux qui, n'en doutons pas, feront l'ouverture du journal de vingt heures et le régal des réseaux sociaux. Ne cherchez pas non plus à m'emberlificoter, à me donner le tournis avec des alibis suspects, des  visions alambiquées et des appels aux droits du citoyen ou à la présomption d'innocence...  J'ai été reçu haut la main au concours du Gabelou Etoilé ( saison six ).  Douzième sur Treize ( j'ai perdu le second set et le tir aux fléchettes, sinon je briguais aisément la cinquième place   et le gueuleton d'après-match ) donc, vous ne m'aurez pas au boniment... Vouz'êtes ( accepté, c'est trop joli ! ) prévenu... Pas tout à fait... Mais si vous persistez dans vos allégations, vous allez faire connaissance avec les sandwichs de Jules Maigret, les pages jaunes du Bottin et le radiateur qui ne sont pas là pour faire de la figuration...
Je me suis réveillé menotté au plumard. Mis au pilori sur la Grand'place. Sûr qu'on allait me couper la langue si je persistais dans mes conneries. Une autre journée commençait...

dimanche 20 mars 2016

MEMORANDUM ** ( 11 )

** Note de service adressée à une ou plusieurs personnes pour leur rappeler, leur notifier quelque chose. Parution tous les Dimanches avant le chant du coq ou après l'apéro.
SI JE ME SOUVIENS DU FUTUR
C'EST QUE MON PASSE N'A PAS
D'AVENIR.

MAESTRO ( 3 )

Laisseriez-vous votre fille
épouser un Rolling Stone ?
A. L. Oldham.

samedi 19 mars 2016

MAESTRO ( 2 )

On trouve toujours des relents de symphonies au fond des fosses d'orchestre quand le concert est terminé. Des effluves laissées par la baguette magique du maestro qui dirigea le troupeau. Le bruit des pages tournées pendant la représentation et le silence demandé par le régisseur dans les coulisses. L'odeur des tenues de soirée imprègne encore les sièges cramoisis, et les croches, doubles-croches frétillent sous les lustres second empire comme des chauve-souris en chasse...
Ici une partition oubliée par un distrait sur un lutrin qu'un homme de ménage emportera pour la montrer à ses enfants. Pour nourrir les mioches, rien de tel qu'un bon premier mouvement joué de main de maître par l'ensemble des cordes énervées. Là, le souffle des tubas du quatrième rang qui fait encore dresser les cheveux des fragiles clarinettes et bassons enrhumés. La pianiste est partie la dernière, saluant encore une fois la foule sous les claquements secs de musiciens sur leurs instruments, et le chef en sueur défait son noeud pap, s'accordant une bière après ce marathon bien mérité... Ce Mozart tout de même... C'est pas d'la tarte... La foule sort à petits pas, s'en va souper sur les boulevards et les machinistes éteignent les chandelles du théâtre.
On ne saura jamais ce qu'il advient du triangle, certainement rangé soigneusement dans son écrin en velours, qui s'ennuie un peu entre la grosse caisse et les cymbales.
Doubles-croches.
Editions Partoches.

vendredi 18 mars 2016

MAESTRO ( 1 )

1959. On trouve toujours dans les galettes qui tournent, vieilles plaques tectoniques qui s'effacent au fil du temps,  l'histoire du Gros Bill, qui, un ténor sur les genoux raconte à qui veut l'entendre qu'une négresse assise au premier rang lui faisait un gringue d'enfer. Tout plein d'oeillades assassines, fleurant la bonne affaire, il en a loupé la tierce dans la reprise de Charlie.  " Pas de quoi s'rouler dans la boue... Mais se planter au Birdland, c'est un peu couillon... J'admets... " qu'il dit le filou, les yeux dans le vague en se roulant un stick de Marie-Jeanne. 
Pour faire bonne mesure, il rajoute " Que l'époque du Cotton Club est terminée. Que tous ces nègros javellisés qui faisaient danser des blanc-becs raides comme des balais-brosses aillent se faire voir ! Ici, on est dans le Bronx. On taille pas des pipes aux blancos en smoking,  c'est un principe acquis depuis que Bird ( Que le Barbu prenne soin de son bignou ), a poussé son premier solo. On joue d'la zique de bamboula point barre ! Cab Calloway d'mes fesses ! Et le grand Duke ! Tous le picotin autour du cou , la mangeoire pleine de pesos ! Vous y croyez les frèrots !  Il entend les Grands Anciens qui ricanent. Ceux qu'ont pignon sur rue... Une avenue pleine de pognon, de grosse bagnoles... Des nanas brillantes comme une bagouse de mafieux. Ceux qui jouent pour le Président entre deux pt'its fours et champagne rosé. Entrent dans l'histoire par la grande porte. Dans un avenir lointain, l'un d'entre eux ( survivant de la belle époque ) sera " invité " à jouer pour l'anniversaire ( ou le mariage, je sais plus.. ) d'un jeunot anglische devenu au fil du temps un Rolling Stone patenté... Mais là n'est pas le propos.
Il repense à sa pt'ite soeur Morphine laissée pour compte dans un hôpital d'Atlanta. Petite fleur mauve abandonnée sur la banquise à l'appétit d'un ours blanc en mal de swing. 
2016. On trouve toujours sous le saphir les souvenirs du Gros Bill qui rabâche un peu, mais nous chauffe les oreilles, sa tierce enfin réussie... La pt'ite négresse dit, qu'au fond c'est pas plus mal... L'ogre blanc est en voie de disparition, le Piaf s'est envolé entre deux triolets,  mais le Président Lester et ses sbires règnent toujours sur la pampa. C'est bon signe... 
Doubles-croches.
Editions Partoches.

jeudi 17 mars 2016

HIVER

L'hiver. La fin de... La neige. La dernière. La plus vicieuse. Plus lourde qu'un éléphant de mer, elle tombe une nuit en abondance sur les toits qui courbent l'échine. Dans le creux des vieilles souches. Fait plier les perchoirs à hirondelles, les voix du téléphone et fout le patelin dans le noir... Les mulots, musaraignes et autres vers de terre en seront pour leurs frais... Plus question de pointer le museau dehors, de prendre un " coup de soleil "  et de penser à se reproduire au plus vite. Le pissenlit en bouffe ses racines de rage et le crocus fait celui qui savait pas...  La garce sait qu'elle ne durera pas, alors comme un joueur qui a la baraka,  elle profite. Elle reste là, conception immaculée de l'ennui. Balance sa lumière poisseuse à travers les vitres qui gèlent à mi-parcours... Blancheur d'hôpital, pâleur de morgue... Architecture biscornue, cassante,  des dernières branches qui rendent l'âme au pied du saule crochu... Pas de quoi faire monter l'adrénaline, pousser la chansonnette. Plutôt se demander où sont les bottes, la pelle qu'on avait soigneusement rangées, cachées aux yeux chastes d'un matin clair de Mars quand le gazon repoussait sur nos têtes (... / ... ).
Il se lève, craque de partout comme une bécane montée à l'envers... Se coince les mandibules  et constate que plier le dos devient de jours en jours une sinécure. C'est la grand'messe des courbatures, génuflexions sur le parquet et chauves-souris sous les paupières.  Les chaussettes usées se baladent dans des contrées de plus en plus lointaines... Des champs plein de cailloux et d'épines que la jeunesse foulait  sans vergogne, le pif dans les étoiles et les mains dans les poches... Bien avant que les territoires ne deviennent flous et qu'on se bute dans les marches de l'escalier...
Réa dort encore, tirebouchonnée dans la couette que Vex a envoyé de Laponie ( Un autre pays de glace.. ). Elle vit des temps difficiles, prend des bains de minuit, lit et fume des cigarettes nocturnes, surveille les chiens, s'arc-boutant dans l'arrière-cour d'un sommeil insoumis. Et le matin la trouve chiffon, oublieuse du jour qui se lève.  Quelquefois, il voudrait la secouer comme on le fait avec les plumes d'un oiseau mort qui vous collent aux doigts. Comme on recrache un mauvais souvenir coincé au fond de la gorge.
La radio diffuse une chanson de quatre sous et annonce des températures en baisse toute la semaine. On parle du retour de l'hiver, des curés pédophiles et de skandales divers et variés... Il se demande ce qu'il a bien pu faire de ces fichus gants.... Faut sortir les chiens, qui tournent comme des bourriques depuis qu'il a posé le pied sur le carrelage glacé - Reste huit heures sans pisser, on verra... -, pousser le panneau anti-froid, la porte, contre-porte, la poignée moitié-gelée et la caravane s'ébranle en pleine pagaille. Les clebs lui déboulent dans les quilles, se bousculent, s'embrouillent. Coups de queue, coups de gueule... Prêts pour le pissou du matin ( le meilleur comme votre café ), ils restent un instant interdits devant le bourrelet de neige, désemparés devant le changement intervenu pendant la nuit. C'est un peu comme si on avait changé leur niche de place, posé leur gamelle à l'envers du décor... Ils retourneraient bien pisser sur les tapis, dans la litière du matou, mais n'y pensent même pas... Et puis, la poudreuse, ils aiment ça, les cabots...
Hiver et contre tous.
Editions Le Temps qu'il Fait.


mercredi 16 mars 2016

UNE SECTE

Je cours comme un damné dans sa quête du purgatoire. La pente est duraille, sinueuse et je me cogne contre des pékins en vélo qui gueulent à l'assassin. Je braille comme un âne que je suis en retard et quand j'arrive devant un espèce de hangar, j'ai les poils qui se dressent, la boule au ventre,  les guibolles en flanelle et l'impression d'avoir déjà vécu dans cet endroit. ( Après réflexion, j'imagine qu'il s'agit de l'entrepôt ou jadis, pareil à l'Henri de L. A. j'usai mes fonds de culotte à trier du courrier... Mais je suis pas sûr... ). J'ai de la poussière sur les éponges qui m'empêche de respirer. Souffle court, bruit de forge et envie d'arriver au-dessus de ce foutu escalier.  On ( qui ? ) m'apprend qu'aujourd'hui, c'est le jour de la Secte et un type sévèrement burné me demande de porter un matelas à l'étage. Un tas de gens en aubes blanches discutent sans fin en petits groupes, autour de braseros que j'essaie vainement d'éteindre. Je refuse de porter cette foutue paillasse et me bastonne avec un drôle sorti de nul part, toujours en poussant des cris d'orfraie... Je sais bien que quelque chose ne va pas. J'essaie de comprendre... Mon bras me fait un mal de chien. Beaucoup plus tard ( enfin, ça me semble être ! ) deux femmes toujours de blanc vêtues me demandent de trier des boutons ( ou des boulons ). Je m'exécute en me trompant de case, m'empêtre dans des rubans, des épingles à cheveux..  " C'est pas le bon tiroir ! " me dit l'une d'elle. Je lui réponds méchamment " Dégage de là ! ". C'est tout.
Quand j'ouvre un oeil, je réalise qu'effectivement mon tentacule droit est tout tordu, qu'un peu de jour pointe à travers le Vélux ( marque déposée ) et que depuis hier, je suis sans eau chaude. Faut qu'j'téléphone au gars... J'ai déjà assez de soucis sans rajouter celui de me récurer la couenne avec des glaçons...
Tout va bien finalement.
La Malrêve.
Editions du Sommeil.

mardi 15 mars 2016

LE CHOIX DES MOTS...

J'ai le choix ce matin...
Soit je vous serine avec Bobby, vous bassine avec les moustaches de Georges, vous turlupine
avec mes états d'âme, vous marine dans le petit pull d'Isabelle,
Soit je vous mets l'image des deux cailloux à l'enterrement du Blondinet pour illustrer
( en toute humilité ! ) le beau texte de Monsieur Lançon qui paraît tous les lundis
dans le Fermoir de Monsieur Droopy.
J'ai choisi.
Bien à vous.

BING-BANG THEORIE

Comment ça va l'soleil ?
- Comme d'ab
- Entropie
- Déclin
- Mort.

lundi 14 mars 2016

CONTE À REBOURS

Dis donc la Belle... Faudrait peut-être que tu te bouges un peu... Que t'ouvres un oeil... C'est que moi, depuis le temps, j'en ai marre d'attendre... De faire le poireau autour du cerceuil en verre... On me dit bien qu'un pt'it baiser de rien du tout te f'rait revenir, mais franchement, j'ai peur que tu refoules du goulot après toutes ces années à ronfler comme une tique dans le couenne de mon clebs...  Remarque, c'est pas que je craigne les odeurs de buanderie... Depuis le temps que je fréquente des lessiveuses, lave mon linge sale... mais quand même... Et j'ai un peu peur que voyant ma tronche, t'aies subitement envie de te rendormir... Et là on serait repartis pour cent ans... C'est pas une vie... Comment on finit l'histoire ? Déjà que, depuis l'époque où tu t'es mise en veille, le Royaume a bien changé... Tu serais étonnée... Les gentilles fées sont devenues des harpies qui nous ont mitonné des guerres aux pt'its oignons... Ces bamboulas qu'on a pu faire à grands coups de lances-flammes, de bombes à neutrons et de baguettes magiques... Que même la vilaine sorcière elle était toute gênée avec sa pomme et son aiguille empoisonnées... L'artisanat... Aux oubliettes... L'amateurisme de la Mère l'Oie a laissé place aux génocides bien orchestrés... On commande les rigodons à distance, sans se mouiller les paluches dans le sang... Mais le résultat reste le même... Les sacres d'un côté, les massacres de l'autre et la Contrée est bien rangée comme ils disent aux conférences sur la Paix... Les charrettes, les carosses ont disparus, remplacés par des engins qui roulent tout seuls, tirés par des canassons qui refusent d'avancer si t'est bourré ou que tu as la breloque qui déraille... On n'a plus peur que le ciel nous tombe sur la tête, et des coucous le traversent d'un point à un autre ( Y'en a même qui disparaissent mystérieusement... Tes enchanteurs et leur poudre de perlim pinpin peuvent aller se brosser ! ).... Tu peux pas imaginer... On micro-chirurgise des cellules, on trifouille les océans, on clone des cochons à douze bras, On va même voir si la lune a une raie ( Monsieur Rigolo a vraiment un humour de chiottes ! )... Les sept nains sont plus que six, rapport que Simplet est en campagne électorale... Les ogres, les gobelins et tout le bataclan font les clowns à la foire aux bestiaux pour quelques pesos... J'en passe et des meilleurs... Rien qu'a ouvrir le canard tu choperais la colique belle Princesse... J'sui sûr que t'aimerais montrer aussi tes miches sur Astragram pique et pique et colle et gramme... C'est triste tu sais... Mais fini les pigeons voyageurs, on est devenus des vautours voyeurs... Le moustique qui pète à l'autre bout du monde se retrouve à la Une en deux secondes... Je te rassure tout de même, y'a bien quelques vieux barbons qui rêvent encore, quelques vieilles savates qui s'endorment près de la cheminée en pensant que le Père Noël c'est pour bientôt... Je voudrais pas que tu chopes la trouille on ouvrant les quinquets, mais faut qu'ça cesse ce roupillon... C'est marqué dans le livre...
Bon... Pense z'y... J'te laisse, j'm'en vais rouler carosse avec la Carabosse...
Le Prince qu'en pince.
Contes à dormir debout. 

dimanche 13 mars 2016

La violence avec laquelle le Mauve arriva dans le texte de la page mille pattes et deux virgules,  laissa l'Oteur de marbre. On avait pensé ériger en son honneur une statue de bronze mais le gars de la Maison de la Kulture avait préféré la douceur de la roche qui ferait ressortir ses tablettes de chocolat, ses pectaureaux ( Refusé ! ) et les manières greco-romaines ( IIIz'ième siècle avant J.C. ) qu'il adoptait volontiers en se grattant les glaouis... On parle ici de l'Oteur bien entendu...
Qu'importe la couleur pourvu qu'on ait l'ivresse ! et si cet opus est illisible, j'y suis pour rien ! déclara l'écrivaillon en pleine dépression. Sans doute qu'une mauvaise manipulation de la makine aura chassé le joli noir mais je vous le dis, dans le blanc des yeux, personne ne m'empêchera d'écrire ( avec la kritique unanime ) que monsieur Denis Lavant incarne un bien mauvais Céline dans ce film " Louis-Ferdinand Céline " dont on nous rebat les oreilles depuis sa sortie ( de secours ! ). Qu'on laisse le Grand Homme et Madame Lucette ( 103 ans cette année ! ) tranquilles... J'en suis vert de rage et le rouge me monte aux joues comme quand les lampions de Marinette ( bleus comme l'Enfer * ) matent mon anatomie plutôt à son avantage sur la gran'place...
* P. Djian.

MEMORANDUM ** ( 10 )

** Note de service adressée à une ou plusieurs personnes pour leur rappeler, leur notifier quelque chose. Parution tous les Dimanches avant le chant du coq ou après l'apéro.
DEPUIS QUE MA VUE BAISSE,
J'AI UNE VISION DIFFERENTE
DES CHOSES.

samedi 12 mars 2016

OGRE DE BARBARIE ***

Je me prépare une journée à n'en plus finir. Ça m'arrive certains matins quand la nuit hésite encore... Me demandez pas pourquoi elle hésite ( la nuit ), j'en sais rien... Sans doute  qu'elle est comme moi ( la nuit ), toujours le cul entre deux chaises... Quand je déhotte trop tôt, que je derviche tout flasque, tout en méduse entre la cuisine et le salon,  histoire de voir si les collets posés la veille n'ont pas chopé quelques greemlins et que je me demande où j'ai pu garer mon carrosse hier soir...  Je renverse mon café... Parce que je suis maladroit, empoté, que j'pense à autre chose ou que le type à la Tsf annonce que Céline Dion enregistre un nouvel album... J'ai rien contre cette nana remarquez, mais après les massacres en Syrie, la Lybie et le caoua à Bibi qui inonde la table basse, le tapis et des chaussettes toutes propres de c'matin...  Ça fait beaucoup...  La conjecture est pas bonne et le bouquin que m'a prêté Nadine ( ça reviendra à la mode un prénom pareil ! ), en est tout salopé. C'est un livre de contes... L'histoire abraca et le reste... d'une donzelle qui se pointe en boite dans une citrouille, sapée comme une qui défile à la Fashion-week, qui pleurniche passqu'elle a qu'une godasse et que son téléfon est en panne... Comme on ne peut pas circuler en potiron ( surtout la nuit ), because l'Etat d'Urgence, les sbires du guet en faction la refoulent, lui piquent ses fafs et la mettent en cellule de dégrisement le temps de vérifier pourquoi son voisin de palier écoute Maître Gims à longueur de temps (Sans doute qu'il a un goût de chiottes précise Madame Bobinneau toujours aux aguets dans son pilou-pilou ! ). A la page trente-deux - Je lis jamais de bouquins trop longs sinon je m'endors et renverse mon thé de cinq heures - l'histoire s'épaissit... Sa marraine un ancien tapin recyclé dans la politique annonce une nouvelle loi sur le travail... De quoi retrousser les orteils des syndicats et de la belle jeunesse du pays qui l'emmènent battre le pavé sous la flotte et les quolibets du patronat, qui, on le sait, est un sacré j'en foutre et une cisaille à découper le bon peuple de Navarre en morceaux... Après quelques tours entre Bastille et République, l'histoire se termine bien ( Dans ce foutu conte bien entendu ! ), la minette recharge son portable et s'en va filer le parfait amour avec un garde républicain dans une banlieue remplie de matous au chom'dû...
Je me refais la cerise avec un peu de jus de chaussettes, en faisant gaffe cette fois à coordonner les mouvements du coude droit et du genou gauche, m'extirpe le poil de l'année,  me casse un ongle, enfile mes bottes, prends mon grand sac, mon chapeau, et m'en vais croquer quelques Cendrillons qui poireautent devant Pôle Emploi. Ça me fait quelques heures à occuper dans cette journée à n'en plus finir...
Les mémoires de l'Ogre
Contes à dormir debout.
*** Trop facile ! NDLR.

vendredi 11 mars 2016

DIVERGENCES

- Tu comprends, moi j'peux pas rivaliser... T'es jeune, belle, cultivée, intello... Comme disait St Coluche, tu lis des livres que j'comprends même pas le titre... T'emploies des mots que j'suis obligé de chercher dans le dico pour savoir c 'qu'ils veulent dire.. Et pis tes potes... Z'ont des diplômes accrochés aux basques pire qu'un maréchal de l'ancienne Union Soviétique a de médailles... Moi avec mon avenir en peau de fesse, quand j'suis avec eux,  j'ressemble à un cul-terreux en sabots...Z'ont des idées sur tout les lascars... Abonnés à France Kultur ( la radio qui tape dur ! ) à citer des mecs que tu sais pas dans quelle équipe y jouent (.../...) Y'en a même qui lisent l'Equipe, qui vont au Parc, sapés comme des milords en vip à côté du nabot et du nabbab...  Franchement, j'ai l'air un peu con avec mon Tour de France et ses étapes à la noix...  Tu comprends, j'suis l'pavé du peuple moi, celui qu'on marche dessus ou qu'on fout dans la gueule des gabelous... Toi et moi, c'est comme si Roro le Manchot mon voisin du d'essus qu'est " con comme un panier " ( tiens ! tiens ! un revenant... ) fricotait avec Marie Curie... Ça colle pas !
- Quoi...  Tu connais pas Coluche ? Ben... J'taurai au moins appris quelque chose... Les Restos...  Comment ça c'est pas ton monde...  Pètasse va !
La Belle et la Bête
Contes à dormir debout.


jeudi 10 mars 2016

DE QUOI J'ME MÊLE...

J'ai mis dix balles dans le juke. Pour voir comme au poke. Le vieux gars ( 1941 ! ) a démarré la loco. Pas l'express hein... Le tacot de marchandises qui s'en va peinard dans le pt'it matin brinquebalant sur les rails de ch'min d'fer qu'on n'est pas sûr qu'y a pas encore quelques sioux ou apaches planqués dans les buissons... Quelques voleurs de bétail derrière les cactus, contrebandiers de gnôle, occupés à boire des bières et à cirer leurs bottes ( bootleggers en Amerlock ! ). Ça sent les grands espaces, la côte de boeuf et le crottin de cheval... Les guitares sont plus grasses que la toux de votre serviteur quand il sort des plumes et si Pépère n'a rien inventé ( On est entre Z.Z. et le blues nègro, les ballades pour camionneurs et les miches de Dolly ), ça fait un bien fou quand dehors, ça caille et que cette foutue neige de Mars vous grimpe sur les godasses rien que pour faire chier l'honnête citoyen...
D'un autre côté, faut pas s'emballer... Les marlous comme lui, c'est peut-être flingots, grosses bagnoles qui polluent, chemise à carreaux et stetson qu'on secoue quand passe Donald Trump...  Les dingos ( chiens de prairie ! ), les chacals, les évangélistes cétrins-tionnistes, c'est pas ça qui manque dans ces pays perdus... Mais, nos cages à miel s'en foutent un peu... Comme disait Machin " Quand la musique est bonne... ".
Seasick Steve.
Sonic Soul Surfer.

mercredi 9 mars 2016

DANS QUOI J'M'EMMELE...

Tu vas me dire... Charmante Elvire... ***
Y'a pas de hasard Vieux Baltazar... Ou peut-être que si... Tendre Sidonnie...
Tu veux une preuve ? Ce matin, je te la donne. Et t'as du bol c'est gratos passque je suis de bonne humeur et que j'ai le sens du devoir.
Venons-en aux faits ( et gestes ! ). 
Arrête ! Tu saoules ! ( Suzanne derrière sa machine à coudre ).
1 ) L'aute soir, repu, bien kalé dans mes starting-bocks ( Une trappiste qui fait bien du bien ! ) je bouquine quelques nouvelles de R. Carver ( Les vitamines du bonheur ) en pensant, passe que je peux faire deux choses à la fois, à Brazil cette peloche que je conserve au chaud dans ma boite ( conserve-boite, vous voyez le topo bande de mécréants ! Quel talent ! ) et j'apprends que l'on diffuse sur mes écrans, " Birdman " un film très apprécié de la kritique et du Sapeur Camembert ( ? ). Comme un pt'it nègre dans la soute, je visionne la chose et, tu vas pas me croire Bernard... Ce truc plutôt bien, me rappelle curieusement les opus du vieux Terry ( notamment Fischer King ) et raconte, tenez-vous à la rampe ! l'histoire d'un théatreux qui met en scène une pièce tirée d'un roman de Carver... Ca te la coupe hein !
2 ) La semaine dernière ( pas celle-là, l'autre ! ) je termine " Le Printemps " un livre de Boudjedra qui parle des atrocités commises pas le terrorisme algérien dans les années quatre-vingt dix, et paf ! Voilà que je mate Timbuktu à la téloche.. Du pareil au même dirait-on...
3 ) Si je vous dis que, pensant à une dame de ma connaissance... Bon c'était pas si grave... Un accident compulsif sans suite... Une mauvaise idée en fait... Je croise son mari qui m'en sert cinq... Z'allez pas me dire...
4 ) Bien décidé à requinquer l'économie française, j'envoie une petite somme d'argent aux gabelous de la République qui me polluent mes journées et plument mon avenir... Et ben, tu me crois si tu veux mon neveu... Le jour même j'avais une lettre de rappel dans ma boite à chaussures... 
Je pourrais encore t'en raconter de ces coïncidences ( ? ) de ces jeux de miroirs d'où qu'on sort tout déformé comme ceux de la fête à Neuneu... Mais je vois que tu te lasses... Vieille Godasse !
*** Les prénoms sont en option. Crédit Zéro Pourcent. Sans matière grasse. Après apport personnel du calendrier des Postes et du Messager Boiteux.

mardi 8 mars 2016

... / ...

Les combats que mena Ignace au cours des années qui suivirent les lacets de l'enfance, ne furent jamais que des escarmouches, certes pavées de mauvaises intentions, mais des escarmouches tout de même... Jamais, il ne commit l'attentat ultime contre l'ordre établi ou les bonnes moeurs qui le ferait entrer dans l'histoire. Tracerait une ligne d'un point à un autre sans qu'il se cogne les genoux ou se perde dans des virolos de mauvaise augure. Il apprit laborieusement les mathématiques, l'orthographe, les parallèles, les participes et les triangles, géométrie casse-pieds, équations barbares qui l'empêchaient de mater les ombres sur les vitres embuées de ses journées d'écolier. Il réalisa très vite, sous le joug paternel et les jupes castratrices des mères sacrifiées sur l'autel de la fertilité,  que la vie n'était qu'une forfaiture, tout près de l'imposture qu'il y avait à sortir d'un mystère secoué de spasmes et de douleurs pour devenir herbe folle et finir comme du foin sec et cassant. Une affaire de faux-monnayeur, une partie de bonneteau qui se jouaient le long de ruelles chargées d'idoles jusqu'à la gueule. Il fallait bien que le nombre d'images fantoches, d'invasions bancroches sorties de l'encrier, de la plume Sergent-Major qui faisait des taches, perçait le papier-buvard de mille trous qui dessinaient des coeurs, du sourire d'une gigolette en jupette, d'étoiles inaccessibles promptes à vous moucher le nez, * soit important pour échapper à la chaleur du poêle à charbon et à la grisaille des blouses. Le " Petit Chose " d'Alphonse découpé en tranches, en dictées, où là encore les verbes irréguliers vous courbaient l'échine, vous arrachaient les petites peaux autour de l'ongle, parasitait le "Petit Prince " et sa planète de malade. Après avoir dessiné le mouton, on le tondait ou on l'offrait en sacrifice à un Dieu malodorant qui se foutait pas mal qu'un mioche sue sang et eau pour garder la tête hors de la flotte...
Tous les ans, à pareille époque, celle où les feuilles des arbres recouvrent les charrettes alignées sur l'avenue du parc,  Ignace en représentation devant le vieux soldat vert-de-gris regretterait le séraphin, son arc et ses lauriers, blottis dans les miches de sa Vénus de pierre. La confusion des genres sans doute...
Belfort 1960
* Jacques Brel.

lundi 7 mars 2016

L'ETE

Quand il n'était pas au bac à sable, la morve au pif à fuir ses petits kaamarades, Ignace s'asseyait sur les chaises du parc, s'allongeait sur les bancs ou laissait tremper ses pieds dans la fontaine, faisant de l'oeil à un ange joufflu qui lui faisait la nique, son petit arc en bandoulière, bien à l'abri dans les bras d'une matrone à moitié à poil... Allégorie bizarre, surréaliste, de la mère et de l'enfant ( religion, patrie, morale ! ), bonbon collant dans son emballage pompier, qu'Ignace du haut de ses petites années ne comprenait pas, se contentant de lorgner un bout de téton qui dépassait du corsage de la dame. Il y avait aussi les grilles du parc peintes en vert foncé - prémonition des prisons à venir - le gravier vicelard qui se coinçait entre les orteils et faisait un mal de chien, qu'il fallait secouer le nu-pieds pour retrouver un peu de bonheur et marcher vers son destin... Ces godasses en plastoc transparent qui vous zébraient les arpions et dégageaient une odeur d'usine... Un jour prochain, ces appendices ridicules qui le faisaient souffrir, le maintenaient à peine debout, deviendraient des péniches que l'on mettrait dans de grandes bottes, des sabots cornus qui rueraient sur le sable de l'arène devant un parterre de Carmencitas * enamourées.. Des voitures bien alignées dans la rue du bas, attendaient sagement, leurs drôles d'antennes au milieu de la figure, qu'un tour de clef les emmènent ailleurs. Personne n'est à l'abri les jours de grand soleil et les guimbardes rêvaient de coins d'ombre, d'un box frais qui rafraîchiraient leurs patounes dégonflées... La vie bruissait dans les tilleuls, aux terrasses des cafés et le magasin de confection ( l'Homme Moderne, depuis 1865 ) alignait des costumes en solde sur le trottoir d'en face. Qu'importe si les jambes des filles n'attiraient pas encore le regard du mioche, il sentait confusément que quelque chose se passait, que déjà on lui ravissait des souvenirs...
C'était un été d'avant la guerre. Avant que l'angelot rigolard du monument ne devienne un spectre de bronze revenu d'entre les morts. Avant qu'Ignace n'entre dans la bataille...
Belfort. 1958.
* J. Brel. Les taureaux.
   

dimanche 6 mars 2016

MEMORANDUM ** ( 9 )

** Note de service adressée à une ou plusieurs personnes pour leur rappeler, leur notifier quelque chose. Parution tous les Dimanches avant le chant du coq ou après l'apéro.
JE N'AIME PAS LES GENS
QUI PARLENT DE CELINE
SANS L'AVOIR LU.
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JE N'AIME PAS LES GENS
QUI PARLENT DE CELINE
APRES L'AVOIR LU.

RAC

La vie
à
l'endroit.
Rachid
Boudjedra.
RAC
HANTISE
CHIRURGIEN
OMBRE SUR LES
LETTRES.









                                                                    

samedi 5 mars 2016

PASD'SOUCIS

Vous le savez. Dans mon pigeonnier, je vis comme un GrandDuc ( un Moyen... N'exagèrons pas ! ). J'ai la prestance du hibou dans son grenier, l'indifférence au monde d'un Philip K ( Dick donc ! Blade Runner ! ça vous dit rien ! Celle-là tu pouvais t'en passer ! Note d'un lecteur énervé ), l'oeil aiguisé d'un rémouleur et l'insouciance de ma petite factrice,  qui tous les matins, fait des incantations devant ma boite à lettres, trie consciencieusement les " réclames ", mes divers abonnements ( Penthouse, Tricot-magazine, Vignobles et Pastaga ) et glisse selon mes directives, les avis du fisc et autres réquisitions dans la boite du voisin... Mais j'en dis trop...
Le pif collé au carreau, les oreilles bien droites, le poil lustré, je croque quelques souris de passage, gratouille entre les larmes du parquet ( Oh ! Oh !  quelques vers, quelques rimes et bons mots dont j'ai le secret et, la nuit tombée, vampirise les vermicelles dans mon potage.
Je n'ai qu'un seul souci. C'est qu'une vieille chouette vienne réclamer sa part de territoire...
J'ajouterais bien que cela m'effraie ( Hue ! Hue ! ) Mais trop d'humour tue l'humour, alors...
Bien à voux.
Choux, genoux, hiboux...

jeudi 3 mars 2016

LOU REED. LE DIABLE. LE BON DIEU.

Incroyable ! Ce matin, je suis sec comme un haricot à la fin de l'été. Tordu et rabougri. Une pomme tombée de l'arbre qu'attend le dégel entre deux crottes de piaf et un paquet d'orties qui craque sous la dent ( ? ). J'entends bien un peu de sève qui glougloute quand même dans les tuyaux... Je sens que ça circule doucement, mais que ça secoue pas le hochet comme d'hab. Pas la moindre bestiole qui vienne se poser là où y faut pas... Le moindre gratouillis qui gravite au mauvais endroit ( tu sais bien ! Juste au milieu du dos, que t'es obligé de faire l'ours pour soulager cette démangeaison malicieuse... Que tu te mets en huit pour gratter pire la mère Spontex, la vieille croûte sous l'aisselle gauche ). Pourtant tout paraît normal. Il pleuviote sur le chaudron, les charrettes font demi-tour devant ma porte ( saloperie d'automobipèdes qui se croient tout permis ( de conduire ! ). Les pèquenots sont en colère, les péripatéticiennes se frottent les miches passeque le Salon vient d'ouvrir - forcément vu l'affluence, elles font leur beurre... L'amour n'est pas que dans le pré ! ) notre Président est en vadrouille et ma boulangère raconte à qui veut l'entendre ( peu de monde en fait ! ), que son four est en panne... C'est pour celà que ses baguettes sont toutes pâlotes et ses croissants riquiquis. Monsieur Rigolo toujours sur la brèche, en tire vite des conclusions égrillardes que la censure m'empêche de vous narrer ici... Après l'infirmière de nuit, la boulangère du matin demeure le fantasme préféré du baudet. Ndlo.
J'essaie un peu de tam-tam sur le bord de la cuisinière, mais mes esgourdes se froissent. Elles qui d'habitude rougissent au moindre acouphène, voilà qu'elles font ( oserais-je l'écrire ) la sourde oreille... Pareil pour les tentacules qui savent pas quoi faire de leurs dix doigts et pour les patounes plus raides qu'une fin de mois...
 Je ferais bien une petite prière, mais franchement... Si on en arrive à de tels procédés pour mettre la makine en route, y'a du souci à se faire...
Me reviens soudain à l'esprit ( Saint ? ) une jolie maxime créationniste gravée sur le bord du puits qui longe le presbytère. LA OU DIEU A SON EGLISE, LE DIABLE CONSTRUIT SA CHAPELLE.
Elle est pas belle la vie !
P.S. Il est tombé un peu de neige cette nuit. Un brin de Lour Reed. Ça suffira pour ce début de matinée...
Bien à vous.

mercredi 2 mars 2016

CONSTAT AMIABLE

Depuis deux mois maintenant,  je ne bois plus une goutte d'alcool. Vous dire que je me sens mieux serait fallacieux ( Accepté ! Applaudissements polis de la foule pour ce mot en dix lettres ! ). A part l'absence de nausées matinales, le feu dans la sous-ventrière  et la menteuse en forme de rabot au réveil, je ne constate pas de changements notoires... Je suis toujours aussi déglingué, peinturluré de douleurs vives et sujet aux absences sans mot d'excuse...
A contra-Rio ( Bravo ! )*  Je ne m'empêtre plus dans des westerns bon marché, m'enfonce plus dans les sous-bois Handkeniens * et ne pleure plus quand j'entends Philadelphia à la TSF.  Je ne cherche plus de mouchoir quand je pense que les chiens meurent aussi, et quand le lion bouffe la gentille antilope, je n'ai plus besoin de tire-jus non plus. Il m'arrive de renifler  un peu quand le Foucault nous raconte la disparition du dernier ramasseur de châtaignes en sabot dans la Prusse Orientale, mais la morve qui me pend au pif ne dure pas... Je rigole pas pour autant ; C'est un vrai drame la disparition du dernier etc... etc... Me sens con-cerné... Sur la planète du Tournenboucle, la casquette à Nénesse ou la destinée d'un éleveur de poules élevées au jus de fourmi ont plus d'importance ( au moins autant en tout K ! ) que des migrants qui barbotent ou s'empalent sur les barbelés des démocraties bien pensantes...  Je pleurniche bien encore quelquefois quand j'attends le tram Trente Trois * ou que la face de lune de Marion Maréchal ( Nous voilà ! ) * polluent mon écran télé et mes envies de pt'its blancs secs et de pâtés-croûtes qui se demandent bien où j'ai pu passer...
Santé !
Si t'arrêtes de cloper et que tu remets un orteil dans une église, je te cause plus ! A dit Roro le Manchot  des sanglots dans la voix...
* Refusés 

mardi 1 mars 2016

FOOTING

Je grimpe les marches en courant. J'ai oublié mes cigarettes à l'étage. C'est le bordel dans la grande salle du bas... Des cris, des verres qui s'entrechoquent, des types qui parlent de faire de la musique, guitares en bandoulière, des chiens qui aboient et des assiettes qui se cassent... Un brouillard que mes sens obsédés par l'absence de tabac ne peuvent décrypter. On me tend des coupes de vin rouge que j'avale en frissonnant. Je me sens un peu parti, croise des têtes connues qui ne me parlent pas, me bousculent de leurs regards vides. Je pousse des portes à n'en plus finir sur des chambres noires en désordre. Dans l'une d'elle ( peut-être celle qui abrite mes cigarettes ! ) je tombe sur un bébé emmailloté qui veut me raconter une histoire et prétend ne pas pouvoir dormir. Un femme qui semble être sa mère le prend dans ses bras avant de le jeter par une fenêtre restée ouverte. Je m'énerve. J'ai du mal à respirer, une enclume sur la poitrine.  La donzelle me dit de ne pas faire attention. C'est toujours comme ça avec les chiards. Et puis, je ne sais plus... Je cavale le coeur mis au bord de la bouche, croise des ombres familières, la silhouette d'un rital qui me dit de prendre un train.... Qu'est-ce que j'ai fait de ma bouée de sauvetage et de ces foutus clops ? Maintenant le bébé piaille sur la pelouse et sa mère s'avance vers moi comme pour...
Je bascule... Tombe au fond d'un trou, et mes mains accrochées au drap, je me réveille...
Comment voulez-vous qu'après des nuits pareilles, j'aie envie de faire un footing, de chercher la petite bête ou de caresser l'avenir dans le sens du poil...
Journal Confus.
01 Mars 2016.

 H                                                                                                           U                              ...